Traduction en langue Malagasy du questionnaire sur la mesure de l’implication des pères à la santé maternelle et infantile  et validation : étude transversale.

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Translation into Malagasy of the questionnaire on measurement of fathers’ involvement in maternal and child health and validation: a cross sectional study. Mampandry Modeste RABOTOSON2, Noeline RAZANAMIHAJA 1,2

1 Laboratoire d’Epidémiologie et Biostatistique en Santé de Populations (LabEBSP)

2 Ecole doctorale Nutrition-Environnement Santé (EDNES), Université de Mahajanga

Résumé : Contexte : L’importance de l’implication des hommes dans l’amélioration de la santé maternelle est reconnue. Dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire les hommes sont les décideurs au sein des vies familiales Pourtant, les études de l’engagement des hommes y sont rarement menées. Madagascar ne dispose pas d’instrument de mesure de l’implication des hommes en santé maternelle et infantile. Le but de cette étude était d’obtenir une version en langue Malagasy d’un questionnaire en anglais utilisé dans une recherche menée à  Myanmar (Ex. Birmanie) et de valider ses propriétés psychométriques. Méthode : Le questionnaire est composé de 69 items, regroupés dans neuf domaines sur la connaissance des hommes en santé maternelle et infantile, leur attitude envers la contraception et la pratique en matière d’Infections Sexuellement Transmissibles et de Virus Immunodéficience Humain. Cette étude transversale a utilisé la méthode de traduction-contre traduction. Les propriétés psychométriques étaient testées sur 378 pères. Des indicateurs et scores étaient conçus pour mesurer l’implication des hommes. Les données étaient traitées et analysées à l’aide du logiciel SPSS version 24. La cohérence interne était évaluée par l’alpha de Cronbach. La validité convergente était mesurée par les corrélations entre les items. La validité du construit était testée à l’aide de l’analyse factorielle exploratoire et la structure factorielle était évaluée par l’analyse factorielle confirmatoire. Résultats: Les scores de l’échelle de la connaissance en SMI, de l’attitude et de pratique en santé maternelle et infantile avaient montré une fiabilité globale, α de Cronbach >0,70. Une bonne validité convergente était démontrée par des coefficients de corrélation r>0,4 (p<0,05 ; p<0,001). L’analyse factorielle avec analyse en composantes principales a extrait dix sept facteurs expliquant une variance cumulée de 60,14 %. Les indices d’adéquation pour l’analyse factorielle de confirmation étaient satisfaisants pour le modèle à 17 facteurs de la version malagasy du questionnaire. Conclusion : Le questionnaire version malagasy a montré une bonne fiabilité et une validité acceptable. Toutefois, la structure interculturelle des items devrait être évaluée davantage. Mots-clés : implication ; maris ; questionnaire ; fiabilité ; validité ; Madagascar.Abstract :Context: The importance of involving men in improving maternal health is recognized. In many low- and middle-income countries, men are the decision-makers in family life. However, studies of men’s engagement are rarely conducted there. Madagascar does not have an instrument for measuring the involvement of men in maternal and child health. The aim of this study was to obtain a Malagasy language version of an English questionnaire used in research carried out in Myanmar (Ex. Burma) and to validate its psychometric properties. Method: The questionnaire is made up of 69 items, grouped into nine areas on men’s knowledge of maternal and child health, their attitude towards contraception and practice with regard to Sexually Transmitted Infections and Human Immunodeficiency Viruses. This cross-sectional study used the translation-back translation method. The psychometric properties were tested on 378 fathers. Indicators and scores were designed to measure men’s involvement. The data were processed and analysed using SPSS version 24 software. Internal consistency was assessed by Cronbach’s alpha. Convergent validity was measured by correlations between items. Construct validity was tested using exploratory factor analysis and the factor structure was assessed using confirmatory factor analysis.Results: The scores of the scale of knowledge in MCH, attitude and practice in maternal and child health showed an overall reliability, Cronbach’s α >0.70. Good convergent validity was demonstrated by correlation coefficients r>0.4 (p<0.05; p<0.001). Factor analysis with principal component analysis extracted seventeen factors explaining a cumulative variance of 60.14%. The adequacy indices for the confirmatory factor analysis were satisfactory for the 17-factor model of the Malagasy version of the questionnaire. Conclusion: The Malagasy version questionnaire showed good reliability and acceptable validity. However, the cross-cultural structure of the items should be further evaluated. Key words: involvement; husbands; questionnaire; reliability; validity; Madagascar.Comment citer cet article : Rabotoson MM, Razanamihaja N.

Traduction en langue Malagasy du questionnaire sur la mesure de l’implication des pères à la santé maternelle et infantile  et validation : étude transversale. Revue Sc  Santé. 2023 ; 3(5) :1-13

I- INTRODUCTION: Les stratégies pour améliorer la santé maternelle et infantile (SMI) étaient toujours focalisées sur  le système de santé, les facteurs socioéconomiques  et sur les mères. Pourtant, dans plusieurs sociétés, les hommes sont les décideurs au sein des vies familiales. Selon Penn-Kekana L et al., les programmes visant à améliorer la santé maternelle ne sont pas seulement des interventions techniques mais aussi sociales qui doivent être évaluées en tant que telles, en utilisant des méthodologies qui ont été développées pour évaluer des interventions sociales complexes dont le but est d’apporter des changements [1]. En général, l’homme joue un rôle dominant dans la structure sociale. Selon Ottong et al., même dans les rares sociétés matrilinéaires, les relations d’autorité sont toujours patriarcales [2]. Malgré le fait que les hommes soient les décideurs au sein des vies familiales, les études de l’engagement des hommes sont rares dans la littérature. L’implication des hommes dans la santé maternelle est un nouveau concept adopté par la communauté internationale lors de la conférence sur la population et le développement (CIPD) au Caire en 1994 après avoir attribué les causes lointaines de la mortalité maternelle à des facteurs culturels, au premier rang desquels le patriarcat. La Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) a rassemblé 179 pays en 1994 au Caire, adoptant un programme d’action qui reconnait que l’égalité des sexes et le droit à la santé sexuelle et de la procréation sont essentiels pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement [3]. La participation masculine est définie comme l’assistance directe apportée par les hommes pour améliorer la santé de leur partenaire et de leurs enfants pendant la période périnatale [4]. Depuis les années 1970, les hommes étaient encouragés à participer activement au processus de l’accouchement, de sorte que l’accouchement et le passage à la parentalité soient une expérience partagée en couple [5]. Une revue systématique de littérature et méta-analyse, conduite par Yargawa Y et al.,  a démontré que pourvoir aux hommes des informations complètes sur les problèmes et les services de santé maternelle améliorera leur participation active aux soins maternels favorisera [6]. L’étude menée par Sakala et al., a montré que la participation des hommes aux soins prénatals, à l’accouchement et aux soins postnatals présente des avantages pour les hommes, les femmes, la famille, la communauté et le système de soins de santé [7]. Pourmesurer l’implication des hommes en santé maternelle et infantile (SMI) un questionnaire développé à l’origine en langue Birman a été traduit en anglais, testé, validé et utilisé en Myanmar (ex Birmanie) par Ampt F et al. [8].

Ces dernières décennies, de plus en plus de questionnaires ont été développés et utilisés pour évaluer l’état de santé de patients ou de communautés mais ces questionnaires ont été, pour la plupart, développés en langue anglaise et ne peuvent pas être directement utilisés sur une population non anglophone. Ainsi, dès lors qu’un chercheur souhaite utiliser un questionnaire il lui est demandé de le traduire et de le valider afin d’obtenir une version en langue locale, conforme à la culture de la population ciblée par l’étude. Ainsi, la traduction de questionnaire est considérée par de nombreux chercheurs comme un outil permettant de limiter les problèmes de transfert culturel et comme une évaluation qualitative du questionnaire. Madagascar ne dispose pas encore de questionnaire pour évaluer l’implication des pères en santé maternelle et infantile. Le but de cette étude était d’obtenir une version en langue Malagasy du questionnaire d’évaluation de la connaissance, attitude, et implication des pères en Santé Maternelle et Infantile (SMI) et de valider ses propriétés psychométriques.  

II- METHODE : 

Lieux d’étude: L’enquête était menée dans la Région Menabe, située dans la partie Sud-ouest de Madagascar.  

Type d’étude : Il s’agissait d’une étude analytique transversale  

Population d’étude : l’étude ciblait des hommes, mariés ou en concubinage, dont les épouses sont enceintes ou ont accouché d’un enfant de moins de 1 an d’âge, au moment de l’enquête. Pour déterminer la taille minimale de l’échantillon requise, nous nous sommes référés à la recommandation d’Everitt et al., en multipliant le nombre d’items du questionnaire par 5 donnant pour notre étude 69×5=345 pères au minimum [9].  

Présentation du questionnaire : Le questionnaire est composé de quatre grandes sections : La 1ère Section  pose des questions sur les caractéristiques sociodémographiques du répondant. Cette section a 11 items. La 2ème Section est concernée par la connaissance, la perception et la pratique des hommes en matièrede SMI. Cette section est composée de 39 questions dont 16 sur la connaissance; 8 questions sur la perception et 15 autres questions sur les pratiques. La 3ème Section est composée de 13 questions sur la contraception dont 3 questions interrogeant sur la connaissance du répondant des moyens de contraception; 6 questions sur sa perception de la contraception et 4 questions sur la pratique de contraception. La 4ème section interroge sur les IST et VIH dans 19 questions dont 9 sur la connaissance du répondant sur le sujet, 3 questions sur la perception et 7 questions sur la pratique. Au total, le questionnaire est composé de 69 items, mises à part les 11 questions sur les variables sociodémographiques. Les indices de mesure des scores a) Indices de mesure du niveau de connaissance des pères en soins de santé maternelle et infantile : Suivant les recommandations des auteurs qui ont développé ce questionnaire, la Connaissance des répondants en santé maternelle et infantile était évaluée par 39 items contenus dans 05 domaines dont : Domaine 1: Grossesse et CPN (14 items) Domaine 2: doit Accoucher à l’hôpital (7items) Domaine 3: Dangers de la délivrance (5 items) Domaine 4: Dangers de la période postnatale (3 items) Domaine 5: Dangers lors des soins du nouveau-né (10 items) b) Indices de mesure des : attitude (perceptions) et  pratique des maris en SMI : Les scores des réponses correctes, à comptabiliser, sont présentés dans le tableau ci-après :

Tableau des 39 items mesurant la connaissance des répondants en SMI

Le total des scores mesurant la connaissance des répondants en SMI peut s’étaler de 0 à 39. Quant à la mesure de l’attitude des hommes concernant la SMI, les auteurs avaient proposé 03 domaines, contenant 06 items et des scores spécifiques, à considérer selon ce que l’on attende des hommes comme implications.

Le Score s’étend de 0 à 6. En général, un domaine comprend plusieurs items ce qui nécessite de résumer l’information en construisant un score.   c) Indices de mesure de l’Implication des hommes à la santé maternelle et infantile (SMI): L’implication des hommesen santé maternelle et infantile était contenue dans un domaine et mesurée  par 5 items:

  1. accompagnerles épouses faire les soins prénatals ;
  2. être présent à l’accouchement ;
  3. prendre en couple les décisions sur la santé ;
  4. prendre des décisions communes sur le choix de prestataire  de CPN et pour l’accouchement;
  5. prendre des décisions communes sur le choix de contraception

Au total, le questionnaire est composé de 09 domaines ou facteurs dont 05 pour la mesure  de la connaissance, 03 facteurs pour Attitude et 01 domaine de mesure d’implication des hommes en SMI. II.1. Développement de la version en langue malagasy du questionnaire Afin de nous permettre l’utilisation ultérieure du questionnaire sur des participants malgaches, l’investigation  se déroulait en deux étapes :

1ère étape: Traduction et contre-traduction du questionnaire développé à l’origine en anglais, en langue malagasy:  

2ème étape: Evaluation de  la validité du contenu et de la fiabilité du questionnaire traduit. Pour la 1ère étape: Traduction et contre-traduction du questionnaire développé à l’origine en anglais, en langue malagasy: Les étapes avaient suivi les recommandations internationales dans leur chronologie.

Phase de traduction du questionnaire de l’anglais en langue Malagasy La procédure de traduction des questionnaires s’est progressivement imposée dans le domaine biomédical [10]. Conformément à la recommandation de Beaton et al., pour la traduction d’un questionnaire en d’autres langues que celle originale, la méthode de ‘’traduction – contre traduction ou rétro-traduction’’ était menée afin d’obtenir une version fidèlement traduite en langue Malagasy. Le questionnaire original, développé en langue anglaise, était traduit en langue malagasy selon le schéma recommandé [11].

Elle se déroule en plusieurs étapes :

1ère étape : Traduction initiale du questionnaire Dans un premier temps, deux traducteurs bilingues, de formation académique différente (ici, linguistique et médicale), traduisent le questionnaire indépendamment l’un de l’autre. Afin d’avoir une traduction de bonne qualité, les deux traducteurs devraient avoir, pour langue maternelle, la langue cible (dans cette étude, il s’agissait de la langue Malagasy).

2ème étape : Evaluation par un comité d’experts Les deux traductions en langue malagasy étaient ensuite comparées par un comité d’experts composé des deux traducteurs et des investigateurs.

3ème étape : Synthèse des deux traductions La synthèse des deux traductions était menée afin de disposer par la suite d’une version unique obtenue par consensus.

4ème étape : Contre-traduction ou rétro-traduction : Cette étape avait pour objectif de s’assurer que la version traduite est le reflet adéquat du contenu de la version originale. Cette première version unique en langue Malagasy était « contre-traduite » en langue anglaise par deux nouveaux traducteurs de manière indépendante. Les deux nouveaux traducteurs ignoraient complètement l’existence de la version originale. En effet, il est ici préférable que les traducteurs ne connaissent ni les concepts sous-tendant le questionnaire, ni les objectifs de l’étude pour favoriser l’émergence des omissions et des erreurs de traduction.

5ème étape : Révision du comité de traduction (d’experts) et comparaison des deux contre traductions avec la version originale Objectif: établir une version unique pré-finale à partir des deux traductions et des deux contre-traductions. Il s’agissait de  produire une version provisoire du questionnaire traduit. Pour cela, le comité de traduction, constitué par tous les traducteurs et contre-traducteurs, le chercheur, un linguiste compare les deux contre-traductions à la version originale, identifiant ainsi les items dont les formulations divergent. Le comité de traduction avait, alors, pour tâche d’élaborer, à base de consensus, une version unique en langue malagasy du questionnaire.

La 6ème étape : Pré-test ou étude pilote consistait à administrer le questionnaire à un groupe représentatif de la population cible. L’objectif était d’évaluer la compréhensibilité du questionnaire, sa pertinence et son acceptabilité. Cette étape fait déjà partie de l’évaluation  de la validité faciale de la version malagasy du questionnaire. A cette étape, le questionnaire traduit en malagasy a fait l’objet d’un test pilote sur 10 hommes, mariés ou en concubinage, dont les épouses sont enceintes ou ont accouché d’un enfants de moins de 1 an d’âge, au moment de l’enquête. Les hommes étaient interviewés par des assistants de recherche qualifiés. L’interview a eu lieu dans des lieux privés, à domicile, sur le lieu de travail, en semaine et le week-end. Chaque entretien a duré entre 30 et 45 min et était menée en privé avec seulement le participant et un intervieweur présents. Les hommes qui avaient participé au pré-test ne faisaient pas partis de l’échantillon final. Les participants étaient briefés avant l’interview et avaient été sollicités de noter les questions, ou expressions qui leur paraissaient difficiles à comprendre.

7ème étape: Révision du questionnaire après le résultat du pré-test etobtention de la version finale du questionnaire: Les commentaires reçus lors du pré-test ont été incorporés dans le questionnaire version malagasy après avoir été validés par le comité d’experts et la version pré-finale du questionnaire était ainsi obtenue.

8ème étape: Evaluation de la validité transculturelle  du questionnaire version malagasy. La question posée était: les propriétés transculturelles  de la nouvelle version en malagasy sont-elles les mêmes que celles de la version originale ? Il s’agissait de mesurer la validité transculturelle de la version Malagasy du questionnaire. L’objectif était de vérifier et d’évaluer la clarté, la non ambiguïté et la pertinence des items du questionnaire traduit. a)Evaluation de la validité faciale et de la validité du contenu La validité du contenu du questionnaire version malagasy était mesurée par la validité faciale (validité apparente/validité faciale ou « face validity »). Pour évaluer la validité apparente/faciale, nous avions demandé aux interviewers de bien observer la mimique des répondants lors du pré-test, de noter leur hésitation à répondre à certaines questions pour en discuter avec eux individuellement à la fin du test. La moindre remarque concernant les questions, leur sens, leur contenu, et leur compréhension était discutée et ce, pour vérifier la lisibilité et la clarté, des items. Après discussion et accord,  les changements qui devraient être inclus dans la version finale du questionnaire traduit, étaient adoptées par consensus. Une approche qualitative était appliquée à la place d’une méthode de validité quantitative en raison de la complexité et du nombre élevé d’items du questionnaire. Rappelons que la validité faciale est une méthode pour confirmer la validité globale du questionnaire.

9ème étape : Evaluation de la fiabilité: Pour estimer la fiabilité du questionnaire traduit, deux méthodes sont les plus utilisées : la méthode de cohérence interne ou dehomogénéité des items la méthode de stabilité (test-retest) a) La méthode de cohérence interne ou homogénéité des items était utilisée pour estimer la fiabilité du questionnaire traduit. La cohérence interne était mesurée par la méthode de covariance, estimant la fidélité du score composite à partir de la fidélité de ses parties (les items) et qu’elle mesure la cohérence entre les performances à tous les items d’un instrument. La cohérence interne était mesurée à l’aide du coefficient α de Cronbach. Un score >0,7 est considéré comme élevé et un score >0,60 comme acceptable [12]. b) La méthode de stabilité (ou fiabilité test-retest) est liée à l’idée qu’un instrument fidèle produit les mêmes résultats chez une même personne à deux moments espacés d’une dizaine de jours. L’indice de stabilité se mesure avec le coefficient de corrélation entre la première et la seconde passation du test.

Interprétation des indices de fidélité

Les différents indices de fidélité présentés s’interprètent de manière similaire : plus l’indice (alpha ou coefficient de corrélation) est proche de 1, plus l’instrument est fidèle, plus il est proche de la réalité. Par exemple, un score de r =0,95 suppose que 95% de la variance du score observé est attribuable au score vrai de la personne évaluée, et 5 % de la variance du score est attribuable à l’erreur de mesure de l’instrument. En pratique, un score de 0,7 est le seuil minimal pour considérer la fidélité de l’instrument comme acceptable. Un score de 0,8 est jugé comme satisfaisant, et un score de 0,9 et plus est jugé comme excellent.

10ème étape : Mesure de la validité: La validité détermine la capacité de l’instrument à mesurer ce qu’il a été conçu pour mesurer. Elle permet d’établir les conditions dans lesquelles ses résultats peuvent être correctement utilisés. La validité peut se décomposer en trois éléments principaux : -La validité de contenu -La validité de construit -La validité de critère

Evaluation de la validité de construit

La validité de construit, aussi appelée validité de construction, validité théorique ou validité conceptuelle, a pour but de s’assurer que l’instrument mesure vraiment les construits qu’il est destiné à mesurer. La validité de construit vérifie aussi que l’instrument offre une mesure adéquate du modèle théorique sur lequel il s’appuie. Il existe trois méthodes d’évaluation de la validité de construit : -L’analyse des corrélations convergente et divergente -L’analyse des corrélations avec une autre version de l’instrument (nous n’avions pas trouvé un autre questionnaire su le sujet) -Les analyses factorielles

  1. La validité convergente est obtenue lorsque les indicateurs supposés mesurer le même phénomène (connaissance en SMI et ses 5 domaines ; attitudes en SMI avec ses 3 domaines, implication des hommes en SMI via ses 5 items) sont fortement corrélés entre eux. La validité convergente teste si les concepts censés être liés le sont effectivement.
  2. Analyse factorielle

L’analyse factorielle vise à regrouper statistiquement les variables d’un questionnaire qui sont associées entre elles (par exemple: au moyen d’une analyse en composantes principales). Le but de cette analyse est de vérifier si les items d’un instrument se regroupent avec les échelles prévues. Le but est aussi de voir si les construits que l’on vise à mesurer forment des facteurs distincts les uns des autres. Cette méthode permet aussi d’évaluer la validité de contenu d’un instrument. L’ Analyse Factorielle Exploratrice (AFE) était menée pour évaluer la validité du construit et l’allocation des items dans les domaines correspondant à leur distribution dans la questionnaire originale. EFA a utilisé la rotation Varimax. Un facteur est considéré important si la valeur de Eigenvalue est >1,0. EFA était ensuite suivie de Confirmatory Factor Analysis (CFA) avec le khi2-normé [13]. L’adéquation de l’échantillonnage a été déterminée par la mesure KMO et l’adéquation de la factorisation a été évaluée à l’aide du test de sphéricité de Bartlett. Si le test de Bartlett est significatif (p<.05), cela indique que la matrice de corrélation observée est significativement divergente de la matrice nulle, et donc convient à l’AFE. Kaiser recommandes les valeurs de KMO supérieures à 0,5 comme acceptables) [14]. Le test de Bartlett teste l’hypothèse selon laquelle nos échantillons ont des variances égales. Si le test du Chi carré est significatif (p < 0,05), nous pouvons rejeter l’hypothèse nulle et supposer que les variances sont inégales [15]. Dans les estimations des paramètres CFA, les tests du chi carré et les indices d’adéquation sont sensibles à la taille de l’échantillon. La qualité de l’ajustement était vérifiée par les indices suivants : chi2 ; Comparative Fit Index (CFI) ;Tucker‐Lewis Index (TLI) ; Normed Fit Index (NFI) et le Root Mean Square Error of Approximation (RMSEA). Les scores acceptables de CFI, NFI et TLI étaient respectivement > 0,90 et une valeur RMSEA de 0,06 et inférieure, indiquaient un bon ajustement du modèle [16].  

II.2. Analyse des données Le logiciel SPSS 24.0 pour Windows était utilisé pour le traitement et l’analyse des données. Tout d’abord les caractéristiques sociodémographiques étaient présentées en nombres et pourcentages. La seconde étape de l’analyse consistait à faire des tests statistiques pour confirmer la fiabilité et la validité globale du questionnaire avant son application à la population.

II.3. Considérations éthiques : La présente étude était basée sur un projet de recherche (protocole) approuvé par l’Ecole Doctorale Nutrition-Environnement-Santé de l’Université de Mahajanga, Madagascar en 2019.Avant le début de l’investigation, les objectifs de recherche étaient expliqués aux participants. De plus, il était demandé aux participants de ne pas inscrire leurs noms sur les questionnaires. Ils étaient rassurés que leurs réponses restent confidentiels et qu’ils pouvaient arrêter leur participation à tout moment sans que cela puisse avoir une conséquence quelconque sur leurs droits d’accès aux différents services de santé.  

III. RESULTATS :

  1. La traduction et contre-traduction du questionnaire de l’anglais en malagasy : n’a pas posé de problème particulier.
  2. Le pré-test a permis de vérifier la qualité de la traduction et la validité faciale. 
  3. Test de fiabilité interne :  Les scores de l’échelle de la connaissance en matière de SMI avaient  montré une fiabilité globale, α de Cronbach = 0,77. Chaque domaine avait une valeur de α de Cronbach de 0,68 à 0,79 dont α =0,68 (connaissance de la grossesse et du nombre de CPN) ; α=0,69 (connaissance des dangers pouvant subvenir aux nouveau-nés) ; α=0,75 (connaissance des signes nécessitant l’accouchement à l’hôpital) ; α=0,76 (connaissance des dangers de la délivrance et α=0,79 (connaissance des dangers de la période post-natale) (Tableau 1)

Tableau 1 : Evaluation de la  fiabilité interne du questionnaire version malagasy sur la connaissance des répondants en SMI

Les scores de l’échelle des ATTITUDES des hommes en matières de SMI avaient une fiabilité globale, α de Cronbach = 0,745. Chaque domaine avait une valeur, α de Cronbach de 0,828 (Domaine 1= Assistance de la grossesse et de l’éducation des enfants), 0,710 (Domaine 2=Connaissance pour faciliter l’implication des hommes =) et 0,537 (Domaine 3= Communication entre époux et prise de décisions communes). (Tableau 2)  

Tableau 2 : Evaluation de la  fiabilité interne du questionnaire version malagasy sur les attitudes des pères face à la SMI

L’engagement ou l’implication des hommes en SMI était mesuré à l’aide d’une  échelle composée de cinq items. Les scores de l’échelle avaient une fiabilité  α de Cronbach = 0,74. Chaque domaine composant l’échelle de mesure de l’implication des hommes avait un alpha de Cronbach supérieur à 0,7 ainsi  0,71 pour le domaine« Couple discute de la grossesse avec prestataire de santé » ; 0,72 pour les domaines : « Accompagner lors des CPN », « Prise de décision commune sur le choix de prestataire CPN et accouchement » et « Qui est décideur d’utiliser de contraception ou pas » et 0,74 pour le domaine « hommes présent à l’accouchement » (Tableau 3)

d) Validité convergente : Les résultats du test de validité convergente mené pour déterminer si les domaines composant l’indice de mesure du niveau de connaissance des hommes en SMI sont corrélés avec ce dernier, sont présentés en Tableau 4 où il est montré que tous les domaines composant l’indice ont une valeur de r de Pearson >0,58 (p<0,05; p<0,001) Tableau 4 : Validité convergente : Corrélation entre les cinq domaines  constituant l’indice de connaissance des hommes en SMI

Le Tableau 5 présente les résultats du test de validité convergente entre les 3 domaines de l’indice de masure des attitudes des hommes face à la SMI. Tous les domaines avaient une valeur de r de Pearson =,431** pour le Domaine 1 ; r=0,781 pour le domaine 2 et r=0,775 pour le domaine 3.   Tableau 5 : Test de validité convergente entre les 3 domaines de l’indice de masure des attitudes des hommes face à la SMI

Le Tableau 6, présente les résultats du test de validité convergente entre les domaines constituant l’indice de mesure de l’implication des hommes en SMI et les items qui les composent. La corrélation entre les domaines et l’échelle d’implication des hommes de cette étude ont montré des valeurs item-échelle corrélation >0,45 (p<0,05; p<0,001). En ce qui concerne la validité du construit, dans la présente étude, les corrélations entre les évaluations globales de la connaissance des pères (Tableau 5), attitude (Tableau 6) et leur implication en SMI (Tableau 7) et le score total respectif de l’échelle et les scores des domaines, étaient positives et statistiquement significatives. Ces corrélations r > 0,45 pourraient être interprétées comme étant de force modérée.   TABLEAU 6 : Validité convergente (corrélation) entre les cinq items  constituant l’indice d’implication des hommes en SMI

Tableau 7, Analyse factorielle : Le test de Kaiser-Meyer-Olkin a indiqué un bon ajustement aux facteurs latents (KMO = 0,784) et le test de sphéricité de Barlett était significatif à p < 0,001, ce qui signifie que l’AFE peut être appliquée à l’ensemble des données.

Cette procédure a conduit à un regroupement différent du cadre initial et les 50 items du questionnaire original ont été chargés dans 17 facteurs différents avec des valeurs propres> 1 et la variance totale expliquée était de 60,14 %. Le premier facteur pris à lui seul expliquait 14,35% de la variance totale. Le 1er facteur contient la majorité des items sur l‘évaluation de la CONNAISSANCE des participants en SMI (20 items sur les 39 items) ; Le second facteur contient 6 items (et contient les autres items de connaissance); le 3ème facteur avec ses 4 items dont 3 étaient des items de l’ATTITUDE. Le 4ème facteur contient 4 items (tous appartenant au domaine évaluant la connaissance des participants  sur les signes de danger lors de la délivrance. Le 5ème facteur contient 2 sur les trois, des items sur l’attitude des répondants face à la SMI. Le 6ème facteur contient 2items d’attitude en SMI.  Les 7ème, 8ème, 9ème, 10ème  et 11ème contient chacun un seul item et ne peuvent pas être considérés comme étant des facteurs à part entière. Les valeurs d’analyse de l’estimation du maximum de vraisemblance étaient égales à 971,525 avec 811 degrés de liberté (ddl) et p < 0,01, ce qui est plus petit que le test de sphéricité de Bartlett du modèle nul correspondant à chi carré=3680,776 et  1225 degré de liberté à p < 0,001.Basé sur les valeurs de khi2 et de degré de liberté (ddl), le calcul des indices d’ajustement a donné : un NFI=0,744 ; TLI=0,903 ; CFI=0,930 et RMSEA= 0,0022. IV- DISCUSSION :L’objectif de l’étude était de traduire en malagasy le questionnaire sur l’implication des hommes en SMI, originellement écrit en anglais et ensuite d’évaluer la validité et la fiabilité du questionnaire traduit. Le processus de traduction et d’adaptation interculturelle a été soigneusement mené conformément aux critères décrits par Guillemin et coll. Ainsi que par Beaton et coll. [10,11]. Suivant les consignes des experts ayant recommandé les méthodes de traduction, la version malagasy du questionnaire  n’a pas rencontré de problèmes. La version contre-traduite était quasi similaire au questionnaire original. Un consensus a été chaque fois trouvé et a abouti  à la version finale [17].Habituellement, deux critères importants sont utilisés pour évaluer la qualité d’un instrument de mesure : la fiabilité et la validité. La validité et la fiabilité sont des indicateurs importants des instruments de mesure. La validité indique la précision et la seconde montre la stabilité des items.Les résultats de cette étude ont montré que la version malagasy  du questionnaire a montré une fiabilité et une validité de la cohérence interne avec le coefficient  α de Cronbach >0.7. Cette valeur est suffisante pour conclure à une bonne cohérence interne de l’échelle [18].Les 39 questions sur la connaissance des maris en SMI, étaient fiables, ayant démontré une consistance interne élevée>0,70. Pour les cinq domaines, deux avaient eu des coefficients >0,60 valeurs considérées comme ayant une fiabilité acceptable. Toutefois, il est à noter que la connaissance des dangers de la délivrance avec son α=0,79 était le domaine le plus exprimé.Cette version  malagasy du questionnaire a une bonne validité faciale et une bonne validité de contenu. La validité faciale était satisfaisante car les items n’avaient pas posé de problème particulier et ils semblaient bien refléter le construit. Pour la validité faciale, une méthode qualitative était appliquée vérifiant si chaque item était bien compris, approprié et ne présentait pas d’ambiguïtés. L’évaluation de la validité faciale n’avait pas fait appel à aucune méthode statistique.L’analyse des corrélations convergentes à l’intérieur de l’instrument suppose que si les corrélations observées dans l’instrument sont cohérentes avec les prédictions théoriques, alors c’est une preuve de la validité de construit de l’instrument. Les coefficients de corrélation r étaient toutes >0,4 montrant une bonne validité de construit du questionnaire version Malagasy.L’analyse factorielle a également examiné la validité conceptuelle des facteurs proposés. L’EFA a identifié sept facteurs expliquant 65,23% des écarts. Les quatre facteurs retenus suggérés par le construit original expliquaient 47,24 % de la variance cumulée et montraient un mauvais ajustement du modèle. Malgré tout, elle demeure très importante, car elle permet au chercheur de se rendre compte qu’il n’y a pas d’items non appropriés ni ambigus. Bref, les items dans la version traduite en langue Malagasy reflètent bien le construit. L’indice KMO nous indique la proportion de variance commune dans nos variables. Si celui-ci est supérieur à 0,50, nous pouvons procéder à l’analyse. Dans notre étude KMO était de 0,762. Le test de sphéricité de Bartlett nous indique si la matrice de corrélation est factorisable. La valeur significative p<0,001 de cette étude dit que nous pouvions procéder à l’analyse formelle de la CFA. Les items, non seulement avaient des valeurs de corrélation faibles (r>0,4) mais étaient éparpillés montrant un besoin de reformulation ou de regroupement en domaines avec des items qui répondent mieux aux perceptions des malagasy. Tous les items du questionnaire original étaient conservés dans la version malagasy.A notre connaissance, ce questionnaire semble être le seul instrument de mesure de l’implication des hommes à la SMI. La validité convergente de l’échelle en comparaison avec un autre questionnaire ne pourra donc pas être étudiée dans le cadre de cette étude. L’une des procédures les plus utilisées pour évaluer la fiabilité et la validité des échelles psychométriques est l’analyse factorielle confirmatoire. Les valeurs des indices d’ajustement absolu ont montré un  niveau d’ajustement  acceptable. La valeur RMSEA de 0,022 dans cet échantillon indiquait un bon ajustement. Les valeurs CFI et TLI étaient légèrement supérieures à 0,90, ce qui montre un ajustement relativement bon du modèle selon les critères de HU et Bentler [15]. Mais la valeur de l’indice NFI était en dessous du critère. On pourrait supposer que cela pouvait être lié à des spécificités linguistiques et culturelles ou à la taille d’échantillon. Mais il s’agit là d’une possibilité pour une autre perspective de recherche future car il s’agissait là d’un questionnaire généralisé englobant beaucoup d’items laissant la possibilité aux chercheurs de choisir les items selon ce qu’ils souhaitent évaluer comme facteurs d’implication des maris en santé maternelle et infantile. CONCLUSION :La version en langue malagasy du questionnaire de mesure de l’implication des hommes en SMI, a montré une bonne fiabilité interne et validité du construit et peut être utilisé chez les hommes en concubinage, ou mariés en voie de devenir pères pour évaluer leur engagement en santé maternelle.Remerciements : Les auteurs adressent leur vive reconnaissance à tous les hommes qui ont accepté de participer à cette étude et nos sincères remerciements à tous les responsables de la SMI de la région Menabe.Conflits d’intérêt : Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêtsFinancements : Le projet de recherche n’a pas bénéficié de financement autre que personnel. REFERENCES :

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Impact de la gratuité des soins maternels sur l’utilisation des services de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire: une revue systématique de littérature.

Revue Sciences Santé | Non classé

Impact de la gratuité des soins maternels sur l’utilisation des services de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire: une revue systématique de littérature.

Impact of free maternal care on health service utilization in low- and middle-income countries: a
systematic literature review.

Andriamarosolo Mitsinjosoa Finaritra RANDRIANJAFISON1-2, Justin Jacques RAVELOMANANTSOA1-2,  Antonin RAJABO 1-2.

1-Ecole Doctorale Nutrition Environnement Santé, Université de Mahajanga 2-Laboratoire d’Epidémiologie et de Biostatistique en Santé de population, Université de Mahajanga   Résumé: Contexte: L’impact de la politique de gratuité des soins de santé maternelle   à court, moyen ou à long terme, sur l’utilisation des services des soins maternels, et périnatals n’a pas été suffisamment prouvé par des études de haute qualité. Objectif: Cette revue systématique de littérature avait pour but de faire la synthèse de littérature à forte capacité probante sur l’impact de la gratuité des soins  maternels sur l’utilisation des services de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Méthode: la recherche électronique et manuelle d’articles était appliquée et le processus de sélection avait suivi les lignes directives PRISMA. La revue incluait des études originales de type expérimental ou quasi expérimental,  des essais de type « avant-après » et des « séries chronologiques », publiées de  2016  à  2022, en  français ou  en  anglais. Résultats: Trente-quatre articles étaient retenus dont 13 de type quasi-expérimental, 16 séries chronologiques interrompues, 3 études de type Avant-Après, et 2 Essai Randomisé Contrôlé. Vingt quatre études avaient utilisé des groupes de comparaison. Vingt-huit articles avaient fourni des preuves d’augmentation de l’utilisation des services de santé maternelle. Dans 5 études, la gratuité était « sans effet » ou avait des résultats mitigés. Quatre études avaient évoqué une diminution de la mortalité maternelle et pour 3 études les effets positifs étaient de courte durée. Conclusion: La présente synthèse  comprenait des études ayant appliqué des méthodes analytiques robustes et utilisé des groupes de comparaison, confirmant ainsi la preuve que, la suppression des frais d’utilisation, avait contribuait à l’augmentation de l’utilisation des centres de soins maternels. Mais il était également souligné que la suppression des frais, à elle seule, n’était pas suffisante. L’amélioration de la qualité des services de santé pourra apporter plus d’impacts positifs sur l’utilisation des services et sur la santé maternelle.Mots-clés: Santé maternelle, gratuité des soins, impact, synthèse de littérature, Pays à revenu faible et intermédiaire.

Abstract: Context: The impact of the policy of free maternal health care in the short, medium or long term on the use of maternal and perinatal care services has not been sufficiently proven by high-quality studies. Objective: This systematic literature review aimed to synthesize literature with strong evidence on the impact of free maternal care on the use of health services in low- and middle-income countries.Method: Electronic and manual searching of articles was applied and the selection process followed PRISMA guidelines. The review included original studies of experimental or quasi-experimental design, “before-and-after” design, trials and “interruptedtime series”, published from 2016 to 2022, in French or English. Results: Thirty-four articles were retained including 13 quasi-experimental type, 16 interrupted chronological series, 3 Before-After studies, and 2 Randomized Controlled Trials. Twenty-four studies used comparison groups. Twenty-eight articles provided evidence of increased use of maternal health services. In 5 studies, free service was “no effect” or had mixed results. Four studies reported a reduction in maternal mortality and for 3 studies the positive effects were short-lived.Conclusion: The present synthesis included studies that applied robust analytical methods and used comparison groups, thereby confirming the evidence that removing user fees contributed to increased utilization of maternal health centres. But it was also emphasized that removing fees alone was not enough. Improving the quality of health services could have more positive impacts on the use of services and on maternal health. Keywords: maternal health, free healthcare, impact, literature synthesis, low and middle income countries.Comment citer cet article: Randrianjafison AMF, Ravelomanantsoa JJ, Rajabo A. Impact de la gratuité des frais maternels sur l’utilisation des services de santé maternelle dans les pays à revenu faible et intermédiaire: une revue systématique de littérature. Revue Sc. Santé 2023; 3(6): 1-13

  1. INTRODUCTION

 Contexte :La mortalité maternelle et infantile n’avait pas régressé comme souhaitée dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) [1]. La gratuité des soins était envisagée pour améliorer l’utilisation des centres de santé maternelle dans les pays à revenu faible et intermédiaire [2, 3].Plusieurs études ont démontré que le coût est l’un des principaux facteurs retardant la décision de demander des soins [4, 5, 6]. Les frais perçus au point d’utilisation ont été identifiés comme un obstacle majeur à l’accès aux soins essentiels, y compris pour l’accouchement par du personnel qualifié dans un établissement de santé, en particulier pour les groupes vulnérables, tels que les femmes et les personnes très pauvres [7]. Ainsi, la suppression des frais d’utilisation était recommandée comme une approche visant à augmenter l’utilisation des services de santé maternelle et à réduire la mortalité maternelle et néonatale.Toutefois, malgré la dynamique mondiale en faveur de la suppression des frais d’utilisation des services de santé maternelle et infantile, les preuves solides quantifiant l’impact restent rares. [8] 

Revue de littérature:L’impact des frais d’utilisation sur l’utilisation des soins de santé maternelle dans les pays à revenu faible et intermédiaire a été étudié par Lagarde M, Palmer N en 2008 [8]. Cette revue systématique a pris en compte uniquement les études expérimentales ou quasi-expérimentales, les essais contrôlés randomisés en grappes (C-RCT), les études contrôlées « Avant et Après » et les études de séries chronologiques interrompues. Seules les études faisant état des effets sur l’utilisation des services de santé, parfois au sein de groupes socio-économiques, ont été identifiées. Il a été constaté que la suppression ou la réduction des frais d’utilisation augmentaient l’utilisation des services curatifs. Les études n’ont pas montré de manière adéquate si une telle augmentation ou réduction de l’utilisation était durable à long terme. En conclusion, les auteurs avaient souligné qu’il était  nécessaire de mener davantage de recherches de haute qualité examinant les effets des changements dans les tarifs des services de santé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.De plus, des  méthodes  améliorées  pour  évaluer  et  rendre  compte  de  ces  interventions étaient recommandées par la  revue systématique de littérature menée par Dzakpasu S et al.[9]. D’après les auteurs, la plupart des études visant à évaluer l’impact des frais d’utilisation sur l’utilisation des services de santé maternelle employaient des méthodes inadéquates (présence de facteurs de confusion, changements de politiques simultanés), qualité douteuse des données de routine ou petite taille des échantillons) et ne pouvaient donc pas produire d’estimations fiables de l’effet. Ils avaient conseillé que les modifications des tarifs d’utilisation qui sont souvent des programmes à grande échelle soient mieux évalués à l’aide de séries chronologiques interrompues ou des études à groupes témoins de type “Avant- Après”, car ces deux design d’étude facilitent l’estimation de l’ampleur nette des effets des tendances temporelles. Ces auteurs recommandaient que des méthodes améliorées pour évaluer et rendre compte de ces interventions soient utilisées (des méthodes analytiques robustes, utilisation de groupes de comparaison lorsque cela est possible. [9]Quels sont vraiment les effets à court, moyen et long terme de la gratuité des soins maternels   sur   l’utilisation   des   services   dans   les   pays  à  revenu   faible   et intermédiaire ?Jusqu’à présent, la relation entre la politique de gratuité des soins de santé maternelle et l’impact à court, moyen ou long terme sur l’utilisation des services des soins de santé maternels, et périnatals n’a pas encore été suffisamment prouvée.
Objectif : Cette étude avait pour objectif de faire la synthèse de la littérature à forte capacité probante sur les effets de la gratuité  des  soins  maternels sur  l’utilisation  des services dans les pays à revenu faible et intermédiaire.  

II-MÉTHODOLOGIE

Période d’étude : La présente synthèse de littérature analysait les articles publiés à partir de l’année 2016 jusqu’à 2022.   Question de recherche: « Quels sont les effets de la gratuité des soins sur l’utilisation des services de santé maternelle? »   Critères d’éligibilité des articles : 

  • Critères d’inclusion :

La revue incluait les études avec preuves d’efficacité : Essais randomisés (contrôlés ou non contrôlés), essais communautaires type « avant-après » ou « ici-ailleurs » ou les « séries chronologiques »  bref,  des  études  expérimentales  ou  quasi-expérimentales. Ont  été  inclus les  articles publiés en  français ou  en  anglais de  2016  à  2022, pertinents pour la problématique.  

  • Critères d’exclusion :

Nous avions exclu les articles publiés avant 2016 et après 2022, les revues systématiques de littérature ou méta-analyses, les thèses, les articles publiés en d’autres langues que le français et l’anglais et non traductibles en français ou en anglais, et les articles ayant utilisé d’autres design d’étude que celles expérimentales ou quasi expérimentales, ou études chronologiques interrompues.  

  • Critères de jugement :

Afin de mesurer les effets de la gratuité des soins maternels, nos critères de jugement étaient l’augmentation du nombre d’utilisation des services de santé maternelle : nombre  de consultation prénatale, nombre d’accouchement, nombre de consultation post natale.   Recherche des articles : 

  • Méthode de collecte :

La recherche d’articles était réalisée de manière indépendante par deux personnes de façon à réduire le risque d’exclure des études pertinentes, à réduire au minimum les risques d’erreur de jugement et de subjectivité et à assurer la reproductibilité des résultats.  

  • Sources :

La stratégie de recherche intégrait la recherche électronique et la recherche manuelle. Les  recherches électroniques ont  été  opérées à  partir des  bases  électroniques de  données (Google Scholar,  PubMed, Medline, EBM Review/Cochrane) et la recherche manuelle était basée sur consultation des références bibliographiques des articles et revues.

  • Des associations de mots-clés étaient utilisées: « Utilisation de service de santé maternelle/Maternal  healthcare  utilisation;  impact  de  la  gratuité  des  soins/users  fees impact; accès aux soins; pays à revenus faible et intermédiaire; santé maternelle; effets des paiements sortis des poches des individus venus en consultation dans les centres de Protection Maternelle et Infantile (PMI) ».

 

  • Langues :

Les articles collectés étaient les articles rédigés en langue anglaise ou française, ou articles en d’autres langues mais dont les sites de publication fournissent des traductions en anglais ou en français.   Sélection des études: 

Stratégie de recherche des articles: Le processus de sélection des articles avait suivi les lignes directives PRISMA (Moher D et al.)[10]. Elle était menée de manière indépendante par deux personnes (AMFR & AR). Après identification  des  articles  à  partir  des  mots-clés,  nous  commencions  par  éliminer  les doublons. Ensuite, sur la liste sans doublon, nous avions trié les articles par année de publication et avions éliminé les articles publiés avant 2016 et après 2022. Ensuite, nous avions enlevé les études menées dans les pays autres que ceux à revenu faible ou intermédiaire, et les articles publiés dans d’autres langues dont les sites de publication n’ont pas de traduction ni en français ni en anglais. A la fin, nous avions retenu uniquement les articles répondant aux critères d’inclusion.

Extraction des données :

  • Formulaire de collecte de données

Pour présenter chaque article retenu, nous avions utilisé un formulaire de collecte de données sur Excel. Ce formulaire permettait de recueillir les données sur: l’identité du 1er auteur, l’année de publication, le  pays  où  l’étude a  été  menée, le  titre de l’article, le design ou type d’étude, le  type d’intervention, les critères de jugement, les résultats, les conclusions.  

Evaluation des risques de biais des articles:   Afin de connaître le niveau et la confiance que nous pouvions accorder aux articles, une évaluation de la qualité méthodologique des articles par l’étude de risque de biais de chaque article était effectuée par deux personnes indépendantes. Pour les risques de biais de sélection, nous avions analysé s’il y avait eu un recrutement par tirage au sort, un recrutement exhaustif, une randomisation du facteur étudié, un suivi complet et/ou relances, une définition stricte des critères d’inclusion et d’exclusion, une comparaison initiale des groupes. Pour le biais d’attrition nous avions considéré le fait qu’il peut être est prévenu par une randomisation du facteur étudié, suivi complet et/ou relances, une comparaison initiale des groupes. Le biais de confusion a été vérifié par le fait qu’il peut être maitrisé par l’utilisation de groupe de contrôle, un ajustement du facteur de confusion, une analyse multi variée (Kleist P, 2010) [11].   Analyse des articles :  La synthèse descriptive était privilégiée pour l’analyse des données de chaque article.  

RESULTATS :

  1. Résultats de la recherche des articles

  Après les recherches dans les bases de données électroniques et manuelles, aidées par les mots- clés, au total 415 articles étaient identifiés. Durant la phase de sélection des articles, 18 étaient des doublons et avaient été éliminés. Nous avions également exclu 207 articles qui étaient publiés hors de la période d’étude (avant 2016 et après 2022) ou hors de la zone d’étude (hors pays à revenu faible ou intermédiaire). A la fin de la sélection, ils  restaient 190 articles éligibles. Ces articles étaient lus intégralement afin d’évaluer s’ils répondaient aux critères d’inclusion (être des essais randomisés contrôlés ou non contrôlés, essais communautaires type « avant-après » ou « ici-ailleurs » ou série chronologique interrompue). Après lecture intégrale, 156 articles étaient exclus car ils ne répondaient pas à la question de recherche. Au final, 34 articles étaient inclus dans cette revue systématique de littérature et  le processus est décrit dans le flux de PRISMA. (Figure 1)

2.  Synthèse descriptive

  • Classification en fonction de l’année de publication:

Parmi les articles inclus dans la revue, cinq avaient été publiés en 2016 [12-16] ; Six en 2017 [17-22] ; neuf en 2018 [23-31] ; six en 2019 [32-37] ; cinq en 2020 [38-42] ; deux publiés en 2021 [43-44], et un article en 2022 [45]. 

  • Classification des articles retenus selon les pays et les zones où les études avaient été menées:
  • Trente et une études ont été menées en Afrique dont une réalisée en Afrique de

 l’Ouest (Bénin, Mali , Cameroun, Nigeria) [18] ; cinq au Burkina Faso [15, 16, 25, 31, 45] ; une en Côte d’Ivoire [14] ; une étude en Éthiopie [38] ; douze au Kenya [19, 23, 24, 26, 29, 30, 32, 33, 36, 37, 39, 43] ; deux au Mali [20, 21] ; trois au Malawi [13, 27, 34] ; une étude au Mozambique [28] ; une au Sénégal [40] ; une au Tchad [44] ; deux en Zambie [12, 17], et une effectuée dans quatre pays d’Afrique sub-saharienne(Ghana, Nigeria, Zambie, Burkina Faso) [41].

  • Trois études ont été conduites en Asie, dont une effectuée au Cambodge [35], une réalisée au Pakistan [42] et une au Népal [22].
  • Classification selon le type d’étude et utilisation de groupes témoins

Deux  articles  étaient des  Essai  Randomisé Contrôlé (ERC) [19, 28], trois étaient de type Avant -Après [14, 30, 34]. Treize études étaient de type quasi-expérimental [12, 13, 16, 18, 21, 22, 24, 25, 27, 35, 40, 41, 42] et seize autres études étaient des études de séries chronologiques interrompues (aussi considérées comme quasi-expérimentales) [15, 17, 20, 23, 26, 29, 31, 32, 33, 36, 37, 38, 39, 43, 44, 45]. De ces 29 études quasi-expérimentales, 22 avaient utilisé des groupes de comparaison (témoins) [12, 13, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 35, 40, 41, 42, 44, 45].  

  • Classification des études selon le type d’intervention et résultats obtenus :

 

  • Gratuité totale des frais d’utilisation des services de soins maternels et infantile et il en résultait :
  • une augmentation de taux de recours à l’accouchement dans les centres de santé publics [12, 15, 16, 17, 19, 26, 29,30, 31, 32, 33, 36, 37, 38, 39, 40, 43] ;
  • une réduction des complications obstétricales ; réduction de mortalité maternelle [40, 43].
  • une augmentation du taux de césariennes [18, 27].
    • Gratuité des frais (fonds d’équité) avec résultats mitigés [35].
    • Gratuité des frais par subvention de 80% des frais d’accouchement et comme résultats : une augmentation du recours aux soins pré et postnataux [45].
    • Gratuité des services de santé maternelle avec augmentation du nombre de CPN effectué [12, 13].
  • Gratuité des soins obstétricaux et augmentation de l’utilisation des services de soins maternels et infantile  [14, 20, 24].
    • Intervention utilisant du transfert d’argent avec amélioration importante de l’utilisation des services de santé maternelle mais les résultats étaient mitigés [19].
    • Utilisation de coupons de réduction et résultats : une augmentation d’utilisation des services de SMI couvrant la CPN, l’accouchement, la consultation post natale (CPoN), associée à une augmentation de l’utilisation de l’ensemble de services de santé recommandé [24].
    • Utilisation de kit de fournitures médicales gratuites : amélioration importante de l’utilisation des services de santé maternelle ; résultats mitigés à long terme [28].
    • Financement basé sur résultat (FBR) pour la santé maternelle et néonatal : le FBR a amélioré la couverture sanitaire effective des femmes enceintes [27].
  • Classification selon les impacts de la gratuité sur l’utilisation des centres de santé :

Vingt-huit articles ont eu des impacts positifs traduits par une augmentation notable du taux d’utilisation des services de santé [13, 15, 16, 17, 18, 19, 22, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 41, 42, 43, 44, 45] ; cinq articles avaient trouvé que la gratuité était « sans effet » et/ou avaient des résultats mitigés sur l’utilisation des centres de SMI [12, 20, 21, 23, 40] ; quatre études  avaient trouvé une diminution de la mortalité maternelle [11, 12, 22, 27] et trois études avaient eu des effets positifs de courte durée et voire même contradictoires [22, 23, 25]. (Figure 2)

Figure 2 : Classification selon les impacts de la gratuité sur l’utilisation des centres de santé 

  • Classification selon les services de santé ayant eu le plus d’augmentation d’utilisation après les interventions : Vingt articles ont trouvé des effets sur les services d’accouchements [12, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 25, 26, 27, 30, 31, 32, 33, 36, 38, 40, 42] ; 06 articles ont trouvé des effets sur la CPN [13, 14, 28, 34, 39, 45] et 1 article sur le service de CPoN [43].

 

  1. Evaluation des articles en fonction des risques de biais :

 La majorité des études de cette revue était des études quasi expérimentales au design solide ayant utilisé des groupes témoins et les risques de biais sont minimes.  

  1. Synthèse selon le niveau de preuve :

 En nous référant aux recommandations de l’ANAES/HAS qui qualifie le niveau de preuve des études en niveau 1, niveau 2, niveaux 3 et 4 ; et les grades de recommandation en A, B et C, notre revue contient 2 études de niveau 1, de grade A (ECR) et 32 études de niveau 2, de preuve scientifique B. (quasi expérimentale 16, série chronologique 16). 

III- DISCUSSION 

Cette étude visait à évaluer l’impact de la suppression ou de la diminution des frais d’utilisation sur l’utilisation des services de santé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.Les recherches sur les effets de l’exonération des frais d’utilisation sur l’utilisation des soins de santé maternelle ont pour la plupart démontré des effets positifs. Il a été démontré que la suppression  des  frais d’utilisation augmente le recours aux soins  de santé maternelle au Malawi [Manthalu G, en 2016] [13]; au Burkina Faso [Langlois ÉV et al., en 2016] [16]. Ces résultats sont en cohérence avec les résultats de la mise en œuvre de politiques de soins de santé maternelle gratuits dans plusieurs pays africains (dans 10 pays de la zone subsaharienne d’après l’étude de McKinnon B et al en 2015 [46]. Ces résultats rejoignent également ceux de la revue systématique de littérature de Dzakpasu S et al., en 2014 [9]. Mais l’efficacité de cette approche n’était pas clairement démontrée, et même si la grande majorité des articles inclus dans la présente synthèse de littérature a rapporté des effets positifs de la gratuité (telle que l’augmentation du taux d’utilisation des services de santé), d’autres articles de avaient rapporté des résultats mitigés voire même défavorables (Nkoumou Ngoa, 2021) [40]. Dans notre revue, l’impact de la gratuité des soins maternels pouvait être  différent selon le pays. Dans 79% des articles étudiés, la gratuité des soins maternels a entrainé des effets positifs sur l’utilisation des services de santé maternelle notamment la consultation prénatale [13, 28, 34], l’accouchement par voie normale ou par césarienne [16, 26, 36, 42], et la consultation post-natale [43]. Pour d’autres auteurs, la suppression des frais d’utilisation pouvait avoir des conséquences inattendues, plus positives pour les femmes à SSE plus élevé qu’aux femmes les moins riches [23]. Par conséquent, certains auteurs rapportaient que la suppression des frais d’utilisation, à elle seule, ne suffira peut-être pas à influer sur les changements d’utilisation des services de santé maternelle et infantile; d’autres efforts, tels que l’amélioration de la qualité du service, peuvent avoir un impact plus important [17].La  qualité des designs d’étude La présente revue a choisi d’inclure uniquement des études expérimentales et quasi expérimentales, des études contrôlées Avant-Après, des études longitudinales évaluatives. Les essais contrôlés randomisés sont considérés comme des études de référence en matière d’évaluation avec preuve des impacts d’interventions de soins de santé mais on connaît les difficultés de réalisation des ECR. Quand les ECR ne sont pas réalisables, les auteurs ont comme alternative, la méthode de séries temporelles interrompues selon Hudson J et al. [47] où ils optent pour des études quasi expérimentales ou des études Avant-Après. Les précédentes revues systématiques ont souligné les faiblesses méthodologiques des études antérieurement menées (c’est-à-dire des conceptions faibles, des méthodes d’analyse inappropriées et des périodes d’observation courtes) [8, 48].En effet, Lagarde M et al., ont conclu leur revue systématique en rapportant que des études incluses souffraient d’importantes faiblesses de la qualité d’étude. Des recherches plus rigoureuses sont nécessaires pour éclairer les débats sur l’opportunité et les effets des frais d’utilisation [8]. La plupart des études incluses dans la présente revue étaient des études de séries chronologiques interrompues comparativement aux revues antérieures qui en ont utilisé moins, alors que  c’est le design le plus approprié pour ce genre d’évaluation temporelle.Contrairement à la revue systématique de Hatt et al., où peu d’études comportaient des groupes de comparaison, dans la présente revue, plus de 70% des études avaient utilisé de groupes témoins, rehaussant ainsi la valeur des preuves.Limites de la synthèseNous ne prétendons pas avoir eu accès à tous les articles publiés sur l’évaluation de l’impact de l’exemption de frais sur l’utilisation des services de soins maternels dans les pays à revenu faibles ou intermédiaire étant donné que nous étions limités par nos critères de choix des designs d’études, de langues et de l’inaccessibilité aux études payantes.  Conclusion :Dans la présente revue, beaucoup plus d’études que dans les revues précédentes avaient conclu que la suppression des frais d’utilisation avait eu des effets positifs sur l’utilisation des services de soins de santé maternelle dans les établissements publics.  On peut ainsi confirmer l’effet positif de la gratuité des soins sur l’utilisation des centres de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Mais il était également souligné que la suppression des frais d’utilisation, à elle seule, n’était pas suffisante pour influer de façon notable sur l’augmentation de la fréquence d’utilisation des services; d’autres efforts, tels que l’amélioration de la qualité des services, peuvent avoir d’impact positif sur la promotion des prestations dans les établissements de santé publique.

Conflit d’intérêt : les auteurs ont déclaré ne pas avoir de conflits d’intérêts

Financement : la préparation de cette revue n’a bénéficié d’aucun financement externe.

Remerciements: Les auteurs adressent leurs sincères remerciements à toutes les personnes qui ont aidé à l’accès à la littérature. 

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Evaluation de l’approche TESTER-TRAITER et RETENIR dans le continuum de soin de personne vivant avec le VIH: étude pilote.

Revue Sciences Santé | Non classé

Evaluation of the TEST-TREAT and RETAIN approach in the care continuum for people living with HIV: pilot study.

Haja RANDRIANTSARA1,2, Noëline RAZANAMIHAJA2. 1 Programme national de lutte contre les IST-SIDA 2 Ecole Doctorale Nutrition-Environnement-Santé, Université de Mahajanga, Madagascar.

Résumé : En 2017, Madagascar a initié l’approche Tester-Traiter-Retenir. L’objectif était d’évaluer l’offre de service  de dépistage, la qualité des soins et de continuum auprès des personnes vivant avec le VIH, deux années après la mise en œuvre de l’approche Tester-Traiter-Retenir. Méthode: L’étude évaluative s’était déroulée dans deux centres pilotes. Une enquête était menée auprès des patients venus en consultation durant une période de 8 mois courant de l’année 2019. Les variables de l’offre de dépistage, de prise en charge, les satisfactions et difficultés rencontrées par les bénéficiaires  de l’approche Tester-Traiter-Retenir étaient mesurées par le nombre et pourcentage. Résultats : 130 personnes vivant avec le VIH étaient enquêtées. L’étendu d’âge des participants était de 25 et 49 ans avec un sexe ratio de 0,46 à prédominance masculine. La proportion d’hommes (70,8 %) satisfaits du dépistage était plus élevée que celle des femmes (63,4%) mais la différence n’était pas significative (p>0,05). Les participants ayant fait des études à l’université, au lycée et en collège étaient significativement plus nombreux à déclarer être satisfaits. Concernant la qualité de la prise en charge, 42.7 % des hommes ont trouvé court le temps d’attente pour une consultation contre 29,3 % des femmes. La moitié des jeunes de 15-24 ans trouvaient que le temps d’attente était court tandis que 66,2% des 25-49 ans le trouvaient moyen (p<0,05). Quant aux coïnfections, le syphilis touchait plus les hommes que les femmes (p>0,05). Le pourcentage d’observance  était significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (p<0,5). La proportion d’observance augmentait avec l’âge (p<0,05). Conclusion : Les personnes bénéficiaires de l’approche Tester-Traiter-Retenir, étaient globalement satisfaites de la qualité globale de l’offre de dépistage et de la prise en charge. L’adhésion thérapeutique et l’observance au traitement n’atteignait pas encore les 90% souhaité mais semblait s’en approcher. Mots-clés : VIH, tester-traiter-retenir, stratégie, évaluation, Antananarivo, Madagascar Abstract: In 2017, Madagascar initiated the Test-Treat-Retain approach. The aim was to evaluate the provision of screening services, the quality of care and the continuum for people living with HIV, two years after the implementation of the Test-Treat-Retain approach. Method: An evaluative study was undertaken in two pilot centers. A survey was carried out among patients who came for consultation during a period of 8 months during the year 2019. Number and percentage measured the variables of the screening offer, the support, the satisfactions and difficulties encountered by the beneficiaries of the Tester approach -Process-Retain. Results: 130 people living with HIV were surveyed. The age range of the participants was 25 to 49 years old with a sex ratio of 0.46, predominantly male. The proportion of men (70.8%) satisfied with screening was higher than that of women (63.4%) but the difference was not significant (p>0.05). Participants having University students, high school students and college students were significantly more likely to report being satisfied. Concerning the quality of care, 42.7% of men found the waiting time for a consultation short compared to 29.3% of women. Half of young people aged 15-24 found the waiting time to be short while 66.2% of those aged 25-49 found it average (p<0.05). As for co-infections, syphilis affected men more than women (p>0.05). The percentage of compliance was significantly higher in men than in women (p<0.05). The proportion of compliance increased with age (p<0.05). Conclusion: People benefiting from the Test-Treat-Retain approach were generally satisfied with the overall quality of the screening offer and care. Therapeutic adherence and compliance with treatment did not yet reach the desired 90% but seemed to be approaching it.Keywords: HIV, test-treat-retain, strategy, assessment, Antananarivo, Madagascar

Comment citer cet article:RANDRIANTSARA H, RAZANAMIHAJA N. Evaluation de l’approche TESTER-TRAITER et RETENIR dans le continuum de soin de personne vivant avec le VIH : étude pilote. Revue Sci. Santé 2023; 5 :1-17

INTRODUCTION

En 2020, selon l’ONUSIDA, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) était estimé à 37,7 millions. Le nombre de nouvelles infections à VIH était de 1,5 millions. Le VIH/Sida a coûté la vie à 680.000 personnes. Le nombre des PVVIH sous antirétroviraux (ARV) était de 27,5 millions et 10,2 millions n’étaient pas sous traitement. Depuis  le début de l’épidémie 79,3 millions de personnes ont été infectées par le VIH; 36,3 millions de personnes étaient décédées des suites de maladies liées au sida [1]. A Madagascar, la prévalence de l’infection à VIH était faible, estimée à 0,3% au niveau de la population générale âgé de 15 à 49 ans en 2020 [2], et l’épidémie était concentrée chez certains groupes de population clés, à savoir les professionnelles du sexe (PS), les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les consommateurs de drogues injectables (CDI). Les résultats de l’étude menée par AGENCE CAPSULE/CREDES et coll., avaient montré que la prévalence du VIH chez les  HSH était de l’ordre de 14,8%, de 8,4% chez les CDI et de 5,6% chez les PS [3]. Depuis la découverte du premier cas d’infection à VIH en 1987 et les deux premiers cas de Sida en 1988 et, selon la projection de l’estimation de l’infection à VIH à Madagascar (Spectrum 2021), le nombre estimé de PVVIH estimé était de 40 317 en 2020 [2], alors que le nombre de cas suivis était de 9 277 dont 8995 bénéficiaient de traitement  ARV [4]. Le gouvernement malagasy s’est aligné à la Déclaration Politique de l’Assemblée Générale des Nations Unies en juin 2016 pour « accélérer la riposte au VIH afin de parvenir à l’élimination de l’épidémie du Sida à l’horizon de 2030 » qui est d’ailleurs une des composantes de l’Objectif de Développement Durable (ODD) [5]. Le Plan stratégique  National de 2018-2022 reflète cette riposte multisectorielle selon les objectifs mondiaux de la lutte stipulés par l’Organisation des Nations Unies pour le SIDA (ONUSIDA) à savoir que 90% des PVVIH estimés soient diagnostiqués, 90% de ces personnes soient traitées, 90% des personnes traitées aient une charge virale indétectable ou supprimée. Des interventions prioritaires ont été orientées en lien avec cet engagement national pour avancer vers l’élimination du SIDA [6]. Parmi les interventions, il y a l’approche dite en cascade de dépistage-traitement-fidélisation soit Tester-Traiter-Retenir (TTR), qui est d‘ailleurs une recommandation de l’OMS. Elle a été adoptée à Madagascar en 2017 au moment où le nombre de PVVIH suivies était de 4181 dont 3510 bénéficiant de traitement antirétroviral (ARV) alors que le nombre total de PVVIH à Madagascar était estimé à 32 000 [7]. Cette approche vise à limiter la transmission de la maladie.

Il s’agit principalement de la déconcentration vers tous les centres de santé base de l’ensemble des soins dans le cadre de la lutte contre le SIDA facilitant l’accès au dépistage, à la prise en charge et au suivi. Tout en sachant que la suppression virale par la thérapie antirétrovirale est un élément puissant de la prévention combinée du VIH, car les personnes vivant avec le VIH et ayant une charge virale indétectable ne transmettront pas leur infection à d’autres personnes. Il importe ainsi d’évaluer la faisabilité de l’approche afin d’envisager son extension depuis les centres pilotes vers l’ensemble du pays [8]. L’objectif de cette étude était d’évaluer la mise en œuvre de l’approche TTR afin de fournir des données factuelles, des informations utiles et des recommandations pertinentes en vue de l’amélioration de l’offre de service  de dépistage et de la qualité des soins de Personne Vivant avec le VIH après l’implémentation durant 2 ans dans 2 centres pilotes. II-METHODE Description de l’intervention : En avril 2017, le Ministère de la Santé par le biais du  Programme National de Lutte contre les Maladies Sexuellement Transmissibles et le VIH/SIDA, avait mis en œuvre l’approche « Tester-Traiter-Retenir » (TTR) dans deux centres pilotes. Cette approche appartient à l’initiative de l’OMS pour accélérer la riposte au VIH/SIDA par l’élargissement de l’intervalle des critères afin d’accroître le nombre de personnes éligibles au traitement. Se basant sur cette approche, toute personne dépistée positive serait éligible directement au traitement quel que soit son taux de lymphocytes CD4. [9].   Avant l’approche TTR, le continuum de soins sur le VIH s’effectuait selon un circuit bien défini. Le premier test de dépistage (T1) se réalisait d’abord auprès des centres de santé de base, publiques ou privés, disposant de kits pour le test T1, fournis par le Ministère de la Santé via le Programme National de Lutte contre le SIDA. Le patient réactif au test T1 va ensuite être orienté vers un centre d’éclatement où il bénéficie des tests T2 et T3 qui sont des tests de confirmation de la séropositivité [10]. Les deux centres pilotes pour l’implémentation de l’approche TTR ont été des auparavant des centres d’éclatement  situés à la capitale, Antananarivo au Bureau Municipal d’Hygiène (BMH) Isotry et au dispensaire SISAL 67 Ha. À l’issue de ces séries de tests (T1, T2, T3), le patient dépisté séropositif au VIH était  orienté vers un médecin référent (travaillant au centre hospitalier universitaire de Befelatanana, Antananarivo) qui est également le responsable de la suite de la prise en charge dès le counseling, passant par les examens cliniques et para cliniques, jusqu’à la prescription et le suivi du traitement. La mise sous traitement antirétroviral des PVVIH est volontaire et elle devrait être institué à partir d’un taux de CD4 inférieur à 500 par millimètre cube. Les patients avec un taux supérieur à ce seuil bénéficiait d’un suivi régulier clinique et para clinique et pourraient devenir éligibles ultérieurement. Ce circuit complexe de prise en charge entraine souvent un nombre important de perdus de vue parmi les PVVIH qui sont déjà exposées à des stigmatisations et discriminations du fait de la connotation négative liée à cette pathologie [11]. Dans l’approche TTR, l’ensemble des étapes est effectué dans un seul centre depuis le dépistage jusqu’au traitement et le suivi. Lors de sa future mise à l’échelle à travers l’ensemble du pays, toute PVVIH va pouvoir recevoir l’ensemble des soins nécessaires auprès d’un même centre depuis le dépistage jusqu’au suivi du traitement. Tout d’abord, le personnel de ces centres pilotes avait bénéficié d’une formation donnée par l’équipe du Programme National de Lutte contre le SIDA afin qu’ils aient la compétence nécessaire d’assurer l’ensemble de la prise en charge. Ensuite, les infrastructures ont été aménagées pour permettre la prise en charge des PVVIH en vue d’assurer l’anonymat et la confidentialité de chaque patient lors de la consultation. À la fin, après la dotation des deux dispensaires (BMH Isotry et cabinet SISAL) en matériels nécessaires (réactifs pour le test de dépistage et médicaments antirétroviraux), ils étaient devenus des centres pilotes pour tester l’approche TTR depuis Avril 2017 [12].

Évaluation et analyse Il s’agissait d’une étude de processus et d’effet qui visait à évaluer la mise en œuvre de l’approche TTR. L’évaluation du processus était appréciée par les signes d’amélioration de l’offre de dépistage et les éléments de satisfaction ainsi que des difficultés rencontrées par les bénéficiaires  en liaison avec le continuum de soins. L’évaluation de l’effet dans la présente étude était estimée à partir de l’observance et de l’adhésion thérapeutique des PVVIH bénéficiaires de l’approche TTR. L’étude se déroulait dans deux centres qui prenaient en charge les PVVIH dans la capitale, Antananarivo. Ces centres recevaient habituellement une concentration importante de personnes à risque: les professionnels de sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. On a ainsi procédé à une enquête auprès des patients venus en consultation durant une période de 8 mois au courant de l’année 2019. L’échantillonnage exhaustif était appliqué. Tous les consultants, d’âge supérieur à 15 ans étaient inclus dans l’échantillon sous réserve qu’ils consentaient à participer à l’enquête. Au total, la taille de l’échantillon finale répondant à nos critères et ayant accepté de participer à l’étude était de 130 PVVIH fréquentant les deux centres pilotes.

Variables Dans le cadre de l’évaluation de processus,  on a évalué les variables de l’offre de dépistage et de la prise en charge ainsi que les satisfactions et les difficultés rencontrées par les bénéficiaires  liés à leur continuum de soins. En ce qui concerne l’évaluation d’effet, l’observance et l’adhésion thérapeutique ainsi que les problèmes au cours du suivi du traitement faisaient partie des variables étudiées. L’observance au traitement se traduisait, pour un patient sous antirétroviral, par l’absence d’interruption au cours des 3 derniers mois. Ces caractéristiques étaient mesurées par le nombre ou pourcentage de PVVIH qui bénéficiait de services liés au VIH tout au long du continuum de soins, et par le nombre et pourcentage de PVVIH satisfaits ou non, appréciant ou pas les différentes offres et services de santé en liaison avec l’approche TTR.

Analyse statistique : Le logiciel d’analyse SPSS 20.0  était utilisé pour le traitement et l’analyse des données. Le pourcentage et les mesures de tendances centrales étaient utilisés pour les analyses unies variées en décrivant les caractéristiques sociodémographiques et économiques des PVVIH. Pour l’analyse bi variée, des comparaisons étaient menées avec le test de Chi-deux de Pearson avec un intervalle de confiance de 95%. Le seuil de signification a été fixé pour un p < 0,05.

Considérations éthiques : Le protocole d’étude a été présenté et a reçu l’approbation du comité d’éthique pour la recherche biomédicale à Madagascar (CRBM) selon l’autorisation N° 30- MSANP/SG/AGMED/CNPV/CERBM du 17 mai 2019. Avant chaque entretien, le consentement du participant était requis. Comme il s’agissait d’une maladie qui reste encore stigmatisant, et en tenant compte de la participation volontaire à l’enquête, nous avons proposé la possibilité de répondre ou ne pas répondre aux questions parmi les PVVIH recrutées. Ainsi, le nombre de répondants pourrait ne pas être le même pour chaque variable.  

III- RESULTATS

  1. Description de l’échantillon

Le Tableau 1 présente les caractéristiques sociodémographiques des participants.  Ainsi, 130 PVVIH ont été enquêtées et le sexe ratio était de 0,46 avec une prédominance masculine. L’âge moyen des patients était de 27 ans avec un écart type de ±0,56. La moitié (50 %) appartenait à la catégorie d’âge entre 25 et 49 ans. La tranche d’âge de 15 à 24 ans était de l’ordre de 46,2%. Seulement, 3,8% d’entre étaient âgés de 50 ans et plus.  La majorité des sujets répondants soit 86,1% vivaient seuls avec 60,8% de célibataires, 13,5% en union libre et 11,5% divorcés.  La majorité des participants étaient des homosexuels à 46,9 %, les hétérosexuels à 33.8% et bisexuels à 19,2 %. En ce qui concerne le niveau d’éducation, 33,8% ont fait l’enseignement secondaire et 20% ont arrêté leur étude au niveau primaire et 17,7% d’entre eux  ont affirmé être des étudiants.  Quant à leur occupation, 42,3% gagnaient leur vie avec des petits commerces et 15,4% ont affirmé leur statut de professionnel de sexe et 17,7% étaient des étudiants. Concernant leur revenu mensuel, 74,6%  recevaient un montant inférieur à 200.000 Ariary par mois soit environ 40euros et 63,8% avaient en moyenne une  à deux personnes en charge.

Tableau 1 : Distribution des sujets d’étude selon les caractéristiques sociodémographiques et économique (n=130) 

b. Résultats de l’évaluation du processus

  • Résultat de l’offre de service de dépistage


Les
caractéristiques de l’offre de dépistage sont présentées dans le Tableau 2. Temps d’attente des résultats du test de dépistage : D’après les résultats, 67,7 % des répondants avaient déclaré avoir appris les résultats des tests en moins de 30 minutes, dont, en moins de 10minutes, pour 28,5% d’entre eux. Tandis que, le temps d’attente pour la prise en charge a duré moins de 10mn pour 28,5% des PVVIH interrogées et entre 30mn et 1heure pour 22,3% des participants.   Pour le temps d’attente après la découverte du résultat pour la prise en charge, 40 % des répondants ont déclaré qu’ils se sont écoulés entre 10 et 30 minutes, avant d’être reçu par un médecin en vue d’une prise en charge. Pour 25,4 % des participants, ce temps d’attente était de moins de 10 minutes. La première prise de contact avec le médecin s’était déroulée le même jour après la remise des résultats selon la déclaration de 83,8% des répondants et après quelques jours voir même après quelques semaines pour 11,5% et 3,1% des répondants respectivement. 

Les résultats de l’évaluation de la qualité de l’offre de dépistage, en fonction du genre, de la tranche d’âge, de leur orientation sexuelle ainsi que leur niveau d’éducation sont présentés dans le Tableau 3.

Globalement, 68,5% des répondants avaient rapporté que l’offre de service était satisfaisante mais la proportion de répondants satisfaits variait selon le genre. Ainsi, la proportion d’hommes satisfaits de l’offre de service était plus élevée (70,8 %) que celle des femmes (63,4%) mais la différence n’était pas significative (p>0,05). En fonction du groupe d’âge, l’analyse a montré que le pourcentage de satisfaits  augmentait avec l’âge:  66,7 % chez les 15 à 24 ans, 67,7 % chez les 25 à 49 ans et 100 % des plus de 50 ans sans différence significative (p>0,05).     En fonction de l’orientation sexuelle, les résultats ont montré que la proportion de satisfaits de l’offre de service de dépistage semblait significativement différente. A 73%, les homosexuels étaient le plus nombreux à être satisfaits contre 65,9% pour les hétérosexuels et la différence était statistiquement significative (p<0,05). En fonction du niveau d’étude achevé,  les universitaires, les lycéens et ceux qui ont arrêté leurs études au niveau des collèges étaient significativement plus nombreux à déclarer être satisfaits(73,1% à 84,6% respectivement) par rapport aux non instruits et à ceux qui ont arrêté leur étude au  niveau primaire 33.3% à 42,3% respectivement (p<0,05).

Tableau 3 : Proportion de satisfaits de la qualité de  l’offre de dépistage en fonction du genre, de la tranche d’âge, de l’orientation sexuelle et du niveau d’éducation (n=130)

 

  • Résultats de l’évaluation de la qualité de la prise en charge

 Le Tableau 4 montre la répartition des PVVIH selon leur perception du temps d’attente de consultation en fonction du genre, de l’âge et du niveau d’étude. Ainsi, chez les hommes, 42,7% avaient déclaré trouver le temps d’attente court pour une consultation contre 29,3 % des femmes. Effectivement, les femmes à 12,2% étaient plus nombreuses à revendiquer que le temps d’attente de consultation était long, comparées aux hommes (7,9%). La différence était significative (p<0,05).    Concernant le temps d’attente de consultation en fonction du groupe d’âge, la moitié des jeunes de 15-24 ans  ont trouvé que l’attente était courte contre 66,2% des 25-49 ans qui ont trouvé que le temps d’attente était moyen. Pour les 50 ans et plus, 60,0% avait trouvé ce temps d’attente de prise en charge était moyen (ni long ni court). La différence était statistiquement significative (p<0,05). Par rapport au niveau d’étude suivie, les non instruits à 66,7% avaient trouvé que le temps d’attente était court alors que 61,5% des universitaires ont rapporté que le temps d’attente était moyen. Mais la différence n’était pas significative (p>0,05).
     Tableau 4 
: Répartition des PVVIH selon la perception de la durée de consultation en fonction du genre, de l’âge et du niveau d’étude (n=130) 

Le tableau 5 donne la distribution des PVVIH en fonction de leur perception de la durée de consultation selon le genre, la tranche d’âge et l’orientation sexuelle. Quarante six pourcent des hommes ont trouvé la durée de consultation convenable contre 29,3% des femmes; 43,9 % des femmes contre 36,0% des hommes l’ont trouvée moyenne et près de 27% des femmes contre 18% des hommes avaient trouvé que le temps de consultation était trop vite. Mais ces différences n’étaient pas significatives (p>0,05). Globalement, pour 40,8% des répondants, la durée de consultation était convenable ; moyenne pour 38,5% et trop vite pour 20,8%. La majorité des répondants, indifféremment de la tranche d’âge, avait rapporté que la durée de consultation  leur convenait.  Mais en général, les plus jeunes (15-24ans) étaient plus nombreux (26,7 %) à trouver cette durée  trop courte, comparés aux  25 – 49 ans (16,9%) mais la différence n’était pas statistiquement significative (p>0,05). Tandis que les plus de 25 ans étaient les plus nombreux à rapporter que la durée de consultation leur convenait, ou bien ils la trouvaient moyenne.   En fonction de leur orientation sexuelle, 50,8% des homosexuelles ont trouvé que la durée de la consultation était convenable contre 36,4% des hétérosexuels et 24.0% des bisexuels. La différence était significative (p<0,05).

Tableau 5 : Nombre et pourcentage de PVVIH satisfaits ou non de la durée de la consultation en fonction du genre, de l’âge et de l’orientation sexuelle


c. Résultats de l’évaluation d’effet :

  • Résultats sur l’observance au traitement


par les PVVIH
 
Le Tableau 6 montre la proportion de PVVIH ayant respecté l’observance au traitement en fonction du genre et de la tranche d’âge. L’observance  était plus élevée chez les femmes (78,0%) que chez les hommes (71,9%). Mais la différence n’était pas significative (p>0,05). La fréquence de l’observance augmentait avec l’âge car elle était de 70% pour la tranche d’âge de 15 à 24 ans, 76,9% pour les 25-49 ans et 80% pour les 50 ans et plus et la différence était significative (p<0,05). L’observance globale (Prise régulière d’ AntiRetroViral (ARV) ou AntiRetroviral Therapy (ART) était de 73,8%.


 Tableau 6 : Proportion d’observance des PVVIH et de prise régulière du Traitement AntiRetroViral (ARV) en fonction du genre et de la tranche d’âge (n=130) 

DISCUSSION Les processus de l‘évaluation de l’approche TTR  dans l’offre de dépistage et de la prise en charge étaient évalué dans la présente étude par trois variables : le temps d’attente de résultat, le temps d’attente de prise en charge post découverte et le temps de la première prise de contact avec le médecin référent. L’analyse des données avait identifié que, près des deux tiers des répondants avaient trouvé que le temps d’attente de résultat est inférieur à 30 minutes. Un temps d’attente des résultats court, est le reflet de la qualité de dépistage. Par rapport à l’algorithme de dépistage national et la complexité du circuit de client pour le dépistage, ce temps est satisfaisant. Dans la présente étude, le délai de rendu des résultats se fait le même jour pour 83,8% des sites TTR. L’enquête, menée par  le projet l’Agence International de Coopération Japonaise (JICA/VIH) en 2012 à Madagascar sur les activités de counseling et dépistage, a montré  que le délai de rendu des résultats se faisait le même jour pour 95,41% des sites non TTR avec un délai moyen de 3 heures et un délai maximum de 3 jours [13].  Par contre l’Association médicale et humanitaire «  Médecins du monde » dans son enquête concernant la qualité de dépistage à Madagascar en 2017, avait trouvé un résultat comparable stipulant qu’un dépistage idéal est vite fait rapporté par 53,2% des répondants pour les sites non TTR [14]. La revue systématique de littérature menée par Laprise C et coll., au Canada de 2009 à 2019, avait identifié ces facteurs temps d’attente comme étant des facteurs pouvant être favorables ou obstacles au dépistage du VIH [15]. Duffus et coll. [16], ainsi que les auteurs de l’étude Opportunités [17], les avaient relatées également rapportés dans leurs études. Vony Soa et coll., avaient rapporté, dans leur recherche opérationnelle que la complexité du circuit de dépistage en liaison avec le délai des rendus des résultats, figurent parmi les facteurs déterminants de la découverte tardive de VIH à Madagascar [13]. Le temps d’attente de prise en charge post découverte, était inférieur à 30 minutes selon la déclaration des deux tiers des répondants. Ces derniers avaient rapporté qu’ils étaient reçus par le médecin référent le jour même après la remise des résultats.  La présente étude a montré qu’il existe un lien entre le service de dépistage et le service de prise en charge. Wandwalo E et al., [18] dans une étude expérimentale menée dans cinq pays (Bénin, Cambodge, Kenya, Malawi et Rwanda) ont conclu qu’il est important de mettre un lien entre le service du dépistage et le service de prise en charge en appelant ainsi le service totalement intégré. En effet, les services indépendants engendrent une perte de temps pour les patients et entrainent des coûts indirects pour ces derniers. Cette situation rend les patients inconfortables car ils doivent expliquer à nouveau leurs problèmes à un autre conseiller. Dans les pays à ressources limitées, principalement en Afrique sub-saharienne, on estime que 40 % des personnes diagnostiquées ne sont pas mises en relation avec des services de soins [19, 20] et le TAR est souvent commencé tardivement [21]. Les revues systématiques menées par Govindasamy et al., et par Johnson C  et al., ont relaté que les facteurs pouvant contribuer à une mauvaise liaison et en particulier à de faibles taux d’accès aux soins et au traitement après un dépistage de VIH, sont de natures diverses : obstacles au sein du système de santé, (mauvaises orientations), obstacles au sein des services (stigmatisation, services peu accueillants ; temps d’attente trop longs) [22, 23]. On peut dire qu’en absence de lien entre les services de traitement et de soins, le dépistage et la connaissance du statut VIH-positif, ont un intérêt limité. La satisfaction des PVVIH bénéficiant l’approche TTR  s’appréciait par la satisfaction  globale de l’offre de dépistage et de la prise en charge. Le concept de satisfaction exploré est rarement défini de façon explicite. On s’accorde pour identifier une satisfaction « rapportée » par les patients qui peuvent « juger » de la « qualité des prestations et des soins ». Dans la présente étude, la satisfaction de l’ensemble de l’offre de dépistage était croisée par d’autres variables. Ainsi, il était constaté que la satisfaction dépendait du niveau d’étude mais pas de l’âge ni de l’orientation sexuelle. Pour l’offre de service de prise en charge, plus des deux tiers des PVVIH pris en charge dans les sites TTR étaient satisfaits de l’ensemble de la prise en charge. Les éléments qui ont satisfait le plus étaient  l’accueil et la disponibilité des médicaments. Par contre, seul un pourcentage restreint de répondants était satisfait de la salle d’attente et de la présence des stagiaires Quoi qu’il en soit, ces résultats traduisaient une certaine amélioration, comparés à ceux de l’étude de Njatosoa Fiadanana et al. Ces derniers avaient  trouvé que 17.5% seulement des PVVIH étaient satisfaits de l’offre de soins dans les centres de référence. Par ailleurs, la salle d’attente et la récupération des médicaments auprès des dispensateurs étaient considérés comme des éléments les plus dérangeants pour les PVVIH des centres de référence. Notons qu’une diminution progressive au cours du temps de taux de satisfaction a été observée [25].  L’évaluation de l‘effet de l’approche TTR  sur l’adhésion thérapeutique et l’observance des PVVIH s’estimait par le respect du rendez-vous avec leur médecin et la prise régulière de l’ARV. Concernant l’adhésion thérapeutique, près de 70% des patients ont respecté la date du prochain rendez-vous avec leur médecin traitant pour la consultation de suivi et la récupération de leur ARV. Les facteurs influençant l’adhésion au traitement étaient la discrétion, le problème alimentaire et le problème financier. Sur cet optique, plus des deux tiers des répondants ont évoqué qu’ils n’ont pas aperçu des gestes discriminatoires envers eux. Cependant, près du tiers d’entre eux étaient plutôt méfiants envers les stagiaires, les filles de salle et les réceptionnistes pour divulguer leurs statuts sérologiques ou des informations personnelles qui les concernaient.  Bref, ils n’avaient pas confiance, les trouvaient trop curieux, et pas discrets.

De même, 73,80 % ont été observant au traitement antirétroviral en prenant régulièrement leur traitement. Lors de l’étude de cohorte APROCO menée par Carrieri P, les auteurs ont montré que l’observance est un processus dynamique, la majorité des patients avait un comportement d’observance variable au cours du temps [26]. Après 20 mois de suivi, seul 31 % des patients ont maintenu une observance élevée tout au long du suivi, alors que la majorité des patients (52 %) ont présenté une observance élevée à certains suivis seulement. De même, Boullé C et al., dans leur étude a déclaré que 38 % des patients avaient eu une intolérance à l’ARV source de non observance au traitement [27]. Spire B et al. , ont parlé dans leur étude que l’âge jeune, la consommation élevée d’alcool, les difficultés sociales, la dépression étaient très souvent corrélés à des comportements de non-observance, ils ne constituaient pas non plus à eux seuls de bons marqueurs prédictifs de l’observance [28]. En revanche Moatti JP etal. , ont exprimé d’autres  facteurs positivement associés à une moins bonne observance  dans leur étude de l’impact non prédictible du vécu des traitements tels que le sentiment d’une dégradation de l’état de santé, la persistance d’un état de dépression, l’absence de confiance envers son médecin ainsi qu’une mauvaise perception du rôle des thérapeutiques au cours du traitement [29]. Ainsi, l’approche TTR a une influence sur l’observance et l’adhésion thérapeutique des PVVIH mais les résultats sont très subjectifs d’un patient à un autre. Limites de l’étude L’étude a été menée au niveau de deux centres pilotes et l’échantillonnage n’était pas aléatoire et les résultats obtenus peuvent ne pas être généralisables à Madagascar toute entière vu le contexte anthropologique et socio-économique de chaque Région. Comme il s’agissait d’une étude évaluant une stratégie appliquée, la principale limite de cette étude pourrait être le biais de mémorisation. Les PVVIH enquêtées pourraient ne pas se rappeler des informations sur les circonstances antérieures d’une manière concise.

Suggestions pour la recherche future L’étude avant-après bien menée, comparant la situation avant et après la mise en œuvre du TTR représente un des designs d’étude les plus indiqués  pour une évaluation de processus. Etant la base de la stratégie appliquée dans l’élimination de l’épidémie de Sida en tant que menace pour la santé publique en 2030 et, après avoir évalué la mise en œuvre de l’approche TTR, nous apportons des suggestions en vue de l’amélioration du continuum de soins. Nous suggérons de mettre fin à l’exceptionnalisme du dépistage du VIH et à la stigmatisation de l’infection elle-même ainsi que l’absence du lien avec le service de prise en charge. Nous suggérons à l’égard : 

a) du dépistage:

  • Intensification du dépistage ciblé selon l’évidence du VIH. Cette intensification passe par des critères d’indications de dépistage plus inclusifs, par un dépistage plus fréquent et par l’allègement du processus de dépistage en utilisant éventuellement les nouveaux outils de dépistage (Communautaire, TROD, CDIS, auto dépistage,…)
  • Implantation de différentes stratégies innovantes adaptées aux réalités locales, régionales, et aux populations visées (PREP, PTME, DIC, Index Testing)
  • Offre universelle de dépistage une fois dans sa vie à toute personne entre 18 et 65 ans.

b) la prise en charge il est recommandé, pour Madagascar, d’insister sur:

  • l’importance du soin humanisant (l’accueil du personnel et l’espace d’accueil, relation patient-médecin)
  • la vulgarisation de la délégation des tâches (infirmier, sage femmes, médiateurs) pour le traitement ARV
  • l’intégration de service spécialisé supplémentaire au paquet minimum de soin (Hépatite, Tuberculose, Gynécologie et Dermatologie)
  • le système d’information stratégique reposant sur la surveillance et des données programmatiques est nécessaire pour orienter le changement dans les politiques et la mise en œuvre.
  • la dotation et la mise en place des dispositifs pour une charge virale opérationnelle.

Conclusion Cette recherche à visée évaluative a pu mettre en exergue l’influence de l’approche TTR dans l’offre de service de dépistage et de la prise en charge.  Par ailleurs, nous pouvons apprécier les satisfactions de PVVIH bénéficiaires de l’approche TTR par rapport à la qualité globale de l’offre de dépistage et de la prise en charge. De même, nous avons pu estimer l’adhésion thérapeutique et l’observance au traitement de PVVIH bénéficiant de cette approche. Des hypothèses qui méritent d’être approfondies ont émergé de cette évaluation. Force est de constater l’importance de renforcement de l’amélioration du continuum de soins du PVVIH et inévitablement de mettre fin à l’exceptionnalisme du dépistage du VIH et à la stigmatisation de l’infection elle-même et l’absence du lien avec le service de prise en charge. En fin, des suggestions ont été apportées et plusieurs études devront être menées non seulement au niveau du système de santé mais aussi au niveau communautaire. En perspective, une étude sur l’enjeu et la place de la délégation des tâches dans la lutte contre le VIH/Sida devrait être faite en complémentarité de cette étude pour appréhender l’impact de cette stratégie TTR dans le continuum de soins de PVVIH et afin de prendre plus de décision  en vue de l’élimination de l’épidémie de Sida en tant que menace pour la santé publique en 2030. Remerciements : Nous adressons nos vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de l’étude. Conflits d’intérêts : pas de conflit déclaré RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

  1. Rapport mondial actualisé sur le sida 2021/ ONUSIDA 2021 – WORLD AIDS DAY 2021(internet)
  2. Résultat de modélisation de logiciel Spectrum 2021, ONUSIDA Madagascar SE/CNLS
  3. AGENCE CAPSULE/CREDES en collaboration avec le Service de Laboratoire National de Référence. Etude de surveillance biologique et comportementale du VIH et de la syphilis chez les professionnelles du sexe à Madagascar (ESBC Professionnelles du Sexe, 2016) ESBC PS et HSH 2016, ESBC CDI 2017 
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Pratiques culturelles pour les soins de santé : étude menée dans la Région Analamanga, Madagascar.

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Pratiques culturelles pour les soins de santé : étude menée dans la Région Analamanga, Madagascar.

Cultural practices for health care, study carried out in Analamanga Region,
Madagascar.

RASOLOFONIRINA Renaud Harisoa 1 , 2 , RASOAMANANJARA JeanneAngelphine 2 ,
RAKOTONANDRASANA David Harimbola 2

1 Laboratoire Central Bilharziose / Ministère de la Santé Publique – Unité Parasitologie / Institut
Pasteur de MADAGASCAR
2 Ecole Doctorale Nutrition, Environnement, Santé- Université de Mahajanga- MADAGASCAR

Résumé
Cette étude avait pour objectif d’identifier les différents types de cultures pratiquées pour les
soins de santé et de définir la perception de la population sur cette thérapie. Méthode : Il
s’agit d’une étude descriptive transversale réalisée par une enquête socio anthropologique de
la santé et menée dans trois Districts de la Région Analamanga. La population d’étude était
constituée de 405 individus âgés de 18 ans ou plus, résidant au moins 15 ans dans le District.
Résultats : Quatre vingt cinq pour cent (85,4%) des répondants font les pratiques culturelles
que ce soit en exclusivité ou en parallèle avec la médecine moderne. Les principales pratiques
concernaient la pratique de la thérapie religieuse par 74,3% des répondants des Districts
d’étude, la consultation d’un tradithérapeute (53,1%), la pratique de l’automédication
effectuée par les 52,1% des sujets, l’utilisation des plantes médicinales par les 44,9% des
sujets, la pratique du tabou pour les soins de santé (32,6%) et l’utilisation des fétiches pour
18,5% de la population d’étude. Malgré ces pratiques culturelles dont certaines semblent ne
plus être appropriées à l’exercice des soins conventionnels, trois quarts de la population
(74,1%) affirment la nécessité de cet usage et près de la moitié (47,2%) trouve que cette
pratique est assimilable aux soins de santé par la médecine moderne. Conclusion : cette étude
prouve que les pratiques culturelles jouent encore un rôle important dans la vie des Malagasy
et que certains optent pour la thérapie culturelle, sans se soucier de l’incidence éventuelle.
Mots-clés : Culture – socio anthropologie – santé – thérapie – Madagascar

Abstract
The objective of this study was to identify the different types of crops practiced for health care
and to define the perception of the population on this cultural therapy. Method: This is a
descriptive cross-sectional study by a socio-anthropological survey of health and conducted
in three Districts of the Analamanga Region. The study population consisted of 405
individuals aged 18 or over, residing at least 15 years in the District. Results: As a result,
85.4% of the subjects practice cultural practices either exclusively or in parallel with modern
medicine. The main practices concern the practice of religious therapy by 74.3% of people in
the Study Districts, the consultation of a traditional therapist (53.1%), the practice of self-
medication carried out by 52.1% subjects, the use of medicinal plants by 44.9% of subjects,
the practice of taboo for health care (32.6%) and the use of fetishes for 18.5% of the
population. Despite these cultural practices, some of which seem no longer appropriate for
the exercise of conventional care, three quarters of the population (74.1%) affirm the need for
this use and nearly half (47.2%) find that this practice is assimilated to health care by modern
medicine. Conclusion: This study proves that cultural practices still play a significant role in
the lives of Malagasy people and that some opt for cultural therapy, without worrying about
the possible impact.
Keywords: Culture – socio anthropology – health – therapy – Madagascar


Comment citer cet article : Rasolofonirina R H, Rasoamananjara JA, Rakotonandrasana D H.Pratiques culturelles pour les soins de santé : étude menée dans la Région Analamanga, Madagascar. Revue Sc. Santé. 2023;3(5) :1-9.

I- INTRODUCTION
Dans le monde, pour des raisons culturelles, sociales, économiques et infrastructurelles, certains
individus défavorisés rencontrent des difficultés pour l’accès aux soins et aux médicaments
convenables pour la santé et sont par conséquent plus vulnérables aux maladies et à la mort
prématurée [1]. Les statistiques récentes sur la couverture sanitaire universelle montrent qu’au moins
la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès aux services de santé essentiels et que les
plus pauvres rencontrent des obstacles financiers pour accéder aux soins appropriés [2,3]. Pour
remédier à ce problème d’inaccessibilité aux soins conventionnels et dans la résolution de leurs
problèmes de santé, la population ou groupe de population a adopté des pratiques de soin et de
guérison à leur manière et vis-à-vis de leur culture. En guise d’exemple, dans certains pays en
développement, la culture incluant coutumes, croyances et certains procédés traditionnels est
pratiquée depuis longtemps afin de préserver la santé ou de prévenir et traiter les maladies. Ces
pratiques culturelles sont généralement acceptées et sollicitées par la population [4,5]. En outre,
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a introduit un nouveau chapitre supplémentaire dans la
Classification Internationale des Maladies (CIM-11) qui entrait en vigueur en 2022. La CIM-11 permet,
pour la première fois, de comptabiliser les consultations de médecine traditionnelle [6].

A Madagascar, la culture héritée de génération en génération exerce une influence sur la santé, sur les
croyances de la maladie et sur le mode de soins à admettre. Depuis son existence et pour les soins de
santé, la population malagasy a approuvé cette culture sous diverses formes de pratique. Selon des
études effectuées, même si les thérapies culturelles sous diverses formes et incluant la médecine
traditionnelle jouent un rôle important dans le traitement ou soulagement de certaines maladies dans la
communauté, on note cependant que leur pratique irréfléchie peut engendrer d’impacts négatifs sur la
santé des hommes et le bien-être de leur famille. Les principaux problèmes concernent l’absence de
preuves cohérentes de l’innocuité et de l’efficacité, par conséquent cela doit être traité comme un
problème de santé publique [7, 8].
L’anthropologie de la santé prend en compte l’ensemble des facteurs socioculturels intervenant en
santé. Elle servira pour la compréhension des problèmes liés à la santé [4], d’où l’intérêt de mener une
étude similaire à Madagascar. Cette étude quantitative, menée dans la Région Analamanga avait pour
objectif d’identifier des pratiques culturelles sur la santé et de décrire leur perception par la population.

II- MATERIELS ET METHODE

Type d’étude : Il s’agissait d’une étude descriptive transversale menée au niveau communautaire dans la Région     Analamanga à Madagascar en novembre 2019.

Sites d’étude :

Pour la réalisation de l’étude, trois Districts de la Région Analamanga étaient sélectionnés, à savoir Andramasina, Ankazobe et Manjakandriana. Ce choix était dicté par leur emplacement géographique (Nord-Ouest, Est, et Sud respectivement) permettant une représentativité optimale de la population de la Région.

Population d’étude et échantillonnage :

L’enquête a été réalisée auprès des personnes âgées de 18 ans et plus ayant résidé au moins 15 ans dans le district d’habitation. L’ensemble de la population, des deux genres, sans distinction d’ethnie, ni d’appartenance religieuse ni de statut culturel ou social constitue la base de l’échantillonnage. La taille de l’échantillon a été fixée par la formule: n = (ε² X  p X q) / I² = 384  ε = écart réduit (pour le niveau de confiance à 95%, la valeur type est de 1,96)  La prévalence (p) des pratiques culturelles attendue a été prise à 50% et la précision souhaitée était de 0,05. La taille finale d’échantillon dans chaque District était calculée de façon proportionnelle au   nombre de population respective. Ensuite, on a divisé le nombre dans chaque District par deux pour les communes urbaine et rurale. Ainsi, pour le district d’Andramasina, 123 individus (62 pour la population urbaine et 61 pour la population rurale) étaient inclus. Pour le district d’Ankazobe, 111 individus étaient inclus (56 pour la population urbaine et 55 pour la population rurale). Enfin, pour celui de Manjakandriana, 150 individus (75 pour la population urbaine et 75 pour la population rurale) étaient choisis. En vue d’éventuel refus de participation,  la taille de l’échantillon était majorée de 5% soit de 19,2 sujets arrondis à 20 sujets à répartir dans les 3 districts. Afin que chaque unité d’échantillonnage de la population puisse avoir une chance égale d’être incluse dans l’échantillon, on a adopté l’échantillonnage aléatoire simple. La taille finale de l’échantillon était de 405 individus.

Collecte des données
Le recueil des données a été opéré par une enquête d’interview directe de la population dans leur lieu
d’habitation en utilisant un questionnaire adapté, testé et validé à partir d’un questionnaire standard de
l’OMS [9, 10, 11]. Les variables étudiées portaient sur les caractéristiques sociodémographiques
(District, type de commune, genre, âge, niveau d’instruction et occupation) la conception et pratique de
la culture face aux soins de santé (Relation socio-sanitaire entre la population et les agents de santé,
les différents types de cultures pratiquées au niveau de la communauté, et les perceptions sur la place
et l’utilité des pratiques culturelles de soin de la santé).
Analyse des données
Les données issues de l’enquête ont été traitées avec le logiciel SPSS (Statistical Package for the
Social Sciences) 20.0. L’analyse descriptive a permis d’étudier les proportions, la mesure des
moyennes et des écarts types. On a appliqué le test statistique Khi² pour la comparaison des
proportions et pour la significativité des différences entre deux états ou phénomènes.
Considérations éthiques
Les valeurs éthiques ont été respectées. Le protocole de l’étude a été préalablement validé par le
Comité d’Ethique de la Recherche Biomédicale (CERBM) et respecte les droits de l’homme en vigueur
au niveau international. Les enquêtés ont été rassurés de l’anonymat et de la confidentialité des
informations leur concernant. Avant l’enquête proprement dite, une lettre de demande de
consentement éclairé était lue, comprise et signée par chaque participant. Les mesures éthiques ont
été respectées.

III-RESULTATS

Caractéristiques socio-démographiquesN%
Age en annéeMoyenne d’âge (44,58)
GenreMasculin17944,2
Féminin22655,8
Milieu d’habitationUrbain23056,8
Rural17543,2
Niveau d’instructionPrimaire20650,9
Secondaire11327,9
Lycée et plus8120,0
Non déterminé51,2
ProfessionSecteur primaire23257,3
Secteur secondaire225,4
Secteur tertiaire194,7
autres activités13232,6
La population d’étude était constituée d’individus habitant les communes urbaines et rurales. Il y avait plus de femmes (55,8%) que d’hommes. L’âge moyen était d’environ 45 ans.
La moitié a arrêté leur étude en primaire. La majorité travaillait dans le secteur primaire 88(57,3%).
a)              Pratiques culturelles de soins de santé
 

Tableau 2 : Répartition de la population d’étude qui a adopté des pratiquent culturelles selon les communes, l’âge, le genre, le niveau d’éducation et l’occupation

N%pratiques culturelles%p
Communes<0,001
Fihaonana6014,895,0
Ankazobe5212,863,5
Ranovao399,689,7
12831,686,7
Sabotsy7618,881,6
Andramasina5012,396,0
Age (année)<0,05
< 20 ans164,062,5
20-29 ans6215,379,0
30-39 ans8922,083,1
40-49 ans8019,8 90,0
50-59 ans7618,886,8
60-69 ans5714,187,7
70 ans et plus256,2100,0
Genre>0,05
Masculin17944,284,4
Féminin226 55,886,3
Instruction
Ecole primaire20650,990,3
Ecole secondaire11327,981,4
Lycée et plus8120,079,0
Non déterminé51,280,0
Occupation<0,05
Secteur primaire23257,389,2
Secteur Secondaire225,486,4
Secteur Tertiaire194,789,5
Autres activités13232,678,0

D’après les résultats présentés dans le tableau 2, la plupart (85,4%) des interviewés font des pratiques
culturelles de soins de santé.
Les relations entre certains facteurs sociodémographiques et les pratiques culturelles de soins de
santé sont présentées dans le même tableau.
Ainsi, parmi les variables étudiées, les communes d’habitation de la population étaient associées aux
pratiques culturelles de façon très significatives (p-value < 0.001) et le pourcentage de population qui
les pratiquait variait de 63,5 à 96% selon les Communes.
L’analyse des pratiques culturelles par rapport aux classes d’âge avait montré que le taux de pratique
augmentait sensiblement avec l’âge, de 62,5% pour les moins de vingt ans à 100% pour les 70 ans et
plus, avec une association significative (p-value < 0.05). Le taux de pratique aussi bien pour les
femmes que pour les hommes sont sensiblement le même, respectivement de 86,30% et de 84,40%
mais l’association n’était pas significative (p = 0,585). Une association significative, à p=0,043, a été
également observée entre le niveau d’instruction et les pratiques culturelles, le taux de pratique
variait sensiblement et inversement avec le niveau d’instruction, de 90,3% pour les sujets de niveau
primaire à 79% pour ceux qui ont atteint le niveau lycée ou plus. Enfin, l’association significative avec

le caractère social « Occupation » (p-value < 0.05) a été aussi remarquable, pour les trois secteurs
d’activités (primaire, secondaire et tertiaire), les taux de pratique étaient respectivement de 89,2%,
86,4% et 89,5%.

Tableau 3: Répartition des caractéristiques culturelles effectuées par la population d’étude

Cultures pratiquéesOUI N(%)NON N(%)
Thérapie spirituelle religieuse (N=405)301(74,3)104(27,5)
Praticien traditionnel (N=405)215(53,1)190(46,9)
Automédication (N=405)211(52,1194(47,9)
Plantes médicinales (N=405)182(44,9)223(55,1)
Tabous (N=405)132(32,6)273(67,4)
Talisman (N=405)75(18,5)330(81,5)


Ce tableau 3 présente les principaux types de pratiques culturelles analysés dans la présente étude.

Elles concernent :

  • la thérapie spirituelle religieuse, pratiquée par les trois quart (74,3%) des sujets enquêtés;
  • les consultations d’un praticien traditionnel, pratiquée par les 53,1% des sujets ;
  • l’automédication, pratiqué par plus de la moitié (52,1%) des sujets;
  • les soins de santé utilisant des plantes médicinales, pratiqués par les 44,9% des sujets ; le tabou,
    pratiqué par 32,6% des enquêtés; et enfin l’utilisation de fétiches ou talisman, pratiquée par près de 20% de la population d’étude.

Tableau 4: Relation entre les caractères sociodémographiques et les types de pratiques culturelles.

Caractéristiques sociodémographiquesN%p
Pratique de guérison spirituelle religieuse en fonction du genre  >0,05
 Masculin12770,9 
 féminin17477,0 
 Total30174,3 
Consultation d’un tradipraticien selon le Type de commune  <0,001
 Commune urbaine (n=230)14060,9 
 Commune rurale (n=175)7542,9 
 Total (n=405)21553,1 
Pratique de l’automédication en fonction de l’âge en année  <0,05
 15-19 ans (n=16)1275,0 
 20-29  ans (n=62)3658,1 
 30-39 ans (n=89)4853,9 
 40-49 ans (n=80)4455,0 
 50-59 ans (n=76)3140,8 
 60-69 ans (n=57)3256,1 
 70 ans et plus (n=25)832,0 
 Total (n=405)21152,1 
Utilisation  de plantes médicinales selon le Niveau d’instruction  <0,001
 Primaire (n=206)11656,3 
 Ecole secondaire (n=113)4338,1 
 Lycée et plus (n=81)2125,9 
 Non déterminé (n=5)240,0 
 Total (n=405)18244,9 
Pratique de tabou en fonction de l’Occupation  >0,05
 Secteur primaire (n=232)8134,9 
 Secteur Secondaire (n=22)1045,5 
 Secteur Tertiaire (n=19)842,1 
 Autres activités (n=132)3325,0 
 Total (n=405)13232,6 
Utilisation de fétiches par  District   
 Ankazobe (n=112)3329,5 
 Manjakandriana (n=167)3219,2 
 Andramasina (n=126)107,9 
 Total (n=405)7518,5 

Figurés dans le tableau 4, certains facteurs sociodémographiques sur la population d’étude ont été
étudiés vis-à-vis des modes de pratiques culturelles.
Ainsi,
 l’association entre la pratique de guérison spirituelle religieuse et la variable genre n’est pas
significative (p> 0.05), 70,9% pour les hommes et 77,0% pour les femmes.
 la pratique culturelle par la consultation d’un tradipraticien selon le type de la Commune
d’habitation a été rapportée : le taux de pratique a été un peu plus élevé (60,9%) chez la population
urbaine que celle de rurale. L’association a été très significative (p<0,001).
 Pour la pratique de l’automédication : les individus les moins âgés sont les plus pratiquants
(75,0%), tandis que les 70 ans et plus (32,0%) sont moins pratiquants. L’association est significative
(p< 0.05).
 l’utilisation de plantes médicinales selon le niveau d’instruction montre que la relation est
inversement proportionnelle allant de 56,3% pour les sujets de niveau primaire à 25,9% pour ceux de
lycée et plus. L’association était très significative (p< 0,001).
 la pratique de la thérapie avec le tabou en fonction du type de profession de la population a
montré que les individus du secteur secondaire étaient les plus pratiquants (45,5%) mais l’association
n’était pas significative (p>0,05).
 Et finalement, la distribution des sujets utilisant de fétiches pour les soins de santé au niveau
des Districts d’étude montre que les individus du District d’Ankazobe (29,5%) sont les plus utilisateurs
d’amulettes pour les soins de santé par rapport à ceux d’Andramasina (7,9%). L’association est très
significative (p=0,000).

Perception de la population sur la thérapie culturelle
Concernant la perception de la population sur la thérapie culturelle (Tableau 5), presque le trois quart
(74,1%) de la population étudiée avait rapporté que cette pratique culturelle est nécessaire.
L’association entre cette perception de nécessité des pratiques culturelles et le type de la Commune
était très significative (p<0,001), la population rurale l’utilisait plus que celle urbaine (81,7% contre
68,3% respectivement).
Évaluée en fonction de l’âge, les résultats ont montré que la proportion de répondants admettant la
nécessité des pratiques culturelles était plus élevée chez les plus de 70ans contre 68,8% de la classe
d’âge de 15-19 ans mais l’association n’était pas significative (p=0,92). Selon le genre, 74,9% des
individus masculins et 73,5% de ceux féminin ont été pour cette affirmation, l’association n’était pas
significative (p>0,05). Selon le niveau d’éducation, 67,9% des individus du groupe « Lycée et plus » et
80% de celui de « Non déterminé » étaient
pour cette déclaration, mais la différence d’association n’était pas significative. Enfin, parmi les
travailleurs, le taux de réponse est sensiblement le même pour cette option, respectivement 77,6% et
77,3% pour le secteur primaire et celui du secondaire (p<0,05).

Tableau 5: Relation entre perception de la thérapie culturelle et caractères sociodémographiques

 N%p
Type de Commune  <0,001
Commune urbaine (n=230)15768,3 
Commune rurale (n=175)14381,7 
Total (n=405)30074,1 
Genre  >0,05
Masculin (n=179)13474,9 
Féminin (n=226)16673,5 
Total (n=405)30074,1 
Age en année  >0,05
15-19 ans (n=16)1168,8 
20-29  ans (n=62)4471,0 
30-39 ans (n=89)6775,3 
40-49 ans (n=80)6075,0 
50-59 ans (n=76)5369,7 
60-69 ans (n=57)4477,2 
70 ans et plus (n=175)2184,0 
Total (n=405)30074,1 
Instruction  >0,05
Primaire (n=206)159159 
Ecole secondaire (n=113)8282 
Lycée et plus (n=81)5555 
Non déterminé (n=5)44 
Total (n=405)300300 
Occupation  <0,05
Secteur primaire (n=232)18077,6 
Secteur Secondaire (n=22)1777,3 
Secteur Tertiaire (n=19)1473,7 
Autres activités (n=132)8967,4 
Total (n=405)30074,1 

En outre, il a été rapporté par 47,2% de la population d’étude que ce genre de pratique de soins de santé est assimilable aux soins de la médecine conventionnelle. Le taux de réponses le plus élevé était enregistré chez les répondants de la Commune de Ranovao (92,3%), de la
Commune rurale (55,4%), de la classe d’âge de 40-49 ans (56,3%) et chez les travailleurs du Secteur
primaire (48,3%) sans différence significative (Tableau 6).

Tableau 6 : Compatibilité de la thérapie culturelle avec celle moderne :

 N%p
Nom de la Commune  <0,001
Fihaonana (n=60)3050,0 
Ankazobe (n=52)3159,6 
Ranovao (n=39)3692,3 
Manjakandriana (n=128)4938,3 
Sabotsy (n=76)3140,8 
Andramasina (n=50)1428,0 
Type de la Commune  <0,01
Commune urbaine (n=230)9440,9 
Commune rurale (n=175)9755,4 
Age en année  >0,05
15-19 ans (n=16)637,5 
20-29 ans (n=62)3353,2 
30-39 ans (n=89)4146,1 
40-49 ans (n=80)4556,3 
50-59 ans (n=76)3140,8 
60-69 ans (n=57)2747,4 
70 ans et plus (n=25)832,0 
Instruction  >0,05
Primaire (n=206)9948,3 
Ecole secondaire (n=113)4945,5 
Lycée et plus (n=81)4047,4 
Non déterminé (n=5)345,5 
Occupation  >0,05
Secteur primaire (n=232)11248,3 
Secteur Secondaire (n=22)1045,5 
Secteur Tertiaire (n=19)947,4 
Autres activités (n=132)6045,5 
Total (n=405)19147,2 

DISCUSSION La présente étude menée dans la Région Analamanga avait pour objectif d’identifier des pratiques culturelles sur la santé et de décrire la perception de la population sur ces pratiques. Ainsi, la discussion se porte sur trois facteurs : que sont la situation sociodémographique, les pratiques culturelles effectuées et la perception de la population sur la nécessité et la place de la thérapie culturelle.

Situation sociodémographique:
Enquête sur les variables sociodémographiques de cette étude montre qu’au moins 400 sujets devraient
être recrutés pour pouvoir estimer un taux de 50% avec un intervalle de confiance à 95 % et une précision de
5%. La taille finale de la population étudiée étant de 405 et que la population urbaine était plus nombreuse

que celle de rurale. L’écart de l’âge de la population d’étude était de 18ans à 79ans. Concernant le niveau d’instruction, les sujets de niveau primaire prédominent devant le niveau secondaire et le niveau lycée et plus. Pour la profession, les travailleurs du secteur primaires sont les plus nombreux.

Pratiques culturelles effectuées :
Face aux facteurs socioculturels, économiques et infrastructurels, les populations ont recours aux pratiques
culturelles de façon exclusive ou en complément de la médecine moderne. Ce qui rejoint les résultats d’une étude similaire menée au Togo, mentionnant que ceci se fait par l’engouement et l’admiration que les populations vouent pour la médecine traditionnelle [12]. Une enquête similaire menée à Ankazobe et à Brickaville a également montré que l’automédication était parmi l’itinéraire thérapeutique de la majorité de la population [13]. Pour cette étude, les individus âgés sont plus conservateurs de la tradition tandis que les jeunes qui ont plus de curiosité et d’expérimentation adoptent la modernité.

Utilisation des plantes médicinales :
L’utilisation de remèdes traditionnels à partir des plantes médicinales a été bien marquée dans la vie des
Malagasy notamment au niveau rural. Cela peut s’expliquer par la praticité et la proximité thérapeutique
traditionnelle. Une étude menée à la Martinique en 2015 pour le recours aux plantes médicinales a montré que 92,5% des patients interrogés ont répondu avoir utilisé de plantes médicinales locales au moins une fois dans leur vie. Les divers motifs de consultations concernent la grippe, les problèmes digestifs, la fièvre, ou autres maladies chroniques [14].

Soin avec de tradipraticien :
Le fait de consulter un tradipraticien constitue un des procédés de la pratique culturelle de guérison.
Ces tradithérapeutes sont plus accessibles et parfois considérés comme des divins dans la communauté. Le résultat d’une étude intitulée : « La place et les pratiques des devins-guérisseurs dans le sud-est de Madagascar », montre que les devins-guérisseurs, à titre d’exemple, occupent une place centrale au côté des chefs de communauté [15].

Aussi, une autre étude effectuée en Tunisie révèle que 12,6 % des 373 personnes interrogées avaient déjà
consulté au moins une fois un tradipraticien pour raison d’absence de solution médicale, d’insatisfaction par la prise en charge médicale et du coût élevé du traitement médical [16].
− Pratique de l’automédication :
Parallèlement aux soins traditionnels sous diverses formes, l’automédication qui s’expliquerait également par des facteurs culturels, est pratiquée par nos sujets d’études. La raison, à part les facteurs économiques, est que le concerné adopte cette pratique le plus souvent de sa seule initiative et sous un fort effet « diplôme ».
Une étude menée en 2002-2003 en France montre que les personnes ayant un niveau baccalauréat+ 2 ou supérieur ont un recours significativement plus fréquent à l’automédication [17]. La littérature rapporte également que le taux de prévalence de la pratique de l’automédication sur 666 interrogés est de 60%par une étude menée à la Réunion en 2013-2014 [18].

Pratique du tabou :
Une des modes culturelles, optée pour bon nombre des gens, concerne le tabou. Les Malagasy y attachent,
dans la vie sociétale, une valeur hautement significative. La peur de rencontrer des répercussions morbides
ou mortelles pour le non-respect des règles prescrites par les ancêtres expliquerait la considération
continuelle de cette pratique traditionnelle [19].

Utilisation de talismans :
L’utilisation des talismans a été également évoquée pour le traitement et soin du corps, notamment en cas
des maladies considérées surnaturelles, provoquées ou maléfiques. Les plus éduqués auraient tendance à
perdre peu à peu sa valeur du fait de leurs connaissances compatible avec le progrès de la science. On les
utilise avec l’invocation des esprits de toutes sortes et parfois sous prescriptions des guérisseurs. Selon
Pietro Lupo, les « sampy et ody » genre de talisman malagasy constituent d’objets considérés comme
réceptacles d’énergies sacrées et ayant une fonction protectrice ou guérisseuse [20]. La situation au Sénégal
mentionne que la confection d’amulettes est une pratique ancienne, destinée à guérir ou à protéger leurs
propriétaires [21].

La pratique de la thérapie religieuse :
Enfin, la thérapie spirituelle religieuse, adoptée pour le trois quart des sujets et bien pratiquée dans les trois
Districts d’étude, peut être utilisée seule ou parallèlement avec le soin conventionnel. Le praticien n’a pas
besoin d’avoir aucune notion médicale mais plutôt de suivre et respecter avec foi la prescription et le
principe de l’Eglise que ce soit pour une simple prière que pour une pratique de l’exorcisme. Il est mentionné
dans la littérature qu’ il y a un lien entre la foi et la guérison depuis la fondation du christianisme, et que ce

lien organique se développe notamment en Afrique [22]. Aussi, concernant la foi musulmane, il est indiqué
dans la guérison coranique que le saint Prophète déclara que le Coran était la meilleure médecine [23].

Perception de la population sur la nécessité et la place de la thérapie culturelle:
Bon nombre des sujets atteste que la pratique culturelle est nécessaire pour le soin du corps et la santé, ceci
peut être expliqué par le fait qu’ils peuvent y recourir puisque les facteurs géographiques et pécuniaires
constituent le plus souvent des obstacles à l’accès aux soins conventionnels. La littérature montre par
exemple que des femmes enceintes ont large recours aux matrones traditionnelles puisque leurs services ont
un très faible coût, voire sont gratuits [24]. Une autre étude effectuée en Afrique montre que 29,45% des
enquêtés «usagers» ont déclaré être attirés par la médecine traditionnelle vis-à-vis de son efficacité [12].
Egalement, près de la moitié de la population d’étude affirme que la pratique culturelle est compatible avec la médecine moderne. Cela peut être une affirmation gratuite, puisqu’on n’a pas de preuve scientifiquement valable. Une partie de la population est, d’une part, inconsciente de la limite et l’incidence éventuelle de la
pratique culturelle et d’autre part, elle devrait être obligée par les obstacles socio-économiques et culturels.
Une étude révèle, en guise d’exemple concernant les soins, que la confiance des populations dans les
médicaments traditionnels est liée à leur présomption d’innocuité et aussi au fait que géographiquement et
financièrement ils sont plus accessibles. Ces médicaments sont perçus comme sûr parce qu’ils sont d’origine
naturelle. Cette fausse perception d’innocuité a été démasquée par plusieurs études [22].

CONCLUSION
Les pratiques culturelles jouent encore un rôle important pour la santé de la population Malagasy. Dans cette
étude, nous avions trouvé que la plupart (85,4%) de la population, notamment les sujets âgés, effectuent la
thérapie culturelle de façon exclusive ou en
complément avec la médecine moderne. On a pu d’ailleurs constater que divers modes de pratique ont été
rapportés par les participants à l’étude. L’utilisation des plantes médicinales était pratiquée notamment chez
les sujets du niveau d’étude primaire. La consultation d’un tradithérapeute, était courante par la moitié des
participants surtout dans les milieux urbains.
La pratique de l’automédication, faite également par la moitié des gens au niveau des districts sanitaires. Le
respect du tabou se pratique pour le tiers des sujets d’étude.
L’utilisation des talismans, représentés par des objets magiques à visée protecteurs et adoptés pour la
cinquième de la population d’étude ; et enfin la pratique de la thérapie spirituelle religieuse est élevée selon
le niveau d’instruction.
Pour les perceptions de la population vis-à-vis de la thérapie culturelle, la plupart de la population y est
favorable et atteste la nécessité de cette pratique pour le soin et la protection de la santé. Aussi, près de la
moitié des sujets d’étude quel que soit leur niveau d’instruction, trouve que cette thérapie typiquement locale
est compatible avec la médecine moderne.
Les Malagasy attribuent une valeur significative à la culture pour les soins de santé. Certains ignorent ou
mésestiment les conséquences néfastes possibles de ces pratiques culturelles. L’encadrement des
thérapeutiques culturelles et des tradipraticiens seraient nécessaires pour limiter ces inconvénients.

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Facteurs influençant le don de sang bénévole à MADAGASCAR : étude qualitative.

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Factors influencing voluntary blood donation in Madagascar: qualitative study.

Pâquerette Sahondranirina Hanitriniala[1],3, Rakotonandrasana Harimbola David [2],3, Rasoamananjara Jeanne Angelphine[3]

1 Institut National de Santé Publique et Communautaire, Mahamasina, Antananarivo, Madagascar 2 Centre Hospitalier Universitaire Mère et Enfant Ambohimiandra, Antananarivo, Madagascar

3 Ecole Doctorale Nutrition-Environnement-Santé, Université de Mahajanga, Madagascar


Résumé 

Objectifs : Bien que le don de sang bénévole ne représente que 20% de l’ensemble de sang collecté, son importance est capitale étant donné les besoins spécifiques pour la transfusion sanguine. La présente étude vise à explorer les facteurs influençant les dons de sang bénévoles à Madagascar. Méthode : Une étude qualitative basée sur douze interviews individuelles et trois séances de focus group ont été menées dans la région Analamanga et la région Boeny.  Les participants étaient composés d’individus donneurs de sang familiaux, des donneurs de sang bénévoles actifs, des donneurs de sang bénévoles ayant cessé de le faire, et des individus qui n’ont jamais donné de sang. Le même guide de questionnaire a été élaboré pour les interviews individuelles et pour les séances de focus group. Toutes les discussions ont été enregistrées avec un dictaphone digital puis transcrites mot pour mot. Les données transcrites ont été analysées manuellement en commençant par le fractionnement par concept, suivi de codage ligne par ligne. Les codes similaires ont été regroupés en catégories puis ces dernières ont été regroupées à leur tour pour identifier des thèmes récurrents dans l’ensemble des données. Résultats : Nous avons identifié neuf thèmes récurrents repartis en quatre groupes : 1) facteurs individuels, 2) facteurs liés au fonctionnement de la structure collectant le sang, 3) facteurs socioculturels, 4) facteur contextuel. Conclusion : La plupart des facteurs identifiés dans cette étude nécessite des actions ciblées à court et à long terme, regroupées en trois axes : 1) l’amélioration du fonctionnement des structures de collecte et de distribution du sang ; 2) le renforcement de la sensibilisation en faveur du don de sang bénévole ; 3) de meilleures préparations pour faire face aux éventuelles catastrophes sanitaires. Mots clés : facteur influençant, don de sang bénévole, recherche qualitative, Madagascar.

Abstract:

Objective: Although voluntary blood donation represents only 20% of all blood collected, its importance is paramount given their specific needs for blood transfusion. This study aims to explore the factors influencing voluntary blood donations in Madagascar.Method: A qualitative study based on twelve individual interviews and three focus group sessions was conducted in the Analamanga and Boeny regions.  Our participants were individuals who are either family blood donors, active voluntary blood donors, voluntary blood donors who have stopped doing so, or individuals who have never had experience donating blood. The same questionnaire guide was developed for individual interviews and focus group sessions. All discussions were recorded with a digital voice recorder and then transcribed verbatim. The transcribed data was analyzed manually starting with the splitting by concept followed by line-by-line coding. Similar codes were grouped into categories, and these were in turn grouped to identify recurring themes in the data set. Results: We identified nine recurring themes divided into four groups: 1) individual factors, 2) factors related to the functioning of the structure collecting blood, 3) sociocultural factors, and 4) contextual factors. Conclusion: Most of the factors identified in this study require targeted short- and long-term actions. They can be grouped into three areas: (1) improvement of the functioning of blood collection and distribution structures; 2) improvement and strengthening of the awareness of voluntary blood donation; and (3) better preparedness to deal with potential health disasters.

Keywords: influencing factor, voluntary blood donation, qualitative research, Madagascar


Comment citer cet article : Hanitriniala SP, Rakotonandrasana HD, Rasoamananjara JA. Facteurs influençant le don de sang bénévole à MADAGASCAR : étude qualitative. Revue Sc. Santé. 2023 ;4 :1-11

I- INTRODUCTION                  

La transfusion sanguine sauve des vies et le don de sang est un facteur clef dans les systèmes de santé. Parmi les matériaux substitutifs, le sang reste le plus disponible et recevable [1].  Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la politique nationale de transfusion sanguine et l’organisation des services pour un approvisionnement en sang suffisant doivent faire partie intégrante de l’infrastructure sanitaire d’un pays [2]. Chaque année, dans le monde, 112,5 millions de dons de sang sont collectés [3]. L’approvisionnement en sang est différent selon les pays : le taux médian de dons du sang dans les pays à revenu élevé est de 32,1 pour 1000 habitants, contre 14,9 dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, 7,8 dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et 4,6 dans les pays à faible revenu [4].  Effectivement, si à l’échelle mondiale, 80 millions d’unités de sang sont données chaque année, seulement deux millions d’unités sont données en Afrique subsaharienne où les besoins sont énormes [5]. L’accès au sang reste en difficulté et la pénurie est mondiale et constante [6]. La pénurie subsiste et pour garantir des réserves suffisantes en sang, les services de santé ont besoin de la collaboration des donneurs volontaires [7]. Mais souvent, le nombre de dons reçus est insuffisant pour couvrir l’intégralité des besoins [8].  Selon l’OMS, il existe trois types de donneurs de sang : les donneurs volontaires non rémunérés, les donneurs pour un membre de la famille ou donneur de remplacement, les donneurs rémunérés [7].

Le meilleur moyen de garantir un approvisionnement sûr et suffisant en sang ou produits sanguins pour la transfusion est de disposer d’un bon approvisionnement basé sur les dons réguliers de sang de donneurs volontaires et non rémunérés [9].Ce groupe de donneurs se trouverait être le plus fiable car il participe à ce don de manière altruiste. Un donneur de sang volontaire non rémunéré donne librement du sang, du plasma ou des éléments figurés du sang [2].

En 2011, l’OMS ainsi que la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont élaboré un objectif commun visant à l’obtention de 100% de dons de  sang volontaires et non rémunérés dans le monde entier, permettant d’assurer un approvisionnement fiable et durable en sang. Un constat international insiste sur le besoin de fidéliser les donneurs réguliers, de recruter de nouveaux donneurs de sang, particulièrement en ciblant les jeunes pour les faire participer au don de sang [2].

A Madagascar, les dons de sang bénévoles restent faibles [10]. Des connaissances approfondies des facteurs influençant le don de sang bénévole s’avèrent utiles pour répondre aux besoins d’urgence en cas d’accidents de la route, de la circulation, de complications de la grossesse et de l’accouchement, de divers troubles anémiques et des urgences chirurgicales, entre autres. La présente étude a pour objectif d’identifier les facteurs influençant les dons de sang bénévoles à Madagascar.

II-MATERIELS ET METHODE

Type d’étude

Il s’agit d’une étude qualitative exploratoire utilisant des interviews individuelles et des focus groups comme moyens de générer des données. 

Lieux d’étude et période d’étude

L’étude a été conduite dans la Région Analamanga et la Région Boeny dans leur Centre Régional de Transfusion Sanguine (CRTS) respectif, du mois de juillet au mois de novembre 2022.

Participants

Les participants à cette étude ont été sélectionnés de façon dirigée. Ce sont des individus qui viennent aux CTRS ou sur les sites mobiles de collecte de sang pour différentes raisons comme que le don de sang bénévole ou non ou pour se procurer de poche de sang ou autres services. Ce sont des gens qui ont plus de 18 ans au moment de l’étude, ayant déjà participé ou non aux dons de sang (donneurs familiaux (DF), donneurs de sang bénévole régulier et actifs (DBR), donneurs de sang bénévole réguliers qui ont arrêté de donner du sang (DBRA), personnes n’ayant jamais fait un don de sang (ND). Ces individus ont été approchés par le chercheur, les objets de l’étude leur ont été expliqués puis leur consentement à participer a été demandé. Les interviews individuelles ont été conduites immédiatement après obtention de leur consentement respectif… Pour les séances de focus group, ceux qui ont consenti à participer ont été invités à venir au lieu où les séances ont été organisées.

Collecte des données Nous avions préparé un même guide de questionnaire, tiré à partir de revue de littérature sur le don de sang, aussi bien pour les interviews individuelles que pour les séances de focus group. (Guide de questionnaires)

Ce guide de questionnaire a été élaboré pour discuter avec les participants des aspects généraux du don de sang et pour identifier les facteurs influençant le don de sang bénévole. Des points non prévus par le guide de questionnaire étaient discutés au cours des interviews individuelles ou des focus group lorsque le chercheur conduisant la collecte de données les avait trouvés pertinents. Toutes les discussions au cours des interviews individuelles et des focus group ont été enregistrées sur dictaphone digital.

Nous avions commencé l’analyse tout en continuant la collecte des données. Cela nous a permis d’ajuster et étoffer le guide de questionnaire en cas de besoin pour les prochaines collectes de données. La collecte des données a été poursuivie jusqu’au point de saturation convenu par les chercheurs (i.e. lorsqu’il n’y a plus de nouvelles idées lors de la collecte des données).

Préparation et traitement des données

Les données sonores enregistrées ont été transcrites mot par mot sur le logiciel Microsoft Word. La transcription ainsi produite a été vérifiée par les chercheurs pour qu’elle se rapproche le plus de la version sonore. A ce stade, nous avions donné un surnom à chaque participant pour ne pas divulguer leur identité. Les données transcrites ont été ensuite copiées sur le logiciel Microsoft Excel où l’analyse proprement dite a été réalisée.

Analyse des données

Nous avions conduit une analyse thématique des données [10]. Nous avions commencé par lire et relire à maintes reprises la transcription afin de nous familiariser avec les données. Nous avions ensuite fragmenté les propos de nos participants par concept contenu dans une phrase ou une portion de texte. A chaque concept a été allouée une étiquette ou code. Les codes similaires ont été regroupés pour former des catégories. Les catégories similaires ont été regroupées à leur tour pour former des thèmes qui sont des idées qui se répètent et se répètent encore dans l’ensemble des propos de nos participants.

Considérations éthiques

Cette étude a obtenu l’approbation du Comité d’Ethique pour la Recherche Biomédicale auprès du Ministère de la Santé Publique (CERBM) à Madagascar et a été enregistrée sous le numéro N° 064MSANP/SG/DAAM du 30 juin 2022, N°166MSANP/SG/AMM/CERBM du 31 juillet 2023. Un surnom a été donné à chaque participant pour ne pas divulguer leur identité.

III- RESULTATS

Pendant les interviews et les focus groups, un total de 35 personnes ont participé à l’étude, composées de 11 donneurs de sang bénévoles, 4 donneurs de sang familiaux ou de remplacement, 9 personnes n’ayant jamais donné leur sang et enfin 11 donneurs ayant arrêté leurs dons. Leur âge moyen était de 41 ans (minimum : 18 ans, maximum : 65 ans), avec un sex-ratio F/H de2.2. Pour les 2 techniques, les participants lors des interviews individuelles étaient hétérogènes tandis que pour les séances de focus group, le premier groupe était homogène constitué de 7 individus qui n’ont jamais donné de sang, le deuxième et le dernier groupe étaient composés successivement de 8 individus donneurs bénévoles ajoutés des donneurs familiaux et de 8 individus ayant arrêté leurs dons de sang. (Tableau 1). Neuf thèmes repartis en quatre groupes ont émergé de nos données. Ils sont résumés dans le Tableau 2.

Tableau 1. Répartition des participants selon les facteurs socio- démographiques

Interviews individuelles
n(%)
Focus group
n(%)
Genre M7(63,64)4(36,36)
F5(20,83)19(79,17)
Groupe d’âge18-303(23,08)10(76,92)
31-402(28,57)5(71,43)
41-503(28,57)4(57,14)
>504(50,00)4(50,00)
Status vis-à-vis du don de sangN’ayant jamais donné de sang2(22,22)7(77,78)
Ayant arrêté du don de sang3(27,27)8(72,73)
Donneur de sang bénévole3(27,27)8(72,73)
Donneur de sang familial4(100,00)0(0,00)
Caractéristiques des participantsParticipantshétérogène
Groupe 1homogène
Groupe 2mixte
Groupe 3mixte

Tableau 2. Facteurs influençant le don de sang bénévole

Groupes de thèmesThèmes
1. Facteurs individuelsi. Vision personnelle du don de sang bénévole
ii. La peur lors du prélèvement
2. Facteurs liés au fonctionnement de la structure pour le prélèvement de sangiii.Qualité de l’accueil
iv. Qualité des matériels pour le prélèvement
v. Problèmes de corruption autour de la gestion du sang
vi. Niveau de connaissance et qualité de la sensibilisation sur le don de sang
3. Facteurs socioculturelsvii. Mentalité
viii. Préoccupations quotidiennes
4. Facteur contextuelix.La pandémie de COVID-19

1. Les facteurs individuels influençant le don de sang bénévole 

  1. Vision personnelle du don de sang bénévole

Les participants ont évoqué que donner du sang de façon bénévole est intéressant sur plusieurs aspects :

Premièrement, c’est l’expression d’un acte de bienfaisance gratuite en sauvant la vie des autres. « Donner du sang, c’est aussi sauver la vie d’êtres humains. » (Jaona, Interv. [Interview], DBR)« Ce qui m’a incité le plus est de savoir que mon sang peut sauver de nombreuses vies. » (Fenohasina, FG [focus group]2, DBR) Donner du sang est un acte permettant d’exprimer physiquement l’esprit de partage avec les autres. Cela leur donne une satisfaction et ils considèrent leur acte comme un privilège.  « L’avantage c’est que ça (donner du sang) sauve des vies. » (Zoto, Interv., DBR) « J’aime bien aussi partager aux autres… (et je le fais en donnant mon sang). » (Zefakely, Interv., DF)

Deuxièmement, donner du sang de façon bénévole est intéressant car cela leur donne des avantages lorsqu’ils ont besoin de transfusion sanguine pour eux-mêmes ou pour les membres de leur famille.

En effet, les donneurs bénévoles voient la procédure pour l’obtention de poche de sang gratuite facilitée en cas de besoin. Cet avantage est valable, lorsque la personne ayant besoin de sang est hospitalisé dans un hôpital public dans un hôpital privé. Leur possession de carte spécifique les identifiant facilite cet avantage.

« Comme c’est un hôpital public, on ne paie rien (pour obtenir de poche de sang), tout est gratuit pour nous. » (Lisy, Interv., DBRA)« La consigne qu’on a reçue, c’est qu’une carte de donneur peut être à profit des parents et de la famille des donneurs bénévoles (quand on a besoin de poche de sang) » (Falikely, FG2, DBR)

Troisièmement, donner du sang de façon bénévole est intéressant étant donné que cela affecte positivement leur propre santé. « On sauve des vies et on reste en même temps en bonne santé … c’est l’avantage d’être donneur bénévole. » (Koto, Interv., DBR)« Quand je pouvais encore le faire (donner du sang), je me sentais en pleine forme. J’avais des problèmes de tension artérielle mais chaque fois que je faisais un don de sang, je me sentais mieux. » (Faralahy, Interv., DBRA)

Quatrièmement, donner du sang permet au donneur de sang un suivi régulier et gratuit de son état de santé. En effet, les donneurs de sang peuvent bénéficier de certains suivis gratuits de leur état de santé avant chaque don de sang comme le suivi de leur tension artérielle, de leur poids corporel et ils bénéficient également de différentes analyses biologiques telles qu’un dépistage des infections transmissibles par le Sang comme le VIH, l’hépatite B et C, la Syphilis et le paludisme.

« Ce qui m’a beaucoup plu est de recevoir les résultats de mes analyses de sang, et tout cela est gratuit. » (Fenobe, FG2, DBR)

ii. La peur limite le don de sang bénévole

La peur face à l’imminence d’un acte sanglant, en particulier pour les nouveaux donneurs, constitue également un autre facteur individuel affectant la décision de s’engager dans un don de sang bénévole.

« …d’emblée c’était la peur qui a dominé mon esprit. » (Feno, FG2, DBR).

Cette peur peut être de différentes origines comme la peur des aiguilles et de la douleur qu’elles entrainent, la peur de s’évanouir. Tout cela rend difficile la décision de passer à l’acte en particulier pour certaines personnes qui n’ont jamais fait un don de sang.

« … j’avais très peur…peur de m’évanouir… j’ai eu peur de la grosse seringue. » (Falihery, FG2, ND)

Une autre origine de cette peur est l’existence de rumeurs concernant l’existence de trafiquants de sang (mpakarà) ou d’organe comme le cœur (mpakafo).

« Il y a ceux qui ont peur en apprenant que des personnes vont venir prendre leur sang, ils considèrent ces personnes comme des trafiquants de sang. » (Ndrema, P2, DF)« Dans le passé, on entendait parler d’étrangers trafiquants de sang, d’organes comme le cœur. Cela tique parfois les gens (et les empêche de venir donner leur sang) ».  (Jaona, Interv. , DBRA)

2. Facteurs liés au fonctionnement de la structure pour le prélèvement de sang

iii. Qualité de l’accueil des donneurs de sang

L’accueil est la première section du circuit de don de sang et reflète déjà le fonctionnement de la structure pour le prélèvement de sang en général. Les participants ont partagé leur expérience sur la mauvaise organisation de l’accueil des donneurs de sang. Les donneurs potentiels peuvent être confrontés à de longues attentes pour s’inscrire s’ajoutant au temps nécessaire pour remplir les formulaires et passer à l’entretien médical.

« Nous attendons le ticket d’accès. Nous attendons. Et les agents qui assurent l’accueil nous disent de patienter… Mais au moment du partage des tickets d’accès, ceux qui sont au dernier rang reçoivent en premier et ceux qui sont arrivés tôt n’en obtiennent qu’en dernier. » (Faly, FG1, ND)

En outre, le comportement du personnel de santé œuvrant dans le domaine du don de sang entraine la démotivation des donneurs de sang car ils se sentent délaissés ou maltraités. Des comportements irrespectueux, inappropriés ou non professionnels ont été rapportés par les participants.

« On dirait que certains personnels au Centre de transfusion procrastinée. Ils demandent à ce qu’on revienne une autre fois parce qu’ils sont encore occupés pour le moment. » (Koto, Interv., DF)

« J’avais envie de devenir donneur bénévole mais quelqu’un m’a crié dessus donc j’ai renoncé. » (Faible, FG3, ND)

Comme nous venons de voir, le mauvais accueil freine le don de sang mais des attitudes positives et chaleureuses avec du sourire et de mots de gentillesse tout au long du processus pour le don de sang peuvent aider à rassurer et encourager les donneurs de sang.

« J’ai donné mon sang pendant la collecte du sang à …, et j’ai constaté que l’accueil était très chaleureux. Cela m’a beaucoup plu. » (Fenomanana, FG2, DBR)

« L’accueil est très chaleureux, on nous prend en charge comme des petits bébés » Fenotsiry, FG2, DBR)

La qualité de l’accueil, doux et chaleureux, tient une place importante et est une condition au don de sang. Un bon accueil avec une bonne prise en charge et de bonnes réponses aux questions posées peuvent aider les donneurs à se sentir valorisés et encouragés à revenir, comme ce participant a évoqué.

« Le don de sang dépend en grande partie de la qualité de l’accueil, comme le moment de la prise en charge, la pose des questions… Il ne faut pas être sévère. Celui qui accueille doit être très ouvert d’esprit pour réussir à convaincre de donner du sang. » (Zoto, Interv., DBR)

iv. Bons matériels pour le prélèvement de sang

La constatation par les donneurs de sang qu’on utilise de matériels de bonne qualité les encourage à participer au don de sang bénévole, sinon, ils étaient démotivés.

« Les matériels sont sains, performants et assurément désinfectés … car si jamais il y a des microbes sur ceux-ci, nos actes censés être des actes de salut seront alors vains. » (Ketaka, Interv., DF)

v. Problèmes de corruption autour du don de sang

Les participants ont évoqué des problèmes de corruption autour du don de sang. Certains d’entre eux ont parlé de rumeurs.

« … j’ai entendu des rumeurs sur la corruption avec les poches de sang. Je ne l’ai pas vu de mes propres yeux mais ce sont des rumeurs et des sous-entendus. » (Tsikifeno, FG3, ND)« Selon les rumeurs, il y a une corruption liée au don de sang… » (Feno, FG2, DBR).

D’autres témoignent de leur vécu quand ils étaient à l’hôpital.

« Ne soyez pas malade les amis car à l’hôpital…, on achète les poches de sang et c’est très coûteux … J’en étais vraiment témoin dans un service de l’Hôpital ‘‘…’’. J’ai dit à une responsable qu’on devrait remettre au stock les poches de sang qu’on n’a pas utilisé. Il y en avait deux (poches de sang). La personne en question a déjà rangé la première poche mais j’ai insisté à ce qu’on remette la deuxième à la Banque de sang. Elle a refusé, disant qu’on allait encore l’utiliser … Mais une heure après, le patient mourut. Où est alors passé cette poche de sang que l’on n’a pas remise à la Banque de sang ? On ne savait pas. Plus tard, j’ai demandé à un membre de la famille du défunt et elle a répondu qu’on les avait payées. » (Jaona, Interv., DBR)

« Par exemple dans une salle d’hôpital, si un malade a besoin d’une transfusion sanguine et que son garde malade doit le chercher immédiatement, le circuit pour arriver aux poches de sang est entouré de corruption. A vrai dire, on doit payer pour réussir à les avoir afin que leur malade soit sauvé à temps. » (Tsikitiana, FG3, DBRA)

« L’agent de santé dans la salle a dit qu’il trouve du sang pour notre famille malade, à vrai dire il vend du sang. » (Fenotsiory, FG2, DBR)

Face à la corruption, les gens n’osent pas dénoncer les responsables par crainte de représailles et les gardes malades acceptent de payer aux agents de santé.

« Personne n’ose pointer du doigt la personne en question (celui qui vend du sang) puisque tout le monde pense que la conséquence est que leur patient ne sera plus soigné comme il faut et peut être même se faire tuer par vengeance du personnel de santé. » (Fenotsiry,FG2, DBR)

« Je n’ai pas envie de réagir (face à la constatation de vente de sang) car si on n’achète pas la poche de sang dont (notre malade a besoin, il n’obtiendra pas les soins et peut même finir par mourir. » (Fenohasina, FG2, DBR)

Le sujet sur l’existence de corruption entraîne des réactions diverses de la part des personnes susceptibles de donner bénévolement leur sang. La vente de sang fait obstacle au don de sang bénévole.

« Le premier obstacle aux gens qui veulent faire un don de sang est le fait d’entendre que des personnels de santé vendent des poches de sang à des prix très coûteux alors qu’on donne gratuitement.» (Fenobe, FG2, DBR)

« L’une des raisons qui dissuade certaines personnes à donner du sang est le fait de connaitre qu’elles donnent gratuitement mais les personnels de santé les vendent après. » (Tsikifitia, FG3, ND)

vi. Niveau de connaissance et qualité de la sensibilisation

Les participants ont évoqué que beaucoup de gens ont des connaissances limitées voire nulles sur le don de sang. Parfois même, les gens ne savent pas du tout ce que c’est un don de sang, ni même la place où il a lieu.

« Nombreux ne savent pas encore l’existence du don de sang bénévole. » Falihery, FG2, ND)

« Je ne sais pas où est l’endroit (pour faire un don de sang) ? » (Liva, Interv., ND)

En outre, beaucoup ne savent pas les conditions pour être donneur de sang.

« Il y a des rumeurs disant que les personnes qui boivent de l’alcool ne peuvent pas donner leur sang … » (Fenotsiry, FG2, DBR)

« Je ne connais pas vraiment les conditions de don de sang. » (Nenisoa, Interv. ND)

Les participants ont évoqué que la sensibilisation sur le don de sang est insuffisante et il y a des améliorations à faire sur ce sujet si on veut encourager les gens à le faire bénévolement.

« Je trouve que la sensibilisation n’est pas encore suffisante. » (Liva, Interv.,ND)

« … je vois que les sensibilisations (sur le don de sang) manquent et elles ne sont pas claires. Elles ne passent pas bien… » (Feno, FG2, DBR)

« Une personne fera un don de sang lorsqu’elle sera correctement sensibilisée. » (Nenisoa, Interv. ND)

3. Facteurs socioculturels

vii. Mentalité

Les participants ont indiqué que la détérioration progressive de la mentalité basée sur le principe du« fihavanana », dont l’entraide fait partie, constitue un obstacle potentiel au don de sang bénévole.  Cet esprit d’entraide est actuellement remplacé par l’attente de contrepartie à chaque acte entrepris et cela se voit également dans le domaine du don de sang.

« Le premier obstacle (au don de sang) est notre culture actuelle …Les Malagasy tendent vers la matérialisation de tout ce qu’ils font. »(Faly, FG1, ND)

« Les ‘‘mercenaires’’ (des intermédiaires) existent toujours. Chaque fois qu’une personne veut du sang gratuitement, ils prennent tout de suite le relai. Je te donne (du sang) et en échange tu me paies… c’est comme du commerce. Le « fihavanana » malagasy ne tient plus. » (Falikely, FG2, DBR).

En outre, beaucoup de Malagasy ne sont prêts à donner du sang qu’en cas de force majeure, comme quand lorsqu’on a urgemment besoin de transfusion sanguine pour un membre de la famille ou un proche.

« Les gens ne donneront jamais de sang gratuitement, à moins qu’ils aient (par exemple) un parent malade ou que quelqu’un les engage pour vous donner du sang au lieu de le remplacer gratuitement… C’est la mentalité des gens d’aujourd’hui ! » (Fenosoa, FG2, DBR).

viii. Préoccupations quotidiennes La vie quotidienne peut être bien remplie avec des responsabilités familiales, professionnelles, scolaires ou autres. Les personnes peuvent se sentir débordées par leurs différents engagements, rendant difficile la recherche de temps pour rejoindre le centre de don de sang pour suivre le processus de don de sang bénévole.

« Ce qui arrive à la plupart des Malagasy c’est le stress et la recherche de nourriture, la tension artérielle et tout ce qui va avec. » (Zoto, Interv., DBR)

« Ce n’est pas qu’on n’est pas prêt à donner du sang mais à cause des obligations, on n’a pas le temps d’y aller. » (Nenisoa, Interv., ND)

4. Facteurs contextuels

ix. Conséquences  de la pandémie du COVID-19

Les participants ont évoqué les effets de la COVID-19 comme une entrave à la participation au don de sang bénévole. La crise sanitaire mondiale a entraîné des restrictions de déplacement pour limiter la propagation du virus et qui ont découragé les donneurs de sang à contribuer comme ils le faisaient régulièrement.

« A cause du COVID, beaucoup ont fait marche arrière. Une des raisons est la façon d’entrer à l’hôpital, vu qu’il y a du virus » (Jaona, Interv., DBR)

« Nous sommes toujours en période de COVID, certaines personnes pensent que le fait d’aller à l’hôpital pour donner leur sang peut être un facteur de contamination au virus de COVID. Alors, c’est mieux de ne pas y aller. » (Falibe, FG3, ND)

La pandémie a également entrainé le renforcement de la sécurité de l’hôpital où se trouve le CRTS. Les donneurs de sang doivent se soumettre aux nouvelles règles de sécurité, affectant ainsi leur souhait de donner du sang.

« Il y a un grand changement au niveau de la sécurité. Certaines règles strictes sont appliquées, alors le donneur désiste » (Falitiana, FG1, ND)

IV- DISCUSSION

Les études réalisées sur les facteurs influençant le don de sang bénévole à Madagascar en général sont encore peu nombreuses, et à notre connaissance, celle-ci en est la première de ce type réalisé au niveau des CRTS Analamanga et Boeny. La présente étude avait pour objectif d’identifier les facteurs influençant les dons de sang bénévoles à Madagascar.  Les résultats avaient révélé différents facteurs qui favorisaient ou limitaient le don de sang bénévole dans ces régions. La connaissance de ces facteurs pourrait nous permettre de cibler les niveaux où nous devrions agir afin d’accroître la participation au don de sang bénévole et de réduire les facteurs limitant cet acte.

Pour les facteurs qui favorisent le don de sang bénévole, nos résultats ont montré que les gens donnent leur sang lorsqu`ils perçoivent des satisfactions en rendant service à eux-mêmes et aux autres quand ils donnent bénévolement leur sang. Ce constat rappelle ce qui a été rapporté par l’étude menée par Doumbia I. [12]. C’étaient des satisfactions morales d’avoir rendu service à une autre personne en lui donnant leur sang qui était les plus rapportées. Les donneurs avaient l’impression d’avoir effectué des actes de « sauvetage » de la vie de personnes en situation de danger pouvant être mortelle et d’acte de « bienfaisance ».Une enquête menée auprès de donneurs avait confirmé que considérer le don de sang comme un acte de bienfaisance constituait un facteur prédisant leur intention de participer à un don de sang [13].  Dans une enquête comparant le don de sang avec d’autres actes pro sociaux, des chercheurs ont constaté que le rôle de la bienfaisance dans le domaine du don de sang est particulier. En effet, le don de sang diffère de beaucoup d’autres types de comportement d’aide en raison de son coût personnel élevé » [12].

Notre étude a révélé également que la conviction personnelle de voir le don de sang comme un acte bénéfique pour soi-même motive les donneurs à donner leur sang, de façon régulière. Ce facteur a été retrouvé et rapporté par une étude menée au Maroc affirmant que les intérêts personnels sont des facteurs motivant le don de sang. Nous avions trouvé que des améliorations sont nécessaires dans le fonctionnement des structures assurant la transfusion sanguine. Si certains participants ont exprimé leur satisfaction en matériels et équipements utilisés dans ces structures, d’autres sont exprimées leurs inquiétudes concernant l’accueil et le traitement réservé aux donneurs lors de leur venue au centre de collecte de sang. Les résultats de l’étude ont soulevé les impacts de la qualité de l’accueil sur le choix de donner du sang ou de le continuer s’ils l’ont déjà fait. En fait, un mauvais accueil influence négativement la venue des donneurs de sang au niveau des centres de transfusion sanguine. Nous nous associons aux résultats trouvés par d’autres chercheurs sur le fait que le mode d’accueil est une condition importante si on veut attirer les gens à participer au don de sang bénévole [8]. Cependant, certains participants avaient déclaré qu’ils ont été bien accueillis durant leur don de sang et que cela les a encouragés à revenir. Ces cas peuvent être pris comme exemple pour tous les CRTS et les personnels qui y travaillent. Nous sommes convaincus que les approches centrées sur l’humanisation des soins devraient être appliquées dans le secteur de la santé, en général et au niveau des structures assurant le don de sang, en particulier [14].

Un autre facteur qui freine le don soulevé par les participants était l’insuffisance de la sensibilisation des donneurs potentiels. Une étude menée à Bamako au Mali soulignait l’importance de la sensibilisation de la population au sujet du don de sang, son insuffisance créa une situation de non-confiance pour les donneurs de sang [12]. Non seulement cette sensibilisation est insuffisante dans la présente étude mais elle a également besoin d’être ajustée dans ses contenus, ses méthodes et ses cibles. Les messages véhiculés dans les activités de sensibilisation en matière de don de sang, impacteraient positivement la situation du don de sang et de ce fait, ils avaient besoin d’être améliorés. On devrait inclure dans le contenu de la sensibilisation la gestion des facteurs individuels comme la peur et les angoisses avant le prélèvement. Elles pourraient empêcher les donneurs à ne pas ou ne plus revenir donner leur sang. Cette peur et cette angoisse pourraient être gérées par des messages clairs et rassurants disant que le don de sang est inoffensif. Nous avons besoin d’insister sur certains points comme les avantages découlant du don de sang dont, entre autres, ceux concernant les avantages pour la propre santé des donneurs évoqués par nos participants. Si on arrive à convaincre les donneurs potentiels qu’ils peuvent tirer profit de cet acte, ils seront plus motivés de le faire. C’est également dans la sensibilisation qu’on devrait mener des actions d’éducation des donneurs potentiels sur leur insuffisance de connaissances sur le don de sang. L’insuffisance d’information occasionne les désinformations et engendrent une situation contradictoire à la réalité, surtout dans les pays en voie de développement. A Madagascar, surtout à la campagne, la croyance et les rumeurs sur les soi-disant « mpaka ra, mpakafo » qui sont de sortes de trafiquants de sang ou d’organes persistent toujours, rendant difficile la persuasion des gens à participer au don de sang. Le rapport de l’OMS œuvrant dans un pays africain a affirmé que la rumeur qui tourne autour du don de sang et autour des donneurs occupe une place non négligeable en matière de gestion d’un centre de transfusion sanguine car elle favorise la réticence de la population au don de sang. Il faut donc déconstruire les préjugés et les rumeurs autour du don de sang si on veut faire participer et fidéliser les gens au don de sang bénévole [15].

Le changement de mentalité sur le don de sang, la gestion des facteurs socioculturels comme les rumeurs qui circulent autour du don de sang et sur la gestion du temps face aux préoccupations quotidiennes de chacun sont autant d’autres facteurs qui nécessitent une certaine éducation à travers la sensibilisation. Concernant la méthode de sensibilisation, une autre approche qui mériterait d’être mise en œuvre chez nous est la sensibilisation basée sur la communication interpersonnelle pour véhiculer les informations. Cette approche a été déjà utilisée ailleurs et a montré sa rentabilité [16]. De même, les réseaux sociaux sont aussi un moyen de motiver chacun à donner du sang, ils attirent tout le monde [17].

Cette étude a révélé également que la corruption est un facteur important influençant le don de sang. Nous avons trouvé qu’elle décourage les gens à faire le don de sang bénévole, pourtant il n’existe pas encore de moyen mise en place pour y remédier. Même ceux qui en sont témoins ou victimes n’osent pas toujours dénoncer cet acte condamnable rendant difficile les mesures pour sanctionner leurs commanditaires. En constatant la véracité ou non de la corruption, les gens ont tout simplement cessé de donner leur sang. La corruption est endémique à Madagascar, le pays tient un score inférieur à la moyenne avec une Indice de Perception de la Corruption dans le secteur public de 26/100, ce qui le met à la 142e place sur 180 pays [18].Le problème de corruption est difficile à cerner car ses facteurs de survenue font partie des problèmes systémiques complexes. Une solution que nous voudrions proposer est la mise en place de boîte de doléances dans les formations sanitaires, afin de collecter des idées pragmatiques venant des usagers pour faire face à ce fléau global.

La pandémie de COVID-19 a entraîné des conséquences importantes, souvent dévastatrices, sur la vie de l’humanité dans son ensemble et le secteur don de sang n’a pas fait exception. Nous avons vu que la pandémie a affecté négativement le don de sang en raison des nouvelles mesures de sécurité qui s’imposaient pour limiter la propagation de la maladie.  Ce que nous avons vécu lors de cette pandémie devrait nous servir de leçon pour l’avenir afin que nous nous y préparions mieux.

Limites de l’étude :

Nous ne pouvons pas ignorer le risque de biais de réponse face à l’enregistrement de son avec le dictaphone manuel. Bien que les objectifs aient été informés aux interviewés avant la prise de son, la plupart d’entre eux était méfiante. Ce qui entrave les réponses attendues. L’enregistrement était fait en malagasy, notre langue maternelle, ce serait possible de tout traduit en français et il semble d’avoir le biais de traduction. Aussi, l’analyse est basée sur la transcription textuelle, alors que le geste ne peut pas être traduit en texte mais il est signifiant.

V- CONCLUSION Les facteurs influençant le don de sang bénévole identifiés dans cette étude sont multiples. Des mesures qui peuvent être regroupés en trois axes principaux doivent être considérés si on veut accroître la participation des donneurs potentiels au don de sang bénévole: 1) l’amélioration du fonctionnement des structures de collecte et de distribution du sang : qualité de l’accueil, lutte contre la corruption ; 2) l’amélioration et le renforcement de la sensibilisation en faveur du don de sang bénévole dans ses contenus, ses méthodes et ses cibles ; 3) de meilleures préparations pour faire face aux éventuelles catastrophes sanitaires.  

VI- REFERENCES

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  15. Organisation Mondiale de la Santé. Le don de sang, «un acte de solidarité ». RDC. 2022. https://www.afro.who.int/fr/countries/democratic-republic-of-congo/news/le-don-de-sang-un-acte-de-solidarite (consulté le 06 sept 2022)
  16. Salomon BA, Joris LL Obstacles au don bénévole de sang dans la population de Kisangani en République Démocratique du Congo. Pan Afr Med J. 2014 ; 17 : 306.https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4198264/ (consulté le 24 août 2022)
  17. Bhuiyea MSH, Faiyaz SR, Jaman N, & Uddin MJ. (2022). Factors influencing voluntary blood donation practice among university students of Bangladesh. Transfusion and Apheresis Science. 2022;61(4):103379. https://doi.org/10.1016/j.transci.2022.103379 (consulté le 31 août 2023)
  18. Sarah T. Madagascar : résultats du rapport de Transparency International. 2023 –https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230201-madagascar-les-r%C3%A9sultats-du-rapport-de-transparency-international-sur-la-corruption-divisent (consulté le 24 mars 2023)

Facteurs de risque individuels et sociaux d’infection par le virus de l’immunodéficience humaine chez les femmes enceintes à Madagascar: une étude cas-témoin.

Revue Sciences Santé | Non classé

Facteurs de risque individuels et sociaux d’infection par le virus de l’immunodéficience humaine chez les femmes enceintes à Madagascar: une étude cas-témoin.

Individual and social risk factors for human immunodeficiency virus infection among
prégnant women in Madagascar: a case-control study

Auteurs:

Rahantanirina LR 1 , Rakotonandrasana HD 1 , Gottot S 1,2

1  Université de Mahajanga, Madagascar
2  Université Paris-Diderot Paris 7, France

Résumé: A Madagascar la prévalence globale de VIH/sida est faible mais en augmentation et nécessite le renforcement des stratégies de prévention. Le but de cette étude était de déterminer les profiles des femmes enceintes et des mères en relation avec leur statut sérologique au VIH/sida. Matériel et méthodes: Une étude cas-témoin multicentrique utilisant un questionnaire semi-structuré était menée du 1er septembre 2011 au 31 décembre 2015 au niveau de six régions de Madagascar. Les répondantes étaient des femmes enceintes et mères, testées au VIH/sida du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2015. Les cas, séropositives (Gr1), étaient recrutés au niveau des centres hospitaliers et les témoins, séronégatives (Gr2), étaient recrutés pendant la consultation prénatale. L’effectif déséquilibré de 100 cas pour 200 témoins a été adopté.

Résultats: Dans les 2 groupes, la majorité était âgée de 25-34 ans. Dans le Gr1, 67.0% vivaient en couple contre 87.0% du Gr2 (p<0,01) ; avec trois fois plus de femmes à faible niveau d’éducation chez le Gr1 comparé au Gr2 (p<0,010). Dans le Gr1, 13% étaient primipares et 11% des séropositives étaient sans traitement au moment de l’enquête. D’après l’analyse par régression, vivre au sein d’une grande famille, avoir un revenu familial mensuel raisonnable, ne pas boire d’alcool, seraient des facteurs protecteurs. La valeur de Nagelkerke R2 était de 0,251.

Conclusion: Les séropositives étaient jeunes, généralement mariées, de faibles revenu et niveau d’éducation. La réorientation et le renforcement des stratégies de prévention s’avèrent nécessaires.

Mots-clés: VIH, Femmes infectées, Profiles, Facteurs de risque, Prévention

Abstract: The overall prevalence of HIV:SIDA is low in Madagascar but increasing. Determining the profiles of HIV infected women was essential for the management and prevention strategies. The aim of this study was to identify the demographic, economic and clinical profiles of pregnant women and mothers according to their HIV/AIDS serological status.

Materials and Methods: A multicenter case-control study was conducted, from September 1st, 2011 to December 31st, 2015, in 6 regions of Madagascar. A semi-structured questionnaire was administered to collect data. Respondents in the case group (Gr1) were pregnant women and mothers positive HIV/AIDS, recruited from the HIV treatment center. The control group (Gr2), were HIV/AIDS negative women, recruited during their prenatal consultations. The unbalanced size of 100 cases for 200 controls was adopted for this study.

Results: The age group of 25-34 years was the most represented in both groups. Sixty seven per cent of women were in couples in Gr1 against 87.0% in Gr2 (p< 0.001). There were three times more women with low level of education among the Gr1 compared to Gr2 (p < 0.01). In the Gr1, 13% were primiparous, and 11% were not yet under treatment at the moment of the survey. Regression analysis showed that for the Gr1 women, living in a large family (Exp ( B) = 0.468, p = 0.02); having reasonable monthly family income (Exp (B ) = 0.434, p = 0.014), not abusing alcohol beverage (Exp (B ) = 0.231, p< 0.01) were protective factors. The Nagelkerke’s value was 0.251.

Conclusion: HIV/AIDS-positive women were young, most of them were married, with low socioeconomic status and low level of education. Reorientation and strengthening prevention strategies are needed to reduce the Mother-to-Child Transmission. Keywords: HIV, Infected Women, Profiles, Risk factors, Prevention

 

INTRODUCTION
Depuis sa première description il y a une trentaine d’années jusqu’à ce jour, l’infection par le Virus Immunodéficience Humaine (VIH) responsable du syndrome d’immunodéficience humaine (sida) constitue un problème majeur de santé publique dans le monde, et le bilan a été lourd avec plus de 35 millions de décès. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’estimation en 2016 faisait état de plus de 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH (PVVIH), 1,8 millions de personnes nouvellement infectées et 1 million de décès |1].

La région africaine de l’OMS était la plus touchée avec 25,7 millions de PVVIH en 2017 et où étaient concentrées plus des deux-tiers de l’ensemble des nouvelles infections par le VIH dans le monde [2].
En 2018, à l’échelle mondiale, 1,7 millions d’individus étaient nouvellement infectés par le VIH, et chaque semaine, environ 6000 jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans étaient infectées par le VIH. En Afrique Subsaharienne, parmi les adolescents de 15 à 24 ans, quatre nouvelles infections sur cinq touchaient les filles, et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans étaient deux fois plus susceptibles de vivre avec le
VIH que les hommes [3].

Par ailleurs, en 2017, 59% de nouvelles infections rencontrées chez un million d’adultes supérieur ou égale à 15 ans étaient des femmes, tandis que dans les autres régions, environ 63% des 650000 cas estimés étaient des hommes nouvellement infectés [4].

De nombreuses études avaient rapporté divers facteurs de risque de l’infection par le VIH chez les femmes, parmi lesquels ont été identifiés le manque d’éducation, le statut de femmes non mariées, le veuvage et le divorce, l’inégalité du genre, la violence, l’abus d’alcool, un faible revenu et la pauvreté sont fortement associés à un risque accru d’infection au VIH et d’évolution de la maladie [5-13].

Face à ce fléau, l’OMS a établi une stratégie de riposte contre l’infection au VIH/sida
qui vise de faire en sorte que:

  • 90% des PVVIH connaissent leur statut sérologique,
  • 90 % des personnes infectées par le VIH, diagnostiquées, reçoivent un
    traitement antirétroviral et
  • 90% des PVVIH recevant un traitement antirétroviral n’aient plus de charge
    virale
  • moins de 500 000 nouvelles infections à VIH, et à
  • zéro nouveau cas d’infection chez les nouveau-nés [14].

Ces dernières années, des progrès remarquables ont été enregistrés sur plusieurs aspects de la lutte contre le VIH/sida, notamment la réduction des décès, l’augmentation des accès aux traitements antirétroviraux (ARV), la prévention de nouvelles infections y compris la réduction de la transmission mère-enfant.

En effet, depuis 2010, suite à une amélioration de l’accès aux services de soins et à l’augmentation du nombre de femmes enceintes vivant avec le VIH ayant bénéficié de traitements antirétroviraux, les nouvelles infections à VIH chez les enfants ont diminué de 41% : de 280 000 en 2010 à 160 000 en 2018 [3].

Madagascar demeure un des rares pays du monde, voire de la région sub-saharienne, à avoir une prévalence relativement faible au sein de la population générale avec un taux à 0.3% [15].

Par ailleurs, chez les femmes enceintes, la prévalence du VIH/sida reste inférieure à 1% (0,15% en 2005 et 0,09% en 2010). Toutefois, depuis 2010, une modification du profil de l’épidémie à VIH était notée, de l’épidémie naissante à une épidémie concentrée, avec une prévalence du VIH à 14,9% chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et 8,5% chez les consommateurs de drogues injectables (CDI).

En 2018, selon les données de l’ONUSIDA à Madagascar, 12000 (9000-16000) femmes âgées de plus de 15 ans vivaient avec le VIH, tandis que 1100 (<1000-1600) femmes enceintes nécessitaient un traitement ARV pour la prévention de la transmission mère-enfant, et le nombre d’enfants de 0 à 14 ans nouvellement infectés était inférieur à 500 [16]. En corollaire, afin de réduire le nombre de nouvelles infections, le plan stratégique national de réponse aux infections sexuellement transmissibles et au sida pour la période de 2013 à 2017 a préconisé des mesures de prévention combinées, et, les plus fortement recommandées ont été le dépistage et le « conseil VIH » pour les populations les plus exposées aux risques de transmission.

Les personnes informées sur les résultats du dépistage et ayant bénéficié de séances de conseils
sont censés réagir et demandés plus rapidement l’accès aux soins [17]. Cependant, le fait de connaître les caractéristiques de la population ciblée est de mise dans la réussite des activités de prévention. Toutefois, force est de constater l’insuffisance de connaissance et d’informations sur les caractéristiques associées à leur profil sérologique dans le pays et la rareté voire l’absence des études réalisées sur ce sujet.

Pourtant, ces informations font partie intégrante des éléments indispensables à la définition des différentes stratégies de prévention. Ce constat justifie le choix de cette étude dont l’objectif principal était de déterminer les caractéristiques socio-démographiques, économiques et cliniques des femmes
enceintes et des mères malagasy liées à leur statut sérologique au VIH/sida.

II. METHODES :
Lieux d’étude :
La méthode de choix raisonnée a été adoptée pour la sélection des régions d’étude, basée sur la disparité spatiale selon les quatre points cardinaux, la disparité des modes de vie, des us et coutumes, les coûts de l’enquête proprement dits.

Les 6 régions sélectionnées pour l’étude ont été : Analamanga sur les hautes terres au centre, Analanjirofo et Atsinanana à l’est, Atsimo-Andrefana : au sud, et Boeny et Menabe, à l’ouest de Madagascar.

Type d’étude :
Il s’agissait d’une étude de type cas-témoin multicentrique.

Population d’étude :
La population d’étude était composée de femmes enceintes et mères ayant déjà effectué le test au VIH et ayant eu connaissance du résultat.

Les cas ou Groupe1 (Gr1) étaient représentés par toutes les femmes enceintes ou mères ayant eu un statut sérologique positif au VIH, diagnostiquées du 1 er janvier 2011 au 31 décembre 2015 connu avant ou pendant la grossesse, au cours ou après l’accouchement ou pendant la période d’allaitement, et ayant reçu ou non un traitement ARV, enregistrées au niveau des centres de référence des hôpitaux publics et privés, ou au niveau des Associations du Réseau MAD’AIDS.

Les témoins ou Groupe 2 (Gr2) étaient des femmes enceintes diagnostiquées séronégatives au VIH, au cours de la consultation prénatale pendant la même période que les témoins, enregistrées au niveau des CSB publics sis dans la même localité que les centres de référence et les associations du Réseau MAD’AIDS. MAD’AIDS est un réseau national malgache d’associations de prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et des associations de lutte contre le VIH et le SIDA.

Les femmes enceintes et mères séropositives ou séronégatives ayant présenté des problèmes pouvant nuire à la réalisation de l’enquête tels que : état de surdité et ou de mutité, problème psychiatrique, et les femmes enceintes ou accouchées n’ayant pas fait de test de dépistage, ont été exclues de l’étude. L’effectif déséquilibré avec 1 cas pour 2 témoins a été adopté.

Collecte des données :
Un questionnaire semi-structuré à administrer par interview, en langue malagasy, était utilisé pour la collecte des données. Le même questionnaire a servi pour les cas et les témoins.
Les items concernaient les facteurs socio-démographiques, économiques et sanitaires. Une approche à différents niveaux a été réalisée pour mettre en place les préparatifs de l’enquête, à l’issue de laquelle, il a été convenu que l’enquête des femmes séropositives doit être réalisée par les agents qui sont en charge de leur suivi clinique ou de leur suivi psycho-social.

Après plaidoyer et autorisation du Directeur du Centre Hospitalier de rattachement de la référence pour les PVVIH, et par la suite auprès du médecin référent dudit centre, un recensement à partir du registre de suivi médical des PVVIH a été effectué par le médecin référent ; par la suite, les femmes séropositives suivies au niveau de ces centres de référence ont été interviewées au cours d’une séance de suivi médical par le médecin référent qui s’occupe de leur traitement et de leur suivi médical. Aux fins de réaliser l’interview des femmes séropositives non suivies au centre de référence, un autre plaidoyer a été effectué auprès de la présidente du réseau MAD’AIDS auquel sont rattachées les associations « Finoana – Fanantenana – Fitiavana » ou FIFAFI (Foi – Espérance – Amour), en charge de l’accompagnement psycho-social des PVVIH, puis auprès du président de chaque association régionale FIFAFI sise dans chaque région d’étude.

A l’issue de ces plaidoyers, il a été convenu que l’interview des femmes séropositives affiliées à ces associations a été effectué soit au bureau, soit au cours d’une visite à domicile par le président des FIFAFI pour les membres de son association, par ailleurs, une recherche active des perdues de vues a été organisée.

Tandis que l’enquête des témoins, femmes séronégatives, a été effectuée par le médecin responsable au niveau de chaque Centre de Santé de Base (CSB) concerné.

Analyse des données 
Les données collectées ont été saisies et traitées à l’aide du Logiciel Statistical Package for Sociological Science (SPSS) for Windows, version 21.0. Les effectifs et pourcentages ont été utilisés pour décrire les profils sociodémographiques et les facteurs prédictifs. Par ailleurs, pour identifier les facteurs qui sont associés indépendamment à l’infection au VIH, le test de Chi 2 a été utilisé pour comparer les
pourcentages de chaque variable. Une valeur de p<0,05 a été considérée comme
significative.

Une analyse multivariée par la régression logistique a été appliquée pour identifier les facteurs les plus incriminés dans cette association. Dans ce modèle toutes les variables avec un Chi 2 à p<0,05 ont été incluses comme variables indépendantes.

Considérations éthiques
Le protocole de recherche a reçu l’approbation du comité national d’éthique suivant lettre N° 035-MSANP/CE du 10 Avril 2013. Durant tout le processus de l’étude, les droits de la personne ont été respectés.

Avant chaque interview, les objectifs de l’étude ont été expliqués aux répondantes et leur consentement à participer à l’étude, écrit et signé, a été demandé. L’interview s’est déroulée dans un endroit discret pour garantir la confidentialité des propos des participantes dont chaque identité a été remplacée par un code. Le libre choix d’interrompre la participation à tout moment a été expliqué et les femmes ont été rassurées que cette décision n’aura aucun impact sur la qualité de la prise en charge clinique. Les données collectées et les informations recueillies sur ordinateur ont été protégées et verrouillées dont le seul détenteur du mot de passe a été l’investigateur principal.

De même, les fiches de consentement signées et les questionnaires remplis ont été enfermées dans une armoire dont le seul détenteur de la clef était l’investigateur principal.

III. RESULTATS
Toutes les femmes enquêtées ont pris connaissance des résultats de leur dépistage au VIH/sida. De ce fait, les 100 cas de notre étude (VIH+), étaient des vrais positifs et les 200 témoins (VIH-) étaient des vrais négatifs au moment de l’étude.

Le tableau 1 montre le profil sociodémographique des femmes séropositives au VIH comparé à celui des femmes séronégatives. La tranche d’âge de 25-34ans a été la plus représentée dans les deux groupes et sans différence significative. Toutefois, il fut aussi noté que 46% des femmes séropositives étaient âgées de 25-34 ans et que plus des deux tiers vivaient en milieu urbain. Le nombre de personnes vivant sous le même toit que les femmes enquêtées n’était pas statistiquement lié à leur statut sérologique. Une différence statistiquement significative a été trouvée entre le statut marital de la femme et le statut sérologique.

En effet, 67,0% des femmes séropositives au VIH vivaient en couple contre 87,0% chez le groupe des séronégatives (p<0,001). De plus, les résultats ont montré qu’il y avait trois fois plus de femmes de faible niveau d’éducation chez le Gr1 comparé au Gr2. (p<0,010). Près des deux tiers du Gr 1 vivaient dans des maisons construites avec des matériaux locaux et 3% était sans domicile fixe contre respectivement 56% et 1% du Gr2. (p<0,05).

Le fait de vivre dans une habitation construite avec des matériaux locaux a été choisi comme une des variables économiques. D’après le tableau 1, le nombre d’enfants et de personnes vivant au sein du même ménage n’avait pas été statistiquement associé aux caractéristiques des femmes enquêtées selon leur profil sérologique. Par contre, le fait de vivre au sein de la famille élargie a été considéré comme un facteur protecteur (OR à 0,543 [IC = 0,332 – 0,888]).
De plus, les résultats ont montré qu’il y avait trois fois plus de femmes de faible niveau d’éducation chez le Gr1 comparé au Gr2. (p<0,010). Près des deux tiers du Gr1 vivaient dans des maisons construites avec des matériaux locaux et 3% était sans domicile fixe contre respectivement 56% et 1% du
Gr2. (p<0,05).

Le fait de vivre dans une habitation construite avec des matériaux locaux a été choisi comme une des variables économiques. D’après le tableau 1, le nombre d’enfants et de personnes vivant au sein du même ménage n’avait pas été statistiquement associé aux caractéristiques des femmes enquêtées selon leur profil sérologique.

Par contre, le fait de vivre au sein de la famille élargie a été considéré comme un facteur protecteur (OR à 0,543 [IC = 0,332 – 0,888]). Les habitudes de consommation de boissons alcoolisées ont été significativement plus fréquentes chez les femmes séropositives comparées aux séronégatives OR=4,846 [IC = 2,243 – 10,470]. L’usage de drogue a été avoué par 5 femmes enquêtées, dont 4 dans le Gr 1.

Tableau 1 : Profil sociodémographique des participants à l’étude

Variables VIH (+) N (%)VIH (-) N (%)p
Groupe d’âge15-24 ans34(34,0)84(42,0)>0,05
  25-34 ans46(46,0)92(46,0) 
 35-44 ans20(20,0)24(12,0) 
UrbanisationUrbain87(87,0)167(83,5)>0,05
 Rural13(13,0)33(16,5) 
Vit en coupleOui67(67,8)174(87,0)<0,001
 Non33(33,0)26(13,0) 
Vit avec la familleVit seule4(4,0)1(0,5)<0,05
 Famille nucléaire53(53,0)135(67,5) 
 Famille élargie36(36,0)53(26,5) 
 Plus tierce personne7(7,0)11(5,50) 
Niveau d’éducationPas de réponse16(16,0)10(5,0)<0,01
 Primaire26(26,0)50(25,0) 
 Collège 36(36,0)73(36,5) 
 Lycée,9(9,0)39(19,5)* 
 Universitaire13(13,0)28(14,0) 
Type de logementConstruction en dur26(26,0)85(42,5)<0,05
 En matériaux locaux71(71,0)112(56,0) 
 Sans domicile fixe3(3,0)3(1,5) 
Nombre d’enfantsAucun18(17,0)26(13,0)>0,05
 1 à 3 enfants72(72,0)155(77,5) 
 + de 4enfants11(11,0)28(14,0) 
Nombre de personnes vivant sous le même toit01 personne4(4,0)2(1,0)>0,05
 2-4 personnes62(62,0)125(62,5) 
 5-7 personnes31(31,0)58(29,0) 
 8-10 personnes1(1,0%)10(5,0) 
 11personnes et +2(2,0)5(2,5) 
Dans quel secteur d’activité travaillez-vous?Secteur primaire39(39,0)59(29,5)>0,05
 Secondaire8(8,0)22(11,0) 
 Tertiaire22(22,0)34(17,0) 
 Sans profession31(31,0)85(42,5) 
Mari a un travailOui66(66,0)172(86,0)<0,001
 Non34(34,0)28(14,0) 
Revenu familial mensuel<70 000Ariary51(51,0)49(24,5)<0,001
 70 000-200 000Ar + de 200 000Ar23(23,0) 26(26,0)76 (38,0) 75(37,5) 
Avez vous le droit de hériter au sein de votre famille?Oui61(61,0)155(75,5)<0,01
 Non31(31,0)31(15,5) 
 Ne sais pas8(8,0)14(7,0) 
Habitudes de consommation de boisson alcooliséeOui22(22,0)11(5,5)<0,001
 Non78(78,0)189(94,5) 

Indicateurs Sanitaires (Profil clinique)
Le Tableau 2, montre que la majorité des femmes enquêtées habitaient dans un rayon de moins de 5 km autour des centres de soins de santé de base à peu de différence pour les deux groupes (85% des Gr1 contre 93% du Gr2) avec p<0,05. Au moment de l’enquête, seul 46% des femmes du Gr1 avaient rapporté être sous traitement spécifique pour infection au VIH.

Toutefois, 24% du Gr1 ont ignoré sous  quel type de traitement elles ont été soumises et au total 11% ont répondu ne pas  être sous traitement quel qu’il soit au moment de l’investigation. Les deux groupes
n’étaient pas différents du point de vue statistique selon leur choix du lieu d’accouchement. Parmi les femmes ayant déjà accouché, la fréquence de césarienne a été deux fois plus élevée chez les Gr1 comparé au Gr2. (p&lt;0,05).
Treize femmes du Gr1 et 22 femmes du Gr2 étaient enceintes de leur premier enfant au moment de l’enquête. Interrogées sur l’issu de leur accouchement, la mortinatalité, la mortalité néonatale, et la mortalité infantile ont été plus fréquentes chez le Gr1 alors que ces situations ont été quasi inexistantes chez les femmes du Gr2.

Tableau 2 : profil clinique

 
 Groupe d’étudep
VIH positifVIH négatif
A quelle distance du centre de santé de base (CSB) vivez-vous?<5 km85(85,0)187(93,5)<0,01
 6-10 km9(9,0)12(6,0) 
 >10 km6(6,0)1(0,5) 
Quel type de traitement  aviez-vous reçu ?Traitement spécifique pour PV VIH40(40,0)0(0,0)<0,001
 Autres médicaments19(19,0)85(42,5) 
Ne sait pas24(24,0)6(3,0) 
ARV + autres médicaments6(6,0)0(0,0) 
Sans traitement11(11,0)109(54,5) 
Où avez-vous accouché de votre bébé?Au Centre de santé66(66,0)142(71,0)>0,05
 En dehors des centres de santé21(21,0)36(18,0) 
 En attente d’accouchement (primipare)13(13,0)22(11,0) 
Comment avez-vous accouché de votre bébé?Voie vaginale59(59,0)167(83,5)<0,05
 Césarienne27(27,0)11(5,5) 
 Autre1(1,0)0(0,0) 
 En attente d’accouchement (primipare)13(13,0)22(11,0) 
Quel a été l’issue de votre accouchement?Eu un bébé73(73,0)177(88,5)<0,001
 Mortinatalité2(2,0)1(0,5) 
 Mortalité néonatale5(5,0)0(0,0) 
 Mortalité infantile (décédé)6(6,0)0(0,0) 
 Avortée1(1,0)0(0,0) 
 En attente d’accouchement (primipare)13(13,0)22(11,0)

Indicateurs de libre choix
La différence de distribution des réponses selon leur droit de prise de décision concernant leur vie personnelle, leur propre santé, l’avenir de leur enfant ont été en faveur des femmes du Gr1 (Tableau 3)

Tableau 3: Distribution des répondantes selon leur droit de prise de décision concernant leur vie personnelle, leur propre santé, l’avenir de leur enfant

ItemsRéponsesVIH positifVIH négatifp
  N(%)N(%) 
Etes-vous responsable de la prise de décision concernant votre vie personnelle?   <0,010
 Oui75(75,0)120(60,0) 
 Non23(23,0)79(39,5) 
 Ne sais pas2(2,0)1(0,5) 
Etes-vous responsable de la prise de décision concernant propre sante?   <0,010
 Oui84(84,0)142(71,0) 
 Non16(16,0)58(29,0) 
Etes-vous responsable de la prise de décision concernant l’avenir de votre enfant?     <0,010
 Oui73(73,0)122(61,0) 
 Non24(24,0)77(38,5) 
 Je ne sais pas0(0,0)1(0,5) 
 Je n’ai pas d’enfant3(3,0)0(0,0) 

Facteurs associés :

L’analyse par régression logistique binaire (tableau 4) a été réalisée pour évaluer la relation entre l’état de séropositivité et les autres paramètres en contrôlant les cofacteurs. La variable dépendante a été l’état d’« être cas »=porteur de VIH vs d’être témoin », (être cas=1). Les paramètres qui ont montré des relations statistiquement significatives lors du test de chi2 (Tableaux 1 et 2) ont été sélectionnés comme variables indépendantes. Ces variables ont été re-codifiées en variables binaires avant de procéder à l’analyse par régression logistique binaire. Et, d’après les résultats, pour les femmes du Gr1, vivre au sein d’une grande famille (Exp(B)=0,468 ; p=0,024) ; avoir un revenu familial mensuel raisonnable (Exp(B)=0,434, p=0,014), ne pas boire d’alcool (Exp(B)==0,231, p=0,003) seraient des facteurs protecteurs mais ces variables n’expliquent pas tout car la valeur de Nagelkerke R2 était de 0,251. Autrement dit, les facteurs de risque retenus par l’analyse par régression ont été le facteur socio-familial (le fait de vivre seule ou presque), le facteur économique (revenu), et le facteur comportemental (habitude de consommation d’alcool). (Tableau 4)

Variables IndépendantesVariable dépendante (cas=1 ;témoin=0)
Exp(B)p valueIC pour Exp(B) 95%
InférieurSupérieur
Age
<25ans (vs>25ans)1,2690,710,3614,461
Statut marital
vit en couple (vs ne vit pas en couple)0,8270,6370,3751,824
Niveau d’éducation
faible (vs élevé)1,4710,2620,752,884
Situation familiale
vit en famille large (vs vit en famille nucléaire)0,4680,024*0,2430,904
Revenu mensuel
<70 000 Ariary (vs>70 000 Ar)0,4340,014*0,2230,848
Prise de décision par la femme concernant sa vie personnelle
oui (vs non)1,2830,6140,4873,383
Prise de décision de la femme concernant sa propre santé
oui (vs non)2,4660,1460,7298,339
Prise de décision concernant l’avenir de son enfant
oui (vs non)1,0740,8810,4192,755
Droit d’hériter au sein de la grande famille
oui (vs non)0,4620,044*0,2180,978
Distance entre l’habitation et le centre de soin
<à5km (vs> à 5km)2,1770,1030,8545,548
Habitude de consommation de boisson alcoolique
oui (vs non)0,2310,002**0,0910,584
 Negelkerke R20,251   

DISCUSSION

Il s’agissait d’une étude de type cas-témoin multicentrique menée dans différentes régions de Madagascar dans le but de tracer le profil sociodémographique des femmes dépistées et diagnostiquées séropositive au VIH. La distribution non significativement différente entre les cas (Gr1) et les témoins (Gr2) selon les caractéristiques démographiques a démontré que les deux groupes étaient comparables sur le plan du statut sérologique au VIH. La tranche d’âge 25 -34 ans étant la plus touchée correspond à la littérature (Grishma Chauhan, 2014) et traduit une menace grandissante de risque de transmission verticale car il s’agit de femmes en âge de procréer [18]. Sur le plan démographique il a été rapporté dans nos résultats que vivre sous le même toit qu’une famille élargie représente un facteur protecteur pour les femmes séropositives. L’importance de l’impact du support familial aux porteurs de VIH est largement reconnue. Sylva-Suarez et al, Jiet al, ont conclu que les participantes à leurs études respectives avaient rapporté que la famille est une composante essentielle de leur vie et de traitement [19, 20]. Les familles sont des importants supports naturels, offrant un soutien social (émotionnel et instrumental) pour les membres infectées par le VIH, au même titre que les mères et les amis proches (Bor R et al) [21].  Le soutien affectif aide à réduire le stress (Wight RG et al.) [22] et à améliorer l’adhérence au traitement du VIH (OMS) [23].

Les résultats de notre étude avaient montré que les femmes, exposées à l’infection VIH, vivaient majoritairement en couple. Ce résultat appelle à élargir les cibles et à changer l’orientation des messages, ayant visé longtemps une certaine catégorie de femmes.  L’étude de Tenkorang, menée au Lesotho et au Zimbabwe en 2014, a trouvé que les femmes mariées étaient plus susceptibles d’être infectées par le VIH, par rapport aux femmes jamais mariées au Lesotho et au Zimbabwe [24]. Les femmes mariées étaient plus nombreuses à vivre dans des habitations précaires. Ces facteurs sont attribuables à la pauvreté et dénotent la vulnérabilité des femmes appartenant à ce groupe. En effet, la cherté de la vie et le faible accès à des activités génératrices de revenu stables, représentent des facteurs qui aggravent la vulnérabilité de ces groupes de femmes. L’absence ou le faible niveau d’éducation était également identifiée comme un déterminant important, associé de manière statistiquement significative à l’infection au VIH. Ces résultats rejoignent ceux de la littérature qui ont rapporté qu’un niveau élevé d’éducation est un élément clé dans l’approche genre. La promotion de la scolarisation des adolescentes est une des meilleures stratégies de lutte contre l’infection au VIH chez les jeunes [25, 26]. Il était également démontré qu’un faible revenu mensuel du ménage et particulièrement l’absence de profession du conjoint constituent pour la femme un facteur de risque mais il n’est pas démontré dans cette étude si le problème financier est antérieur ou postérieur à l’infection au VIH. Ce constat rejoint les résultats rapportés par l’Agence de la santé publique du Canada qui ont entériné l’intensité de l’association entre un faible revenu et la pauvreté à un risque accru d’infection au VIH et d’évolution de la maladie [27]. La pauvreté aussi bien individuelle que sociétale a souvent été associée à la prévalence d’infection au VIH (Silveira et coll.) [28]. Des résultats similaires ont été rapportés par Obermeyer C et al., qui ont trouvé que le facteur économique et l’éducation sont tous deux importants facteurs prouvés statistiquement et de manière très significative, mais un niveau d’éducation élevé est le plus décisif même après ajustement à la richesse [29]. L’analyse par régression a retenu les habitudes toxiques (ici l’alcoolisme) comme étant un des facteurs de risque associés à la séropositivité. Neblett et al, dans une étude récente, ont également rapporté une prévalence élevée de consommation d’alcool chez une cohorte de femmes séropositives au VIH, un taux de 10-20% de consommation dangereuse d’alcool et dont les raisons évoquées pour la justifier étaient de gérer la douleur, les symptômes émotionnels, ou de gagner confiance en soi [30]. Pourtant, le risque majeur à craindre est le non-respect du traitement que l’état d’ébriété peut engendrer. Mais l’alcoolisme est un facteur modifiable et au vu de ces raisons évoquées, le support familial et sociétal est important pour aider ces femmes.

Cette étude présente certaines limites. Les femmes n’ayant pas été sélectionnées de façon aléatoire, on ne peut pas conclure qu’elles représentent les femmes séropositives au niveau national. Toutefois, le fait que l’étude était menée en multicentrique et les échantillons tirés des quatre coins du pays pourraient jouer en faveur d’une considération plus positive. Il y avait également le fait qu’il s’agissait d’une étude de type « cas » – « témoin », avec les désavantages connus d’une étude rétrospective qui pouvait générer entre autres, des biais de sélection des témoins et de mémorisation. Cette étude n’a pas abordé le rôle joué par le système de santé et nous ne pouvons pas apporter plus de données que le nombre de femmes diagnostiquées séropositives au VIH (11%) qui n’ont pas encore bénéficié de traitement au moment de l’enquête. Toutefois, d’après l’UNAIDS, si les jeunes femmes et les adolescentes avaient les moyens de se protéger, l’image de l’épidémie dans la région sub-saharienne aurait eu un aspect différent. Cela commence à se produire car le taux de nouveaux cas d’infections au VIH chez les jeunes femmes dans 26 pays est en diminution. Ces gains sont fragiles et doivent être soutenus [31].

CONCLUSION

La connaissance du profil sérologique des personnes infectées par le VIH est un élément fondamental dans la définition des stratégies d’approche en matière de lutte contre le, particulièrement dans la prévention. Il a été démontré que, pour les femmes séropositives au VIH ayant participé à cette étude, les facteurs économiques (revenu familial faible, précarité), le niveau d’instruction, le manque de support familial et le facteur comportemental, étaient associés à leur état de santé. Il est urgent, pour réduire la pauvreté, d’encourager la contribution des femmes dans le revenu du ménage, de favoriser l’acquisition de capacité en matière de création d’activités génératrices de revenus et de gestion domestique et de promouvoir l’éducation des jeunes filles.

Ces femmes, tout comme leurs familles et la société, ont besoin d’être rassurées. Ainsi, il est tout aussi urgent de multiplier les séances d’éducation pour la santé, de renforcer les capacités d’adaptation des familles, les relations familiales et les réseaux de soutien de la communauté locale. Il est aussi nécessaire de faciliter et de renforcer l’accès aux traitements préventifs et curatifs car l’espoir d’une possibilité de réduction de l’incidence de nouveaux cas est déjà une réalité.  

Remerciements : Nous adressons nos très sincères remerciements à tous les personnels de santé, MAD’AIDS et Associations FIFAFI des régions concernées pour leur assistance dans la collecte des données, à tous ceux qui de loin ou de près ont contribué à la réalisation de cette étude.

Conflit d’intérêt : Les auteurs ont déclaré ne pas avoir de conflit d’intérêt.

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31. UNAIDS. The Gap Report 2014.

Impacts des variations de saisons sur la tension artérielle: étude rétrospective.

Revue Sciences Santé | Non classé

Article original

VENEROZIA MARIE Théodore1,2, RAZANAMIHAJA Noeline1,2, RAJABO Antonin1,2

  1. École Doctorale Nutrition-Environnement et Santé, Université de Mahajanga
  2. Laboratoire d’Epidémiologie et Biostatistique en Santé de Populations (LabEBSP)

Résumé :

Contexte : Les nombreuses études de l’impact des variations saisonnières sur la pression artérielle, menées dans plusieurs pays, avaient rapporté l’existence de corrélation entre la température ambiante et la pression artérielle. Des valeurs de pressions artérielles plus élevées pendant l’hiver étaient rapportées. La grande majorité de ces études antérieures étaient réalisées dans des pays à grandes variations de saisons. Cette étude rétrospective avait pour objectif d’évaluer les effets des variations de températures saisonnières sur la pression artérielle. L’étude était menée dans deux villes de Madagascar : Antsirabe (dans les hautes terres) et Maevatanana (région côtière). L’hiver malgache est froid et sec tandis que l’été est chaud et humide. A Madagascar il fait plus froid au niveau des hautes terres centrales que sur les côtes. Les données étaient collectées à partir des registres des services de consultations externes et ceux des services météorologiques de 2016 à 2018. L’étude avait ciblé les patients vus en consultations externes et diagnostiqués hypertendus. Les résultats ont montré que 3490 patients étaient diagnostiqués d’hypertension artérielle durant les trois années d’étude. Leur moyenne d’âge était de 46,6 (13,7) ans et 72,1% était des femmes. A Antsirabe, la température hivernale variait en moyenne entre 7°C à 16°C tandis qu’en été, elle va de 17°C à 27°C. A Maevatanana, en hiver austral,  la température minimale était de 18°C à 24°C tandis qu’en été elle oscille entre 30°C et 33°C. D’après les données collectées 53,8% des cas avaient bénéficié  de traitement dont 90,5% par une monothérapie; 9,4% par une bithérapie et 0,05% par une tripartie. Dans les deux villes, les valeurs des pressions artérielles systolique et diastolique étaient plus élevées pendant l’hiver austral sauf en 2016. Les valeurs de la pression artérielle systolique augmentaient avec l’âge. Dans l’analyse de régression logistique bivariée, l’âge, le genre, étaient des facteurs significativement associés à l’hypertension. En conclusion, les patients hypertendus doivent surveiller leur tension artérielle plus attentivement par temps froid. Cela pourrait être particulièrement important pour les femmes et les personnes âgées. Mots clés : Tension artérielle, consultations externes, température ambiante, saisons

Abstract :Numerous studies of the impact of seasonal variations on blood pressure, conducted in several countries, have reported the existence of a correlation between ambient temperature and blood pressure. The vast majority of these previous studies were carried out in countries with large seasonal variations.Higher blood pressure values during winter were reported. This retrospective study aimed to assess the effects of seasonal temperature variations on blood pressure. The study was conducted in two cities of Madagascar: Antsirabe (highland town) and Maevatanana (city in the coastal region). The winter in Madagascar is cold and dry while the summer is hot and humid. In Madagascar it is colder in the central highlands than on the coasts. Data were collected from outpatients and from meteorological service registers from 2016 to 2018. The study targeted patients seen in outpatient clinics. The results showed that 3490patients were diagnosed with high blood pressure during the three years of study. Their average age was 46.60 (13.66) and 72.1% were women. In Antsirabe, the winter temperature varies on average between 7°C to 16°C while in summer, it was around 17°C to 27°C. In Maevatanana, during the austral winter, the temperature varies on average between 18°C and 24°C and in summer between 30°C and 33°C. According to the data collected, 53.8% of cases had received treatment, among them, 90.5% of which by monotherapy; 9.4% by a dual therapy and 0.05% by a triple therapy. In both cities, the average prevalence of cases of high blood pressure in the austral winter was higher than in the summer season except in 2016. Systolic and diastolic blood pressures were higher during the austral winter. Systolic blood pressure values increased with age. In conclusion, hypertensive patients need to monitor their blood pressure more carefully in cold weather. This could be especially important for women and the elderly.Keywords: blood pressure, outpatient visits, ambient temperature, seasons

Comment citer cet article : VENEROZIA MARIE T, RAZANAMIHAJA N, RAJABO A. Impacts des variations de saisons sur la tension artérielle à Antsirabe et à Maevatanana de 2016 à 2018 : étude rétrospective. Revue Sc  Santé. 2023 ;1 :

INTRODUCTION

Ces dernières décennies, l’hypertension artérielle (HTA) est devenue une épidémie de santé publique en plein essor où elle occupe près de la moitié de tous les problèmes de santé cardiovasculaire. Selon le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’hypertension est la principale cause de morbidité et de mortalité dans le monde. [1] Le nombre d’adultes souffrant d’hypertension est passé de 594 millions en 1975 à 1,13 milliard en 2015. C’était surtout dans les pays à revenu faible ou intermédiaire que cette hausse a été observée et c’est dans la Région Afrique de l’OMS que la prévalence de l’hypertension est la plus élevée (27 %) et dans la Région OMS des Amériques qu’elle est la plus faible (18 %). En raison de changement de mode de vie et d’urbanisation, de nombreux pays africains ont désormais une prévalence croissante de l’hypertension artérielle.  Dans les pays en développement, l’hypertension est devenue le cinquième facteur de risque de santé déficient. Environ 80% des décès dans les pays à revenus intermédiaire et faible étaient dus à la complication de l’hypertension artérielle. Parmi les facteurs qui augmentent le risque d’avoir une pression artérielle élevée figurent l’âge avancé, le bagage génétique, la surcharge pondérale ou l’obésité, le manque d’activité physique, une alimentation riche en sel, et la consommation excessive d’alcool [2]. Selon Barnett AG et al., l’hypertension artérielle est, le plus souvent, la conséquence de facteurs environnementaux défavorables, de mode de vie (consommation élevée de sodium, l’obésité) et de prédisposition génétique. D’après les auteurs, l’augmentation des températures extérieures, mais pas intérieures, a eu un effet plus fort chez les femmes que chez les hommes. L’effet de la température extérieure est resté même après le contrôle de la température intérieure [3]. De nombreux autres facteurs, y compris le temps, la saison, l’altitude élevée, le bruit et les polluants atmosphériques peuvent également contribuer à l’augmentation de la pression artérielle. Parmi les facteurs de risque environnementaux, la saisonnalité semble avoir plus d’impacts pertinents sur la tension artérielle. Selon les résultats de l’étude de Brennan PJ  et al., pour chaque groupe d’âge, de sexe et de traitement, les pressions systolique et diastolique étaient plus élevées en hiver qu’en été mais la variation saisonnière de la pression artérielle était plus importante chez les sujets plus âgés que chez les sujets plus jeunes et était très significativement liée aux mesures quotidiennes maximales et minimales de la température de l’air, mais pas aux précipitations [4]. La revue systématique de littérature conduite par Addo J et al., a rapporté que dans les pays à revenus faible et intermédiaire, la prévalence d’HTA est plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural. Et, selon les mêmes auteurs, l’hypertension est d’une importance particulière pour la santé publique en Afrique subsaharienne, en particulier dans les zones urbaines avec des preuves de sous-diagnostic, de traitement et de suivi considérables. Il est urgent de développer des stratégies pour prévenir, détecter, traiter et contrôler efficacement l’hypertension dans la région africaine [5]. Variations météorologiques et HTA : Signalée pour la première fois par Rose en 1961, la variation saisonnière de la pression artérielle a été observée par de nombreux chercheurs, et ce phénomène était noté chez des diverses populations de patients [6]. Depuis, plusieurs études ont suggéré une association entre la température de l’air ambiant et la pression artérielle. En effet, de nombreuses études ont documenté la corrélation entre la température et la pression artérielle dans divers pays chez les adultes, les personnes âgées et même chez les enfants. La variation saisonnière de la pression artérielle est accentuée chez les personnes âgées et peut expliquer en partie la plus grande mortalité par maladie cardiovasculaire des sujets âgés pendant l’hiver [7]. L’étude de Modestie PA et al, a montré  quand à elle, pour la première fois que le temps chaud est associé à une augmentation de la pression systolique la nuit chez les sujets hypertendus âgés traités [8]. Des auteurs ont trouvé également que les facteurs de risque cardio-vasculaire présentent un schéma saisonnier caractérisé par des niveaux plus élevés en hiver et des niveaux plus faibles en été. C’est devenu un phénomène bien connu que la morbidité cardiovasculaire et la mortalité augmentent en hiver et que, la pression artérielle est généralement plus élevée en hiver et plus basse en été. Le phénomène est en partie dû à la thermorégulation entrainant la vasodilatation en été, et la vasoconstriction en hiver avec un effet sur les résistances périphériques. Les résultats de l’étude de Al-Tamer YY et al., ont montré que dans les régions où des changements importants de la température diurne et la durée de la lumière du jour existent à différents moments de l’année, la tension artérielle, le cholestérol sérique et les niveaux de HDL-C changent en conséquence dans un cycle avec augmentation de la pression artérielle et du cholestérol total sérique et des valeurs de HDL-C plus basses pendant la saison la plus froide (LDL=Low density lipoproteins) [9]. Sinha P  et al., ont trouvé également une augmentation significative de la prévalence de l’hypertension en hiver par rapport à l’été et pour eux, cela implique la nécessité de tenir compte de ce facteur lors de la comparaison de la prévalence rapportée dans différentes études ainsi que de l’interprétation des données de surveillance basées sur des enquêtes répétées [10].

Une autre étude menée en Inde en 2018  par Goyal  A  et al., a montré que la pression artérielle augmente de manière significative pendant la saison hivernale par rapport à la saison estivale  et l’augmentation est plus marquée dans les zones rurales et chez les sujets âgés [11]. Selon les études antérieures, divers paramètres météorologiques tels que l’humidité, le gel et l’ensoleillement, la température extérieure déterminent la fluctuation de la pression artérielle est inversement en corrélation avec la pression artérielle. Le froid augmente le tonus sympathique, mis en évidence par la pression artérielle plus élevée tandis que la baisse de la pression artérielle à des températures plus élevées est attribuée à la vasodilatation cutanée et à la perte d’eau et de sel due à la transpiration. Le genre, l’habitude de consommation d’alcool et l’indice de masse corporelle modifient également l’association entre la température et la pression artérielle diastolique. Des études ont confirmé que la température ambiante contribuait à ce phénomène et qu’une diminution de la température ambiante augmentait considérablement la pression artérielle au bureau [12-15]. Si la majorité des études ont suggéré une association entre la température de l’air ambiant et la pression artérielle pour la majorité en utilisant le design d’étude transversale, cependant, cela n’a pas été confirmé de manière fiable par des études longitudinales que par l’étude de Chen Q et al., en 2013. Cette étude explore la relation entre la température ambiante et la pression artérielle, sans et avec antihypertenseurs, dans une étude longitudinale. Les résultats ont démontré que la température ambiante peut réguler négativement la pression artérielle [14]. Par ailleurs, la Société européenne de cardiologie a publié un consensus sur la variation saisonnière de la PA dans ses aspects épidémiologiques, physiopathologiques et son importance en pratique. Ces recommandations s’adressent aux médecins pour les aider dans l’évaluation et la conduite à tenir chez les hypertendus qui requièrent une modification de traitement [16]. À Madagascar, une prévalence de 28 %  de HTA a été retrouvée à Antananarivo, la capitale, en 2009. Les facteurs de risques retenus en analyse multi variée étaient l’âge avançant et les antécédents personnels de PA élevée [17]. Des associations entre température ambiante et tension artérielle ont été démontrées dans des pays où la température varie selon les saisons. Ce phénomène a été négligé dans les enquêtes sur la tension artérielle en Afrique subsaharienne [18]. Aucune étude basée sur l’impact  de la température ambiante, sur l’HTA et le climat de manière adéquate n’a été menée à Madagascar en dehors de clinique. Le but de la présente recherche était d’étudier l’association entre la pression artérielle et la température saisonnière ambiante, et d’explorer les facteurs potentiels qui pourraient impacter cette association.

MATERIELS ET METHODE

a) Matériels :

Différents auteurs  ont mesuré l’interaction soit par la température intramuros (au bureau, à la maison) ou lors de la surveillance ambulatoire de la pression artérielle dans les centres de santé et ils ont rapporté pour la  grande majorité qu’il y a interaction entre pression artérielle et saison froide (température). (Modesti PA et al.)[6] Dans notre étude, la pression artérielle était mesurée lors  des consultations externes dans des centres de santé dont les données ont été consignées dans des registres de l’année 2016, 2017 et 2018. Les données météorologiques ont été mesurées par les agences régionales observatoires de données climatiques.

b) Méthode :

Lieux d’étude : Madagascar se situe dans la zone intertropicale. L’ile dispose principalement de plusieurs régions climatiques. Le littoral est caractérisé par un climat chaud et humide, les hautes terres jouissent d’un climat d’altitude, , la région ouest est caractérisée par un été chaud et humide, l’extrême sud a un climat de type semi-aride et la région de Sambirano avec un climat analogue à celui de la côte Est. Au centre de l’île, les hautes terres, où se situe la capitale Antananarivo, se trouvent à une altitude qui varie de 1200 à 1500 mètres. Le climat peut être assimilé à un climat de type méditerranéen avec des températures annuelles moyennes de l’ordre de 20°. L’année comporte trois saisons bien distinctes une saison pluvieuse et moyennement chaude de Novembre à Mars, une saison fraîche de Mai à Septembre, une saison sèche et relativement froid (hiver austral) d’Avril à Octobre [19]. La côte Ouest de Madagascar possède un climat tropical avec des températures plutôt élevées, accompagnées d’une forte humidité où la température moyenne mensuelle ne descend pas en dessous de 18 °C tout au long de l’année. Il existe également une saison des pluies de novembre jusqu’à mars, avec des risques de cyclones. L’étude s’était déroulée dans deux villes de Madagascar: à Antsirabe, située dans les hautes terres à climat méditerranéen  et  à Maevatanana, sise dans la région ouest de la grande île, à climat tropical.  La ville d’Antsirabe fait partie de la région des hautes terres centrales où la température annuelle moyenne oscille de 7°C à 20°C. Tandis que la ville de Maevatanana, se situe dans la région ouest à climat de type tropical où la température varie entre 15° C et 37°C [20].

Population d’étude : La population d’étude incluait les patients âgés de 18 ans et plus, souffrant de HTA, diagnostiqués lors des consultations externes en 2016, 2017 et 2018. La taille de l’échantillon était exhaustive, déterminée par le nombre de cas de HTA répondant aux critères d’inclusion, identifiés dans les registres. 

Type d’étude : Il s’agissait d’une étude rétrospective basée sur consultation de registres. L’étude évaluait l’exposition

des patients hypertendus à la variation de températures saisonnières et déterminait s’il y a la corrélation entre HTA et les différentes saisons.

Collecte des données : La collecte des donnait était basée sur consultation de registres de consultations externes et des archives des services météorologiques de 2016 à 2018. Tous les sujets qui ont eu une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale 140mmhg et une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90mmhg, le jour de la consultation, étaient considérés comme souffrant d’hypertension artérielle [16]. Les variables sociodémographiques étaient : l’âge, le genre, le lieu de résidence. 

Les variables biomédicales étaient les chiffres de mesure de la pression artérielle, de la taille, du poids et l’IMC. Et, les variables liées au climat étaient la pluviométrie, mais notamment la température ambiante. On classe habituellement l’HTA en 3 stades : HTA stade 1 : PAS > 140-159 et/ou PAD > 90-99 mmHg ; HTA stade 2 : PAS > 160 et/ou PAD > 100 mmHg; HTA sévère ou stade 3 : PAS > 180 et/ou PAD > 110 mmHg [21].

Pour déterminer les changements de PA avec la température ambiante, les lectures ont été regroupées en fonction des températures au jour des mesures de la pression artérielle lors de la consultation externe. Les données collectées étaient saisies et analysées à l’aide du logiciel SPSS version 24.0.    

Analyse statistique :

L‘analyse statistique descriptive a utilisé le pourcentage (pour l’évaluation de la fréquence d’occurrence) et la moyenne avec son écart type. Le Khi2 était utilisé pour les comparaisons des données qualitatives et le t-test ou ANOVA pour les comparaisons de moyennes dans les données quantitatives et ce, dans le but de déterminer la

signification des différences constatées. L’analyse par régression logistique était conduite pour évaluer si l’association entre la température ambiante (définie par les saisons) et la prévalence de HTA, était indépendante du groupe d’âge, du genre, et du lieu géographique. Considérations éthiques : Le protocole d’étude était validé par l’École Doctorale de Nutrition Environnement et de Santé et par le comité d’éthique du Ministère de la santé de Madagascar. Les confidentialités des données ont été respectées selon les règles d’éthique. A l’issu, les résultats de l’enquête étaient à exploités uniquement pour l’intérêt de la recherche sur population dans le domaine de la santé.

RESULTATS 

Le Tableau 1 montre la distribution de la population d’étude en fonction des caractéristiques sociodémographiques. Au total, 3490 patients HTA étaient identifiés dans les enregistres des centres de santé durant les trois années d’étude allant de 2016 à 2018  dont 27,9% d’hommes et 72,1% de femmes.

A Antsirabe, 2859 patients diagnostiqués HTA étaient vues en consultation externe et la moyenne d’âge était de 46,70(13,66). A Maevatanana, il y avait 631 patients HTA identifiés à partir des registres de consultation externe. La moyenne d’âge des patients était de 46,52(13,66).   Le pourcentage de patients  HTA était plus élevé chez les femmes que chez les hommes, et ce, qu’importe l’année consultée.  Les mesures moyennes de pression artérielle systolique (PAS) et diastolique (PAD)  accompagnées de leurs écarts types ont montré des valeurs de PAS et de PAD augmentant avec l’âge. Les valeurs les plus élevées étaient trouvées chez les plus de 65 ans (PAS=160mmHg environ, en moyenne et PAD 95mmHg). Le tableau 1 montre également la distribution de prévalence de l’HTA et le pourcentage de cas traités selon le groupe d’âge et de l’évolution à travers trois années successives d’étude. A Antsirabe comme à Maevatanana, le pic de prévalence était enregistré chez les 45-54ans où la prévalence moyenne des 3 années étudiées atteignait 30,0%, et 28,8% respectivement. (Tableau 1)

HTA et traitement:

Selon l’ensemble des données rapportées des deux villes, 44,1% des patients HTA n’étaient pas traités. Dans notre étude, Il y avait plus de femmes, souffrant d’hypertension artérielle, traitées (68,1%) que d’hommes (31,9%) (p<0,01). Le pourcentage de cas de HTA traités était plus élevé à Maevatanana (64,2%) qu’à Antsirabe (39,5%) durant les 3 années d’étude. Toutefois, notons que, à Antsirabe, aucune donnée n’a pu être étudiée sur le traitement reçu des cas de HTA en 2018. Les registres consultés de cette année là manquaient d’informations sur les types de traitement que les patients avaient reçus.

Dans 90,5% des cas, un seul médicament (monothérapie) était prescrit dont: l’inhibiteur de l’enzyme de conversion ou IEC à 45,5% ; Antagoniste de l’Angiotensine II (ARA 2 ) à 16,3% … Diurétique (14,0%) et Inhibiteur Calcique (10,0%) et Antihypertenseur Central (1,9%) ; BB (Beta Bloquant)(1,4%) ; Antianxyolitique (1,0%) ; RHD(Règles Hygiéno-Diététiques), Antiagrégant, GOPRIL, ZAART, et Furosémide, respectivement à 0,05% chacun. La bithérapie était prescrite dans 9,4% associant ARA 2 et diurétique ; IEC et diurétique ; IEC et RHD ; IEC et Hydrazide ; IEC et Antianxyolitique ; Inhibiteur calcique  et ARA 2; Inhibiteur calcique et diurétique ; Diuretique et  Antianxyolitique ; Diurétique et  RHD ; et l’association IEC et diurétique  était la plus fréquemment prescrite.  Une triple association comprenant ARA 2, Diurétique et RHD était relevée concernant un cas. (Tableau 2)

Pathologies et autres états de santé, associés:

L’HTA était associée à du diabète de type 2 dans un cas. Autre état de santé lié à l’hypertension enregistré: l’HTA était liée à la grossesse  (HTA gravidique) dans 8 cas. Un seul cas de HTA grade III a été enregistré. Vingt huit (28) patients HTA étaient directement référés vers des centres de santé de niveau supérieur.

Complication : 21 cas d’Œdème  des Membres Inférieurs (OMI=) étaient enregistrés. [OMI= il s’agit d’un effet secondaire assez fréquent  touchant 20% des personnes prenant des BCC (bloqueurs des canaux calciques)] (Tableau 3)

Températures maximale et minimale à Antsirabe et à Maevatanana

Le tableau 4 montre les mesures de température maximale et de température minimale moyennes à Antsirabe et à Maevatanana (ET=écart type). La température maximale et celle minimale diffèrent significativement entre Antsirabe et Maevatanana (T° maximale p<0,001 ; T° minimale p<0,001). En hiver austral, la température minimale était de 7°25 C à Antsirabe contre 18°25 C à Maevatanana. Tandis que la température maximale hivernale était de 15°87 à Antsirabe et à Maevatanana elle était en moyenne de 24°08 C. En saison chaude (été austral), la température minimale était de 16°92 à Antsirabe contre 30°32 à Maevatanana. Tandis que la température maximale était de 26°76 à Antsirabe et à Maevatanana elle atteignait les 33°10C. A Antsirabe, la température hivernale variait en moyenne entre 7°C et 16°C tandis qu’en été, elle pouvait passer de 17°C à 27°C. A Maevatanana, en hiver austral,  la température varie entre 18°C à 24°C et en été entre 30°C et 33°C en moyenne.

Plus de 10 points de degré de température diffèrent entre les températures minimales moyennes des trois années d’étude, des deux villes : Antsirabe (11,78°C) et de celle de Maevatanana (21,82°C). Dans notre étude, à Maevatanana, la température moyenne mensuelle la plus basse environnait les 21°C tandis la température la plus fraiche était autour de 7° à 9°C à Antsirabe (Tableau 4)

Température et HTA

La prévalence de HTA à Antsirabe et à Maevatanana en fonction de la saison et de l’année d’étude est présentée dans le Tableau 5. A Antsirabe, la proportion moyenne mensuelle de HTA en saison fraiche (hiver austral: du mois d’avril au mois d’octobre) était respectivement de 8,08% en 2016, de 9,7% en 2017, et de 9,5% en 2018.

Durant l’été, (de Septembre à Mars), le pourcentage de patients HTA était de 8,7%, 8,1% et 6,7% en 2016, 2017 et 2018 respectivement. Tandis qu’à Maevatanana, en hiver austral, la prévalence de HTA était respectivement de 7,5%, de 11,6% et de 9,5% en 2016, 2017 et 2018 et en été, elle était de 9,4%, 4,4% et de 6,5% en 2016, 2017 et 2018 respectivement. La comparaison, en fonction de la variabilité de saison, a montré que la prévalence de HTA  était plus élevée en hiver qu’en été, sauf en 2016, dans les deux villes.

Mesures de pressions artérielles en fonction de groupe d’âge :

Deux tiers des patients avaient les mesures de PAS et de PAD renseignées dans les registres des consultations externes. Pour plus de 29 % des patients, les valeurs de PAS et de PAD n’étaient pas renseignées. Les valeurs moyennes de pression systolique (PAS) et diastolique (PAD) étaient calculées en fonction de l’âge et du genre pendant les trois années d’étude.  D’après le Tableau 6, les valeurs de PAS les plus élevées étaient trouvées chez les patients âgés de plus de 65 ans (PAS=162,15 avec 95% IC [159,87-164,43].

Les valeurs de PAS augmentaient avec l’âge et les différences étaient significatives à p<0,001. Chez les <35ans PAS était de 151,49(17,81) 95% IC [150,06 -152,92] et chez les 75ans et plus elle était en moyenne de 162,12 (12,45) à 95%IC [156,33 – 164,80]. Quant aux valeurs de PAD, des différences en fonction du groupe d’âge étaient notées mais elles n’étaient pas significatives du point de vue statistique (p>0,05.

La comparaison des valeurs de PAS et de PAD selon le genre n’a pas trouvé de différence significative (p>0,05) (Tableau 7)

Dans l’analyse par régression logistique, nous avions pris en considération les patients sous traitement antihypertenseur. Une association positive significative était trouvée entre HTA traitée et PAD à p<0,05 [Exp(B)= 1,013 IC95% [1,058-1,104]) et  entre HTA traitée et  T° minimale (p<0,01) avec Exp(B) =1,131 IC95% [1,030-1,242]. (Tableau 8)

DISCUSSION
Cette première partie de l’étude avait pour objectif d’évaluer l’influence des saisons sur la pression artérielle. D’abord, il était démontré dans notre étude que la proportion de femmes diagnostiquées de HTA était significativement plus élevée que chez les hommes. D’autres études ont trouvé également des résultats similaires, indiquant que la proportion de femmes souffrant d’hypertension était élevée plus élevée que chez les hommes [21-22]. Les mécanismes responsables des différences sexuelles dans le contrôle et la régulation de la Pression Artérielle ne sont pas entièrement compris, mais semblent impliquer des effets des hormones sexuelles sur manipulation rénale du sodium et/ou résistance vasculaire [23]. Après la ménopause, cependant, la pression artérielle augmente chez les femmes à des niveaux encore plus élevés que chez les hommes. Les femmes jeunes ont tendance à avoir une pression artérielle plus basse et moins de risque d’hypertension que les jeunes hommes. Dans notre étude, la prévalence de l’hypertension artérielle était également plus élevée chez les patients âgés.  À mesure que les gens vieillissent, la tension artérielle et le risque d’hypertension augmentent chez les deux sexes; cela se produit notamment chez les femmes après la ménopause [24]. Toutefois, contrairement à ces résultats, des études récentes utilisant la technique de surveillance ambulatoire de la pression artérielle sur 24 heures ont montré que la pression artérielle est plus élevée chez les hommes que chez les femmes à des âges similaires.  Les résultats de l’étude menée par Everett B et al., montrent que les disparités entre les sexes en matière d’hypertension étaient déjà évidentes chez les hommes et les femmes de la vingtaine d’année: les femmes étaient beaucoup moins susceptibles d’être hypertendues que les hommes (12 % contre 27 %). Les mêmes auteurs ont trouvé dans leurs résultats que semblable aux résultats pour mesures objectives, les hommes sont moins susceptibles de déclarer avoir été informés par un professionnel de santé qu’ils sont hypertendus. [25] Les études de Santosa A et al., ont trouvé également que les hommes avaient une prévalence d’hypertension plus élevée (43 % en Suède, 39 % en Chine) que leurs homologues féminins (29 et 36 %, respectivement). [26]

Âge et HTA

Notre étude a trouvé que, la proportion de sujets hypertensifs était élevée à mesure que l’âge avançait. En effet, à Antsirabe comme à Maevatanana, le pic de prévalence était enregistré à 45-54ans où la prévalence moyenne atteignait 30,0%, 28,8% respectivement en 2016 et 2017. Plusieurs études ont montré que les hommes de moins de 65 ans ont systématiquement des niveaux d’hypertension plus élevés que les femmes du même groupe d’âge. Dans une étude, la variation saisonnière de la pression artérielle est accentuée chez les personnes âgées et peut expliquer en partie la plus grande mortalité par maladie cardiovasculaire des sujets âgés pendant l’hiver. La tension artérielle des personnes âgées peut être inversement proportionnelle à la température ambiante [7].

Traitement HTA

Dans notre étude, la plupart des patients externes recevait une monothérapie favorisant l’IEC en grande majorité suivi par de l’ARA 2 ou un diurétique. La bithérapie et la trithérapie étaient également prescrites. Le choix des diurétiques comme médicament antihypertenseur de première intention dans notre contexte était cohérent avec d’autres études réalisées dont celle de Etuk et al. [27]. Cela rejoint également les résultats de l’étude de Shukrala et al., qui ont montré que, la plupart des patients externes souffrant de HTA dans leur hôpital avaient reçu une monothérapie. Les diurétiques et inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) étaient les classes d’antihypertenseurs les plus fréquemment prescrites en monothérapie et en association. Dans leur étude, plus de la moitié des patients avaient plus de 51 ans, ce qui montre qu’un âge plus avancé était directement lié à une incidence plus élevée d’hypertension. Parmi les diverses possibilités, cela pourrait être attribuable au manque de sensibilisation à l’hypertension et au manque de contrôle de l’hypertension chez les personnes âgées [21]. Les résultats de l’étude menée par Chobanian AV et al., ont rapporté que lors de la prescription d’un agent unique pour les patients hypertendus atteints d’IRC, la majorité des médecins généralistes ont choisi les ARA comme médicament de première intention, et les inhibiteurs calciques étaient le deuxième.  En tant que médicament d’appoint au prétraitement avec un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine (ARA), la majorité a préféré le CCB ou bloqueurs de canaux calcique (82,7 %) aux diurétiques (21,8 %) [28].

Variations de saison et HTA

A l’instar des nombreuses études menées antérieurement, il était  trouvé dans notre étude que la prévalence de HTA est plus élevée en hiver austral à Madagascar.

Limites de l’étude :

Nous reconnaissons que notre étude comporte certaines limites. Premièrement la conception de l’étude rétrospective basée sur consultation de registres de consultation qui est souvent sujet à des données incomplètes. Les patients étaient examinés à différents jours de consultation, étalés dans les mois de chaque année. Ces limites pourront toutefois être corrigées par une étude longitudinale permettant l’évaluation des changements de températures et de tension artérielle de chaque individu selon les recommandations de Fedecostante M et al. [29]. Ensuite, les données de routine des établissements de santé sont souvent incomplètes. Dans notre étude, plus d’un quart des données étaient absentes dans les registres. Autre limite de l’étude, aucune observation d’hypertension n’a pas été suivie d’une lecture de confirmation dans la demi-heure, sauf si les personnels de santé ayant réalisé les prises de tension artérielle aient décidé de ne transcrire que les valeurs de la dernière prise ou la moyenne des deux prises. Contrairement à ces résultats, des études récentes utilisant la technique de surveillance ambulatoire de la pression artérielle sur 24 heures ont montré que la pression artérielle est plus élevée chez les hommes que chez les femmes à des âges similaires.

Conclusion

Nos données ont rapporté que la température ambiante durant les différentes saisons peut avoir des impacts sur la pression artérielle. Les influences saisonnières sur la pression artérielle ne se limitent pas aux mesures conventionnelles mais peuvent être mesurées également avec les valeurs de températures et de PA quotidiennes enregistrées. En bref, les patients hypertendus doivent surveiller leur tension artérielle plus attentivement par temps froid. Cela pourrait être particulièrement important pour les femmes et les personnes âgées.

Remerciements :

Les auteurs adressent leurs vifs remerciements à toutes les personnes qui ont aidé à la réalisation de cette étude.

Conflits d’intérêt

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.

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Inquiétudes et pratiques parmi les dentistes à Madagascar face au COVID-19: une étude nationale transversale. 

Revue Sciences Santé | Non classé

Inquiétudes et pratiques parmi les dentistes à Madagascar face au COVID-19: une étude nationale transversale. 

Concerns and practices among dentists in Madagascar regarding COVID-19 : a national cross-sectional study

Auteurs:

 Samoelà Hérédia RAZAFINDRAMBOHO1, Justin Jacques RAVELOMANANTSOA1, 2, Antonin RAJABO1, 2

1École Doctorale Nutrition-Environnement-Santé, Université de Mahajanga, Madagascar.

2 Laboratoire d’Epidémiologie et de Biostatistique en Santé des Populations

Résumé: Cette étude avait pour objectif d’évaluer les inquiétudes et les pratiques des dentistes face à l’épidémie de COVID-19.

Méthode : Une enquête nationale était menée, basée sur questionnaire à auto-remplir. L’étude ciblait les dentistes des 22 régions de Madagascar. L’analyse statistique était menée à l’aide du logiciel SPSS 24.0. La fréquence et le pourcentage étaient utilisés dans l’analyse descriptive. Le Chi-carré était appliqué pour évaluer les réponses en fonction du genre. 

Résultats : L’étude a inclus 246 dentistes (54,1% d’hommes et 45,9% de femmes) sur les 496 ciblés, âgés  de 20 à 50 ans et plus. Au total 188 (76,4%) étaient des dentistes généralistes, 34(13,8%) étaient spécialistes. La majorité, 161 (65,4%) travaillait dans le secteur public. La peur de contaminer les membres de famille en rentrant du travail était rapportée par 85,4%, ensuite la peur d’être soi-même contaminé par le personnel ou patients (83,7%). En cas de contamination, 17,7% envisageait de fermer leur cabinet dentaire. La majorité (83,3%), déclarait que le port de masque N95 est insuffisant pour éviter la contamination au COVID-19. Ils étaient, 68,3% à porter du masque N95 pendant les soins, 9,8% utilisaientde digue pour isoler la dent à traiter et 12,6% utilisaient de l’aspirateur de salive. Plus de femmes (98,2%) que d’hommes (91,5%) exigeaient le port de masques (p<0,05). Les hommes (79,2%) plus que les femmes (68,2%) appliquaient la distanciation de 1mètre entre les chaises en salles d’attente (p<0,05). Les dentistes hommes étaient plus nombreux (66,9%) que les femmes (49,0%)  à installer de murs  de séparation (p<0,01). Devant des cas positifs, plus de femmes (91,2%) que d’hommes (81,8%) reportaient les soins dentaires (p<0,05).

Conclusion : Cette étude a montré que les dentistes étaient conscients du risque élevé de transmission de COVID-19 qu’ils encourent et appliquaient les consignes autant qu’ils pouvaient.

Abstract :

This study aimed to assess the level of awareness and practices of dentists regarding the COVID-19. Method : The study targeted dentists from the 22 regions of Madagascar. Statistical analysis was performed using SPSS 24.0 software. Frequency and percentage were used in the descriptive analysis. Chi-square was applied to assess responses based on gender.

Results: The study included 246 dentists (54.1% men and 45.9% women) out of the 496 targeted, aged from 20 to 50+. A total of 188 (76.4%) were general dentists, 34 (13.8%) were specialists. The majority, 161 (65.4%) worked in the public sector. The fear of infecting family members on returning from work was reported by 85.4%, followed by the fear of being contaminated by staff or patients (83.7%). In the event of contamination, 17.7% planned to close their dental practice. The rspondent’s majority (83.3%) declared that wearing an N95 mask is not sufficient to avoid contamination with COVID-19. 68.3% of them  wore an N95 mask during treatment, 9.8% used a rubber dam to isolate the toothto be treated and 12.6% used a saliva aspirator. More women (98.2%) than men (91.5%) asked the wearing of masks (p<0.05). Men (79.2%) more than women(68.2%) applied the distance of 1 meter between the seats (p<0.05).

Male dentists were more likely (66.9%) than female dentists (49.0%) to install dividing wall(p<0.01). Faced with positive cases, more women (91.2%) than men (81.8%) postponed dental care (p<0.05).

Conclusion: This study showed that dentists were aware of the high risk of transmission of COVID-19 that they incur and applied the instructions as much as they could.

Comment citer cet article: RAZAFINDRAMBOHO SH, RAVELOMANANTSOA JJ, RAJABO A. Inquiétudes et pratiques parmi les dentistes à Madagascar face au COVID-19: une étude nationale transversale. Revue Sc. Santé 2023 ;(1) :1 :1-20

Article original 

INTRODUCTION

Le Coronavirus était rapporté initialement à Wuhan, province de Hubei,  en Chine, au mois de décembre 2019. [1]. Les chercheurs chinois avaient vite découvert qu’il s’agissait d’un nouveau Coronavirus, anciennement désigné comme 2019-nCoV,et maintenant appelé SARS-Cov-2, (Severe Acute Respiratory Syndrom Coronavirus) [2].

En Janvier 2020, l’OMS a déclaré que la maladie est une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI).[3].  En février 2020, la maladie causée par le virus SARS-CoV-2 a été appelée, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), COVID-19, un acronyme dérivé des termes CO-rona VI-rus Disease et l’année d’identification-19.[4]. 

 En quelques mois, la très forte vitesse de propagation du COVID-19, au-delà des frontières chinoises vers d’autres pays de plus en plus nombreux, a fait que le 12 Mars 2020, l’OMS annonce que l’épidémie de COVID-19 est une pandémie [5].

Pour éviter la transmission, l’OMS, avait suggéré l’auto-quarantaine et l’isolement des personnes symptomatiques avec éloignement physique des individus (qui peuvent être des porteurs asymptomatiques) ainsi que l’hygiène des mains [6].

Les gouvernements ont dû prendre des mesures de restrictions drastiques pour contenir la contamination : limitation des déplacements en dehors de son habitation, confinement, distanciation. 

Bien que, le COVID-19 attaque principalement les voies respiratoires supérieures, il semble également causer des effets indésirables car il produit des altérations de la coagulation, du goût, et de l’odorat. 

La transmission interhumaine semble se produire principalement par contact étroit avec des personnes symptomatiques touchées par le COVID-19, et le principal mode de contagion se fait par l’inhalation de gouttelettes respiratoires, par exemple lorsque les malades parlent, éternuent ou toussent. 

Le virus a la capacité de provoquer une grave infection aiguë des voies respiratoires et il est très contagieux, se propageant par la salive, les mains, les gouttelettes nasales et moins fréquemment par contact avec la surface. [7].

La période médiane d’incubation de la maladie était estimée à 5jours [8]  ou de plus de 14jours pour d’autres cas [9].Selon une note sur le risque d’exposition des travailleurs au covid-19, publiée par l’administration de la sécurité et de la santé au travail (OSHA), les professionnels dentaires entrent dans la catégorie de professionnels de santé  à très haut risque d’infection nosocomiale et peuvent devenir porteurs de la maladie en raison de leur production régulière d’aérosols [10]. Autre fait important, la pandémie de COVID-19 a eu des effets majeurs sur les travailleurs. Certains groupes de travailleurs courent un risque accru en raison du contact avec le patient.

La dentisterie figure parmi les emplois à fort potentiel d’exposition à des sources de COVID-19 lors des consultations. Les dentistes exécutant des aérosols, et manipulant des échantillons de sang de patients potentiellement infectieux ou soupçonnés de l’être, sont à risque très élevé de contamination. En  effet, il a été largement documenté dans la littérature que les voies de transmission de COVID-19 sont les gouttelettes, l’inhalation générée par la toux, l’éternuement des patients infectés, et le contact direct des membranes buccale, nasale et oculaires [11] et avec la salive  [12].  L’augmentation rapide des infections et des décès a causé la panique, la peur, l’anxiété dans la population et chez les personnels de santé. En face de telle pandémie, il est normal de paniquer, et d’être anxieux, mais il est également rapporté qu’une grande peur peut induire à la prise de décision irrationnelle chez des professionnels comme les dentistes [13]. Des études nationales étaient menées dans de nombreux pays pour évaluer l’impact de COVID-19 sur les dentistes [12, 14, 15, 16}.

A ce jour, à notre connaissance, aucune étude n’a été mené sur les : crainte, attitude et pratiques des dentistes à Madagascar vis-à-vis du COVID-19. Cette étude avait pour objectif d’évaluer le niveau d’anxiété, de peur, de perception et d’attitude des dentistes, concernant la maladie à coronavirus (COVID-19) et le contrôle des infections.

II- MATERIEL ET METHODE

La présente enquête nationale visait tous les dentistes travaillant dans les 22 régions de Madagascar. Il s’agissait d’une étude transversale utilisant un questionnaire à auto-remplir à distance, envoyé par courrier ou par mail directement à l’adresse des dentistes des 22 régions.

Là où la liaison internet n’était pas disponible, nous avions fait parvenir aux dentistes les questionnaires par courrier postal. 

Le questionnaire est composé de 32 questions fermées groupées en trois séries de 

  • 6 questions interrogeant sur les données démographiques (âge, sexe, résidence, années d’exercice de la profession de dentiste, lieu d’exercice)
  • 8 questions sur la peur et l’inquiétude ou l’anxiété du dentiste concernant la pandémie de COVID-19 et 
  • 18 questions sur les changements des pratiques des dentistes face au covid-19. 

Les items sur la peur et l’anxiété des dentistes face au Covid-19 étaient tirées du questionnaire utilisé dans l’étude de Ahmed MA et al., menée dans 30 pays différents. L’étude en question évaluait les craintes et modifications des pratiques chez les dentistes pour lutter contre l’épidémie de la nouvelle maladie à coronavirus (COVID-19) [13].

Etude pilote : Développé à l’origine en anglais, le questionnaire était traduit en langue malagasy puis testé avant d’être utilisé. La traduction était menée selon les recommandations standard de traduction-contre traduction de Beaton DE et al. [17].

Zone de texte: CVR= [ne-N/2] / [N/2]

La validité du contenu du questionnaire version malagasy était évaluée par une approche quantitative. Un panel de 14 évaluateurs était constitué conformément aux  recommandations de Lawshe et al., en 1975 [18], Chaque évaluateur était invité à  noter E, si l’item est considéré « essentiel », noter H pour « helpfull », si un item est considéré « aidant », noter U pour « Unecessary » si on juge qu’un item n’est pas nécessaire. La formule  de calcul du CVR: « Content Validity Ratio » appliquée était : 

dont : –  « ne » représente le nombre total de sujets du panel qui ont noté E, 

           – « N » représente le nombre total de sujets du panel, ici N=14 (N=7)

Le minimum de CVR acceptée comme significative  avec un panel de 14 sujets est de 0,51 par item. Si un item avait un CVR <0, l’item est rejeté.

Population d’étude

Critères d’inclusion: L’enquête s’adressait à tout dentiste Malagasy âgé de 18ans et plus, exerçant dans les 22 régions de Madagascar au moment de l’enquête et qui ont donné leur consentement à participer à l’étude.

Critères d’exclusion : Les dentistes âgés de moins de 18ans et ceux qui n’ont pas donné leur consentement étaient exclus de l’étude.

Calcul de la taille d’échantillon : Nous avions utilisé le calculateur en ligne « Raosoft sample size calculator » pour le calcul de la taille d’échantillon nécessaire à la validation de l’étude [19].

La marge d’erreur était fixée à 5% ; l’intervalle de confiance était de 95% ; la taille de population d’étude (dentistes et spécialistes) à Madagascar était de 506 (publiques et privés); et comme la prévalence de peur etc… est méconnue, on a opté pour p=50%. La taille d’échantillon minimum calculée était de 217. 

Au moment de l’enquête, 276 dentistes privés  et 220 dentistes publiques, soit un total de 496 chirurgiens-dentistes inscrits à l’Ordre National des Docteurs en chirurgie dentiste de Madagascar, étaient ciblés. 

L’analyse statistique des données était menée à l’aide du logiciel SPSS version 24. Les statistiques descriptives étaient représentées en fréquences et pourcentages pour les variables catégorielles. Les tests de Chi-carré était appliqué pour évaluer la relation entre la réponse des dentistes et le secteur de travail, le genre, et le niveau d’éducation. La fiabilité du questionnaire version Malagasy était évaluée par alpha de Cronbach. La valeur de alpha ≥70 est considérée comme signe de bonne fiabilité [20].

Considérations éthiques : Les objectifs de l’étude étaient expliqués aux dentistes avant de demander leur consentement à participer à l’étude. Le consentement éclairé de chaque participant était obtenu avant la participation à l’enquête. L’anonymat était respecté. 

III- RESULTATS :

Les 496 dentistes en exercice en 2020 étaient sollicités à participer. En final,  ils étaient 246 à avoir retourné les questionnaires avec réponses complètes.

La traduction et la contre-traduction du questionnaire n’ont pas posé de problème particulier. Le questionnaire version malagasy était par la suite pré testé auprès de 14 experts qui ont évalué la validité du contenu. Les valeurs du CVR étaient toutes supérieures à 0,51. 

Le test de fiabilité interne de alpha de Cronbach a trouvé un coefficient de 0,742 pour l’ensemble des items. 

Caractéristiques sociodémographiques des participants 

Le groupe d’âge le plus représenté était le 31-44ans (36,2%) suivi par les 50 ans et plus (27,6%), les 41-50 ans et les 20-30ans étaient respectivement de 26,8% et de 9,3%. Parmi les répondants, il y avait plus de dentistes hommes que de femmes (54,1% vs 45,9%). Au total, 76,4% des participants à l’enquête étaient des chirurgiens dentistes généralistes; 13,8% étaient des spécialistes et 9,8% étaient en cours de spécialisation. Près des deux tiers des participants (65,4%) travaillaient dans le secteur public; 19,1% travaillaient à leur compte propre; 13,1% étaient dans le secteur privé et 2,4% dans d’autres secteurs non spécifiés. Selon l’expérience clinique, 34,1% travaillaient depuis 10-20 ans; 31,7% depuis 10-20ans ; 23,5% depuis plus de 20 ans et 11,0% étaient en exercice depuis moins de 5ans. (Tableau 1)

Tableau 1 : Caractéristiques sociodémographiques des participants

Le tableau 2 présentait la distribution des participants selon la zone géographique de travail ainsi que le nombre de dentistes rapportant avoir déjà eu le COVID-19 en fonction du genre et de la forme de la maladie. 

Selon les zones géographiques, la participation des dentistes à l’enquête nationale était de 17,1% pour l’ex-province de Toamasina; 16,7% pour les dentistes d’Antsiranana; 12,6%;  à Mahajanga: Toliary 14,2% ; Fianarantsoa 18,3% et, pour Antananarivo, la capitale,  la participation était de 20,3%. 

Interrogés sur le COVID-19 chez les dentistes en fonction du genre et de la forme de la maladie, dans l’ex-province de Toamasina, 03 dentistes sur les 42 qui ont participé à l’étude avaient déjà eu le COVID-19 dont 01 homme et 02 femmes et tous les trois avaient fait de forme modérée.

A Antsiranana, 17 dentistes sur les 41 participants avaient déjà eu le COVID-19 dont 11hommes et 06 femmes, tous   étaient de forme modérée.

A Mahajanga, 7(22,6%) dentistes avaient déclaré avoir déjà eu le COVID-19 dont 4 hommes et 3femmes.  

A Toliary, 03 dentistes avaient eu le COVID-19 dont 01 homme et 02 femmes ; 2 formes légères et une forme grave.

A Fianarantsoa, sur les 45 participants, 09 avaient rapporté avoir déjà eu le COVID-19 dont 06 hommes et 03 femmes et 06 cas étaient de formes légères, et une forme modérée et 2 formes graves.

A la capitale, Antananarivo, sise dans la région de Analamanga, sur les 50 dentistes  ayant participé à l’étude, 38(76,0%) avaient contracté le COVID-19 dont 34(70,8%) travaillaient dans la région Analamanga comprenant 12 hommes et 26 femmes. Au total 15 étaient de forme légère, 17 de forme modérée et 6 formes graves.

En somme, sur les 246 dentistes ayant participé à l’enquête, 77(31,3%) avaient déclaré avoir eu le COVID-10 dont 34(44,2%) hommes et 43(55,8%) femmes dentistes. 

Vingt et un cas (27,3%) avaient présenté une forme légère, 43(55,8%) formes modérées et 10 formes graves. 

Trois décès connus ont été rapportés parmi les dentistes depuis le début de la pandémie à Madagascar. (Tableau 2)

Tableau 2 : Distribution des dentistes selon la zone géographique de travail et nombre de dentistes rapportant avoir déjà eu le COVID-19 en fonction du genre et de la forme de la maladie

Les 22 régions de Madagascar étaient représentées.

Le Tableau 3 décrit le niveau de peur et d’anxiété des dentistes face à la COVID-19. 

De toutes les peurs et craintes déclarées, la peur de contaminer les membres de famille à la rentrée du travail était la plus fortement ressentie par les dentistes, rapportée par 85,4% des répondants.(92%) suivie de la propre peur du dentiste d’être contaminé lui-même par le personnel du cabinet dentaire ou par les patients (83,7%) ; venait ensuite la crainte d’être contaminé par un patient qui toussait la proportion était de 76,4%.   

Une fois contaminés, moins de la moitié de ces dentistes craignaient le confinement (42,3%). Et, ils n’étaient que 17,7% à penser à fermer leur cabinet dentaire jusqu’à la réduction du nombre de nouveaux cas de COVID-19 (66%). 

La peur quand ils entendent parler de quelqu’un qui est contaminé ou a succombé après l’infection au COVID-19 touchait 66,3% des répondants (85%). Ils appréhendaient le coût du traitement à 57,7%.

Moins de la moitié des répondants avaient déclaré avoir peur de parler trop prêt des patients 48,8%/ (73%).

Tableau 3 : Evaluation de la peur et de l’anxiété des dentistes (attitude) face au COVID-19

Dans le tableau 4 sont présentées les connaissances  et pratiques des dentistes face au COVID-19

– avaient mis en place une murette (Oui=56,1% ; Non=39,0% ; Sans avis=4,9%), 

– avaient appliqué la distanciation d’au moins 1 mètre entre les chaises des patients de (Oui=72,4% ; Non=25,2% ; sans avis=2,4%)

– avaient interrogé si le patient présente des symptômes de COVID-19, avant de le soigner (Oui=75,6% ; Non=24,0% ; Sans avis=0,4%) 

– avaient posé de question sur le voyage qu’aurait effectué le patient dans les zones à haut risque (Oui=39,4% ; Non = 58,9% ; Sans avis=1,6%) 

– avaient exigé le port de masque (Oui=92,7% ; Non=5,3% ; Sans avis= 2,0%)

– avaient reporté ultérieurement des soins dentaires  si le patient est soupçonné de COVID-19 (Oui=85,8% ; Non=13,8% ; Sans avis=0,4%)

– avaient évité d’utiliser des instruments à air (Oui=64,2% ; Non=32,5% ; Sans avis=2,8%)

– avaient pensé que le port de masque chirurgical serait suffisant (Oui=15,4% ; Non=83,3% ; Sans avis= 1,2%) .

– avaient rapporté que seuls les masques N95 sont conseillés en milieu médical (Oui=52,4% ; Non=32,5% ; Sans avis=15,0%) 

– avaient utilisé du masque N95 pendant le traitement (Oui=68,3%; Non=26,8% ; Sans avis=4,9%) 

– avaient utilisé des lunettes de protection (Oui=65,4% ; Non=34,1% ; Sans avis=0,4%)

– avaient utilisé de protection du visage (Oui=60,2% ; Non=39,0% ; Sans Avis=0,4%)

– avaient utilisé une sur-blouse (Oui=78,0% ; Non=21,1% ; Sans avis=0,8%)

– avaient utilisé de digue pour isoler la dent à traiter (Oui=9,8% ; Non=87,4% ; Sans avis=2,8%) 

– avoir utilisé de l’aspirateur de salive (Oui=12,2% ; Non=86,6% ; Sans avis=1,2%) 

– avaient demandé au patient de se rincer la bouche avec de la solution antiseptique avant r le traitement (Oui=32,1% ; Non=66,3% ; Sans avis=1,6%) 

– avaient utilisé de l’eau savonneuse ou alcoolisée pour se laver les mains (Oui=99,2% ; Non=0,8%) 

– connaissaient le N° de téléphone  à contacter en cas d’urgence. (Oui=94,5% ; Non=3,3% ; Sans avis=2,4%)

Tableau 4: Evaluation de la modification des pratiques des dentistes pendant  le  COVID-19

Le tableau 5 présente la répartition des répondants selon le respect des consignes de gestes barrières en fonction du genre. Plus de femmes dentistes (98,2%) que d’hommes (91,5%) exigeaient le port de masques (p<0,05) mais les hommes (79,2%) bien plus que les femmes (68,2%) avaient appliqué la distanciation de 1mètre au minimum entre les chaises de salle d’attente (p<0,05).

Les dentistes hommes étaient plus nombreux (66,9%) à mettre en place de petits murs  de séparation comparés aux femmes dentistes (49,0%) (p<0,01)

En face de cas positif d COVID-19, les dentistes femmes (91,2%) étaient plus enclin à reporter les soins dentaires que les hommes (81,8%) et la différence était statistiquement significative (p<0,05).

Tableau 5: Distribution des répondants selon le respect des consignes de gestes barrières en fonction du genre

*p<0,05 ; **p<0,001

IV- DISCUSSION

            La présente étude visait à évaluer le niveau de sensibilisation, de perception et d’attitude des dentistes malagasy, concernant la maladie à coronavirus (COVID-19) et le contrôle des infections en utilisant un questionnaire à remplir à distance.

Les enquêtes auprès de la population sont actuellement confrontées au problème de la baisse des taux de réponse. Les conceptions en mode mixte sont maintenant mises en œuvre plus souvent pour tenir compte de cet aspect, pour améliorer la composition des échantillons et pour réduire les coûts globaux. [21]

Les questionnaires remplis n’étaient considérés comme valides que si les répondants avaient signé un formulaire de consentement éclairé avant de participer à l’étude. Ce formulaire de consentement était renvoyé dans une enveloppe séparée. Pendant le questionnaire en ligne, les participants étaient invités à cocher une case indiquant s’ils avaient lu et accepté les conditions de protection des données de l’étude. 

Le taux de participation globale à notre étude était de 49,96%, Les études antérieures ont rapporté que les taux de participation des études menées par internet chez les professionnels de santé varient largement d’une étude à l’autre, allant de 9% à 75 % [22]. Une étude de surveillance sanitaire par e-mail, menée en 1999 auprès du personnel universitaire anglais avait montré un taux de participation à hauteur de 32 %. Zamora et al., avaient suggéré, pour augmenter le taux de réponses, d’envoyer, durant l’étude, quelques rappels. [23] Malgré ces inconvénients, dus au risque de participation réduite, pour les enquêtes sur Internet, les coûts d’impression, d’affranchissement et de saisie des données sont considérablement réduits de même que les coûts des déplacements surtout lorsqu’il s’agit d’une enquête nationale. La tranche d’âge la plus fréquente des répondants était 31–40 ans et cela rejoint les mêmes constats dans la plupart des publications [18]. Pour évaluer les résultats, nous avions fait la comparaison avec la synthèse des réponses des dentistes provenant de 30 pays (incluant Pakistan, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Etats-Unis, Royaume Uni, France, Malaisie, Australie, Nouvelle Zélande, Afrique du sud, Hongrie, Bahreïn, Danemark, Ireland , Suisse, Chine, Canada, Egypte, Kuweit, Italie, Roumanie, Finlande, Israël, Bulgarie, République de Congo, Mexique, Allemagne, Pologne, Inde, Turquie, site non défini) qui ont participé à l’étude de Ahmed MA et al. A Madagascar, comme dans ces 30 pays c’est la peur ou la crainte de contaminer les membres de familles qui était la plus élevée (Ahmed  MA et al.) [13]. Par ailleurs, plusieurs auteurs avaient rapporté le même constat  au niveau international [17, 23] Similairement, le niveau de peur d’être soi-même contaminé occupe la deuxième place à Madagascar. Tandis que pour les 30 pays, de l’étude multinationale de Ahmed, c’est traiter les patients qui toussaient qui prenait la deuxième place avec 90% des répondants en moyenne.

Les résultats diffèrent  beaucoup quand il s’agissait de prendre la décision de fermer les cabinets dentaires jusqu’à réduction du nombre de nouveaux cas de COVID-19.  A Madagascar, moins de 20% ont répondu OUI, tandis que dans l’étude de Ahmed MA et al. , plus de la moitié (66%) l’avaient accepté. Ou encore, quand il s’agissait de peur de parler trop près du patient, moins de la moitié des répondants à Madagascar l’avaient rapporté contre plus de 72%  des répondants des 30 pays participants à l’étude de Ahmed MA et al.

Et si le pourcentage  de dentistes qui appréhendaient le coût du traitement de COVID-19 était de moins de la moitié pour Madagascar contre  en moyenne 73% des répondants de l’étude multinationale.

Dans la présente étude, plus des deux tiers des répondants avaient interrogé si le patient présentait des symptômes de COVID-19, avant de le soigner. Ce résultat rejoint celui de l’étude multinationale. Par contre moins de la moitié des dentistes malagasy avaient interrogé sur l’historique de voyage effectué par le patient contre une proportion de plus de 82% des participants issus des 30 pays.

A proportion similaire, les répondants des deux études avaient rapporté que le port de masque chirurgical  ne serait pas suffisant pour la prévention de l’infection de COVID-19.

Toutefois, trois fois moins de dentistes malagasy, comparés à ceux de l’étude de Ahmed MA et al., avaient rapporté ne pas utiliser du masque N95 pendant le traitement. Le port de masque N95 figure parmi les recommandations de l’EPI quand on doit traiter un patient soupçonné de COVID-19. Dans notre étude moins des deux tiers des participants avaient rapporté porter du masque N95 pendant les soins dentaires. Cette proportion est plus élevée que celle rapporté par les dentistes au Pakistan où seuls 38,5% des dentistes utilisaient des masques N95 et aucun d’entre eux (0%) n’utilisait de digue d’isolement en caoutchouc [18].

L’utilisation de digue pour isoler la dent à traiter est très faible chez les dentistes malagasy et il en était autant dans l’étude de Ahmed MA et al. (13). Pourtant d’après l’étude de Cochrane et al. , les résultats ont indiqué que l’utilisation de la digue en caoutchouc est une méthode permettant de réduire la contamination microbienne. En effet, la technique de digue en caoutchouc est une méthode utilisée en dentisterie pour isoler le champ opératoire du reste de la bouche avec une feuille de caoutchouc [24]. Utilisée avec des gants, un masque et des lunettes de protection, la digue en caoutchouc constitue une excellente barrière contre la propagation potentielle des maladies infectieuses dans le cabinet dentaire. 

Cette efficacité clinique était confirmée par : Al-Amad SH et al. Mais les auteurs rajoutaient que malgré sa valeur clinique, la digue en caoutchouc semble entraîner des niveaux d’aérosols beaucoup plus élevés sur diverses zones de la tête du dentiste, ce qui oblige ce dernier à se couvrir la tête avec des vêtements de protection appropriés (25). L’efficacité de l’usage de digue a été renforcée par un revue systématique menée par Zhou H et al.. Cette revue résume la situation actuelle de l’utilisation des digues en caoutchouc dans différents pays et conclue que la digue en caoutchouc peut protéger efficacement les patients et les travailleurs dentaires et offrir aux patients une expérience plus professionnelle, sûre et confortable [26].

Dans la présente étude, beaucoup de dentistes ne demandaient pas aux patients de se rincer la bouche avec de la solution antiseptique avant le début du traitement. Ce résultat rejoint la proportion moyenne trouvée pour les dentistes des 30 pays. Selon la conclusion d’une méta-analyse conduite par Kelly N et al., à l’heure actuelle, des preuves de haute qualité sont insuffisantes pour suggérer que les rinçages oraux sont efficaces contre le SRAS-CoV-2. 

Bien qu’un certain nombre de lignes directrices aient suggéré l’utilisation de rince-bouche comme mesure prophylactique, celle-ci ne devrait pas être une alternative à un Equipement de Protection Individuelle (EPI) de haute qualité et à un contrôle rigoureux des infections croisées  [27].

D’après nos résultats, la peur de contaminer les membres de sa famille, était rapporté par 81,7% des répondants mais le pourcentage était significativement plus élevé chez ceux qui n’avaient que 5-10ans d’expérience dans le travail de dentisterie (91,0% à p<0,01). Ces résultats rejoignent la conclusion de Serota KS et al., en 2021 qui rapportait que les années passées dans la pratique dentaire et l’âge semblaient être des facteurs de protection contre le stress et la détresse perçus [28].

Notre étude présentait certaines limites. L’échantillonnage n’était pas fait de manière aléatoire ainsi les résultats peuvent ne pas être généralisés à tous les dentistes de Madagascar. De plus, il y a le design d’étude transversale qui ne permet pas de déterminer une relation de cause à effet mais uniquement de voir une association. Malgré ces limites l’étude a permis de constater les difficultés auxquelles les dentistes malgaches avaient été confrontés en ces temps de pandémie de COVID-19. On reproche aux enquêtes menées en ligne, à distance, leur difficulté   d’obtenir un échantillon représentatif et un taux de réponse adéquat. L’accès contrôlé à une liste nationale d’adresses électroniques de professionnels de santé pourrait apporter une solution. L’échantillonnage par convenance est non représentatif de la population d’étude et l’auto-reportage utilisé pour mesurer la peur est une technique de mesure pu fiable. Le design d’étude de type transversale choisi ne permettait pas d’assurer la relation de causalité.

Recommandations :

Nous suggérons de faire bénéficier tous les dentistes d’une formation pour les préparer  à faire face à des épidémies d’infections telles que le COVID-19.

Nous recommandons que de futures recherches utilisent des échelles de mesure de peur et de stress universelles à l’exemple de Fear of COVID-19 Scales (FCV-19) ; ou Indian Scale of Fear related COVID-19  (ISF-C19 scale) pour permettre des comparaisons internationales.

Nous conseillons la vaccination contre les infections qui menacent particulièrement la santé des dentistes telles que l’hépatite B, et le Covid-19 , particulièrement en ce moment d’épidémie non encore totalement maitrisée.

Contribution des auteurs :

Conception de l’étude : RSH; Méthodologie : RSH, JJR ; Supervision AR. ; Investigation : RSH.

Financement : cette recherche n’a pas bénéficié de financement externe

Remerciements : Nous sommes reconnaissants envers tous les dentistes pour leur précieuse participation à l’enquête. Nous remercions toutes les personnes qui ont aidé à la réalisation de cette recherche. 

REFERENCES 

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doi: 10.3390/ijerph182211813.PMID: 34831569

Stratégies expérimentées, visant à accroître le taux de couverture vaccinale dans les pays à faible et moyen revenus: revue systématique de littérature de 2016 à 2021.

Revue Sciences Santé | Non classé

Lethicia Lydia YASMINE1,2,4, Jeannot RANDRIANARIVONY 1,2,3, Rivomalala RAKOTONAVALONA, Antonin RAJABO1,2,3

1 Laboratoire d’Epidémiologie et Biostatistique en Santé de Populations (LabEBSP)

2 Ecole doctorale Nutrition-Environnement Santé (EDNES), Université de Mahajanga

3 IOSTM, Université de Mahajanga

4 Ministère de la santé, MADAGASCAR


RESUME :

Introduction : La vaccination constitue un moyen servant à protéger la population contre les maladies évitables par la vaccination. Les stratégies mondiales consistent à ne laisser personne sans vaccination. Toutefois, malgré tous les programmes mondiaux mis en place pour améliorer le taux de couverture vaccinale, de nombreux pays à faible et moyen revenus n’ont pas réussi à atteindre les objectifs fixés. Pour augmenter le taux de la couverture vaccinale, une synthèse des stratégies expérimentées par divers pays à faible et moyen revenus et ayant fait preuve d’efficacité a été menée.

Objectif : identifier les stratégies ayant montré leurs preuves d’efficacité pratique dans les pays à faible et moyen revenus.

Méthode : Il s’agit d’une revue systématique de littérature utilisant le guide PRISMA avec recherche d’articles scientifiques originaux et littérature grise sur PubMed, Google Scholar,. Les études interventionnelles fondées sur des donnés probantes menées dans les pays à revenus faible et intermédiaire ont été privilégiées pour la revue.

Résultats : Sur 467 articles identifiés, 23 ont répondu aux critères d’inclusion et ont constitué la revue. Ces articles de la revue, avec diverses designs d’étude expérimentale ont prouvé l’efficacité de plusieurs stratégies telles que : le renforcement des rappels du calendrier de vaccination par tous les moyens à disposition(SMS ou autres), l’application de mesures incitatives monétaires au bénéfice des acteurs et des bénéficiaires de la vaccination, l’intégration des services de vaccination dans tous les services accueillant les enfants (services de consultation externe, services de nutrition), la digitalisation du système de vaccination à travers une plateforme numérique et la participation communautaire.

Conclusion : L’utilisation de stratégies intégrées, multiples et variées et innovantes, est à préférer, permettra d’augmenter le taux des objectifs fixés en matière de couverture vaccinale.

Mots clés: couverture vaccinale, stratégies, efficacité, preuves, pays à revenus faible et intermédiaire

ABSTRACT :

Introduction: Vaccination is a way of protecting the population against vaccine-preventable diseases. The global strategy is to leave no one without vaccination. However, despite all the global programs implemented to improve the vaccination coverage rate, many low- and middle-income countries have failed to meet the goals fixed. To increase the rate of vaccination coverage, a synthesis of the strategies tested by various low- and middle-income countries and having demonstrated their effectiveness has been carried out.

Objective: to identify strategies that have demonstrated their practical effectiveness in low- and middle-income countries

Method: This is a systematic literature review using the PRISMA guide with scientific original and grey literature articles research on PubMed, Google Scholar. Evidence-based intervention studies conducted in low- and middle-income countries were preferred for the review.

Results: Among 467 articles identified, 23 met the inclusion criteria for the review. These 23 articles with different experimental study designs have proven the effectiveness of several strategies such as: the reinforcement of text or call reminders of the vaccination schedule. (SMS or other), applying monetary incentives, integration of vaccination services in all services welcoming children (outpatient services, nutrition services), the digitization of the vaccination system through a digital platform and community participation.

Conclusion: The use of integrated, multiple and innovative strategies will make possible to increase the rate of vaccination coverage.

Keywords: vaccination coverage, strategies, effectiveness, evidence, low – and middle-income countries


Comment citer cet article : YasmineLD, Randrianarivony J, Rakotonavalona R, Rajabo A.
Stratégies expérimentées, visant à accroître le taux de couverture vaccinale dans les pays à faible et moyen revenus: revue systématique de littérature de 2016 à 2021. Revue Sc. Santé 2022 ;(1)3

CONTEXTE :

Les maladies évitables par la vaccination chez les enfants, les adolescents, et les adultes représentent encore des causes majeures de morbidité et de mortalité notamment dans les pays à faible ou moyen revenu. Grâce au Programme élargi de vaccination (PEV), plus de 100 millions de nourrissons sont vaccinés chaque année, ce qui permet d’éviter chaque année des millions de décès d’enfants dus à des maladies évitables par la vaccination. [1]

La vaccination des enfants a ainsi permis le recul d’un grand pourcentage de certaines maladies évitables par la vaccination. Les pays à revenus faible et intermédiaire, présentent souvent des taux de couverture vaccinale faibles par rapport aux autres pays. La majorité de la population mondiale d’enfants dont la série de vaccinations est incomplète réside dans les pays à revenu faible et intermédiaire.  Plusieurs facteurs contribuent aux faibles taux de couverture vaccinale vaccins dans ces pays à revenu faible et intermédiaire : l’absence de soutien politique aux campagnes de vaccination, l’affectation de ressources plus importantes à d’autres problèmes de santé, ainsi que le manque d’éducation et de sensibilisation aux vaccins parmi les travailleurs de la santé et les parents, en particulier les mères. En  effet, selon les résultats d’une revue systématique de littérature, les auteurs, Ali HA et al., ont estimé que les enfants dont la mère n’avait pas d’éducation formelle avaient 27% moins de chances d’être complètement vaccinés que ceux dont la mère avait un niveau d’éducation primaire ou supérieur et que les personnes appartenant au quintile de richesse le plus pauvre avaient 27% de moins de chances d’être complètement vaccinées que celles du quintile le plus riche. [2].

Les auteurs avaient trouvé une image nuancée de l’inégalité de la couverture et de l’accès à la vaccination, la disparité des richesses dominant, et probablement à l’origine, d’autres disparités. Cette revue met en lumière le paysage complexe des inégalités et la nécessité de concevoir des stratégies de vaccination ciblant les sous-groupes manqués pour améliorer et récupérer la couverture vaccinale après la pandémie de COVID-19.

Plusieurs stratégies ont été testées pour améliorer les taux de couverture vaccinale mais une grand majorité de ces stratégies étaient réalisées dans les pays à revenu élevé où il a été démontré et prouvé que les systèmes de rappel et le rappel des patients dans les établissements de soins primaires sont efficaces pour améliorer les taux de vaccination [Jacobson et al] [3] et qu’a-t-on trouvé dans les pays à faible et moyen revenus?

Revue des revues :

Les résultats de la revue systématique de littérature menée par Aslam F et al., suggèrent que des stratégies spécifiques visant à réduire les inégalités pourraient être nécessaires pour améliorer l’utilisation des vaccins chez les enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire [36].[4]

Une autre revue systématique de littérature, menée par Oyo-Ita A ; enregistrée dans Cochran data-base en 2016 : avait pour objectif d’évaluer l’efficacité des stratégies d’intervention visant à renforcer et à maintenir une couverture vaccinale élevée chez les enfants dans les pays à faible et moyen revenus [37]. [5]

D’après les auteurs il est d’une importance capitale d’informer les parents et les membres de la communauté sur les bienfaits de la vaccination par le renforcement des séances d’éducation sanitaire dans les centres de santé d’un côté et de l’autre côté, de fournir des cartes de rappel de vaccination, et organiser des campagnes de vaccination régulières avec ou sans incitation des ménages. Les visites à domicile et l’intégration de la vaccination à d’autres services peuvent améliorer la couverture vaccinale des enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Toutefois, la plupart des preuves d’efficacité des interventions étaient de faible degré de certitude, ce qui implique une forte probabilité que l’effet réel des interventions puisse être sensiblement différent. Ils ont conclu qu’il est nécessaire de réaliser d’autres essais cliniques randomisés bien conduits pour évaluer les effets des interventions visant à améliorer la couverture vaccinale des enfants dans les pays à faible et moyen revenus.

Par ailleurs, depuis, de nouvelles technologies sont apparues, notamment des systèmes de données et des interventions en ligne (plateforme numérique de santé) ont été appliquées à la vaccination. Une revue actualisée des données probantes est donc justifiée.

Ainsi, le but de la présente revue systématique de littérature était d’identifier les stratégies qui ont prouvé leur efficacité à augmenter le taux de couverture vaccinale des enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire qui les ont expérimentées et en faire une synthèse.

II-METHODOLOGIE :

1. Méthode de recherche pour l’identification des études: Nous avions recherché dans les bases de données les études qui ont été menées dans les pays à revenus faible et intermédiaire sur les interventions pour améliorer le taux de couverture vaccinale de routine chez les enfants.

Une combinaison de termes de recherche a été utilisée dans chacune des bases de données. Les copies en texte intégral des articles identifiés comme potentiellement éligibles à l’inclusion ont été récupérées par l’encadreur. Ensuite, chaque article a été évalué indépendamment pour inclusion par le doctorant et l’encadreur. Un examinateur a évalué de manière indépendante, la pertinence de tous les titres et résumés. Lethicia Y et RN faisaient la recherche des articles chacune de  son côté ensuite les articles sont lus et les design d’étude utilisés ainsi que les résultats ont été dépouillés et analysés. Les doublons étaient éliminés ainsi que les articles publiés en dehors des années 2016 et 2021, ou qui ne traitaient pas directement le sujet. Les articles qui sont déjà des revues systématiques de littérature ou des méta-analyses étaient exclus.

Nous avons examiné les articles publiés en anglais et en français dans des revues à comité de lecture entre 2016 et 2021 qui évaluaient les interventions visant à améliorer la couverture vaccinale de routine dans les zones urbaines des pays à revenu faible ou intermédiaire.

2. Mots clés utilisés pour la recherche des articles originaux : La combinaison de mots-clés en utilisant les termes « AND » et « ET » ou encore « OU » était adaptées pour aider à mieux cerner le sujet : « immunization coverage AND improvement strategies » “couverture vaccinale ET strategies pour amelioration”. “Interventions For Improving Coverage Of Childhood Immunisation In Low- And Middle-Income Countries » ; « Effective strategies used for improving vaccines coverage in low and middle income countries »

3. Critères d’éligibilité des articles: Nous avions choisi de focaliser nos recherches notamment sur les articles scientifiques originaux, axés sur les études interventionnelles, les essais randomisés contrôlés (ECR), les essais contrôlés en grappes. Toutefois, nous avions considérés également les études de type AVANT-APRES, les  essais communautaires (quasi expérimentale) ; le time series study (études chronologiques), menés dans les pays à revenus faible et intermédiaire, engageant des enfants ou des parents ou du personnel de santé, ou des membres de communauté sociale.  Seule la vaccination humaine était considérée. Ont été pris en compte uniquement les articles publiés entre 2016 et 2021 de la part des pays à revenus faible et intermédiaire.

  • Langues de publication : seuls les articles publiés en langues française et anglaise ou fournissant des traductions en ces langues étaient pris en compte.
  • Critères d’inclusion et d’exclusion: Seules les études sur l’immunisation des enfants âgés de 0 à

24mois étaient considérées et dont les données concernent les différentes stratégies menées pour améliorer la couverture vaccinale de routine et qui ont trouvé de preuves de réussite. Les études qui ont été menées ailleurs que dans les pays à revenus faible et intermédiaire étaient exclues de la présente revue systématique de littérature, de même que les études écrites en d’autres langues que le français et l’anglais et également les études publiées en dehors de la période de 2016 à 2021.

6.  Mode de sélection des articles :

Deux examinateurs ont effectué une recherche documentaire dans PubMed et Google Scholar en suivant les directives PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Review and Meta-Analyses) [6]

7. Analyse des données : Nous avons résumé les principaux résultats de chaque étude et avions fait la synthèse des stratégies efficaces de chaque intervention. Nous (YLL & RN) avions indépendamment passé en revue les résultats de la recherche, lu et analysé les textes intégraux des articles éligibles, et éliminé ceux qui ne répondaient aux critères. Les divergences sur le choix des articles à inclure étaient résolues par consensus.

Méthode de tri des articles

Flow chart : méthodologie de sélection des articles adaptée de celle de Moher et al.

Synthèse des articles et des stratégies pour améliorer le taux de couverture vaccinal dans les pays à revenu faible et intermédiaire

N°réf1er auteurDescription des articlesStratégies expérimentéesConclusion des auteurs
AnnéeLieu d’étudeType d’étude  
[7]Uddin MJ2016BangladeshEtude Avant-Après : quasi-experimentale  Population d’étude : enfants de 0 à 11 mois des zones rurales difficiles à atteindre et dans des zones urbaines où vivent les habitants des rues. Logiciel « mTika » utilisé pour enregistrer la naissance de chaque enfant et rappeler aux mères les dates de vaccination à venir par des messages texte. Smartphones Android équipés de mTika fournis à tous les assistants de santé/vaccinateurs et superviseurs dans les zones d’intervention. Les mères ont utilisé des tél portables ordinaires qu’elles possédaient déjà ou qui appartenaient à leur famille. La couverture vaccinale avant et après l’intervention était évaluée.L’étude a démontré qu’une intervention par téléphone mobile peut améliorer la couverture vaccinale dans les communautés rurales difficiles à atteindre et dans les communautés urbaines de la rue au Bangladesh. Cette démonstration réussie à petite échelle devrait servir d’exemple à d’autres pays à faible revenu où l’utilisation du téléphone mobile est élevée.
[8]Xeuatvongsa A2016Lao People’s Democratic RepublicA quasi-experimental pilot studyTél portables et crédits pour tél fournis aux volontaires de la santé du village (VSV) et aux personnels de santé (PdS) pour évaluer si cela pouvait améliorer l’administration de l’HepB-BD, ainsi que la notification des naissances et l’augmentation des visites à domicile. Dix districts d’intervention sélectionnés où VSV et PdS formés, supervisés, ont reçu une indemnité journalière de sensibilisation pour effectuer des visites à domicile, et ont reçu des tél portables et des crédits téléphoniques. Une enquête postérieure à l’étude a comparé la couverture par l’HepB-BD des enfants nés pendant l’étude et des enfants nés un an auparavant.Nos résultats suggèrent que la fourniture de téléphones et de crédits téléphoniques pourrait être un facteur important d’augmentation de la couverture vaccinale. Cependant, les raisons de l’amélioration dans les deux bras sont multifactorielles et discutées.
[9]Brown VB2016Ibadan, Nigeria AFRIQUEcluster randomized controlled trial/essai controllé randomisé en grappe   LGA= Local Government Areas=unité d randomisationIntervention dirigée par une infirmière en santé communautaire. Les auteurs  ont évalué l’effet de l’intervention de rappel/rappel (R/R) et de la formation des prestataires de services de vaccination en soins de santé primaires (PHCIPT) sur l’achèvement de la vaccination de routine chez 595 nourrissons. Quatre LGA sélectionnées, randomisées pour recevoir un – tél cellulaire R/R seulement (A), – PHCIPT uniquement (B) ; – une intervention combinée R/R et PHCIPT (C) ou servir de groupe témoin (D). Enfants de 0 à 12 semaines recrutés dans chaque groupe et suivis pendant 12 mois. Principal critère d’évaluation: achèvement de la vaccination de routine à l’âge de 12 mois.En conclusion, le rappel par téléphone cellulaire s’est avéré efficace pour améliorer l’achèvement de la vaccination dans ce contexte nigérian. Son utilisation est recommandée pour une mise en œuvre à grande échelle.
[10]Habib MA2017Pakistana cluster randomised controlled trial (community-based three-arm cluster randomised trial) essai communautaire randomisé contrôlé en grappes à trois brasPopulation d’étud: enfants en bonne santé âgés de 1mois  à 5 ans habitant dans 3 districts ciblés par l’étude. Introduction du vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI) en combinaison avec le VPOral. Bras A : groupe témoin reçoit les programmes d’activités de vaccination polio de routine. Bras B : interventions supplémentaires avec des actions de proximité et une mobilisation de la communauté en utilisant un paquet de communication amélioré et en fournissant des services de santé maternelle et infantile préventifs à court terme et une vaccination de routine (campagnes de santé), y compris des VPO. Bras C : toutes les interventions de BMalgré les défis associés à l’objectif final de la poliomyélite dans les zones à haut risque et touchées par le conflit au Pakistan, une stratégie de mobilisation communautaire et de campagnes de santé et de vaccination communautaires ciblés pendant les campagnes de vaccination contre la poliomyélite a permis d’augmenter la couverture vaccinale, y compris celle contre la poliomyélite.  
[11]Wallace AS2017Nepalmatched analytical method/ méthodes d’analyse par appariementLes stratégies mondiales d’élimination de la rougeole et de la rubéole et d’éradication de la poliomyélite offrent la possibilité de renforcer les services de vaccination de routine (SVR) par des activités de vaccination supplémentaires (AVS).Lors de la mise en œuvre des AVS, il convient de se concentrer sur les activités qui sont facilement liées entre les AVS et les services de SVR, comme l’utilisation de la liste des villages à haut risque de l’AVS pour renforcer la micro planification du SVR et l’examen des moyens de minimiser l’impact d’une AVS sur la programmation des séances de SVR.
[12]Chandir S2017PakistanLes participants de Karachi, au Pakistan, ont été randomisés individuellement dans un essai de groupe de sept bras,mobile-based conditional cash transfers (mCCTs) étude factorielle ouverte avec : 5 bras (arm) mCCT1 bras un seul rappel (SMS) 1 bras servant de témoin  De petits mCCT (0,8 à 2,4 USD par visite de vaccination) peuvent augmenter le FIC(fully immunized child) à 12 mois et la couverture actualisée à 18 mois à raison de 23 USD par enfant supplémentaire complètement vacciné, dans des contextes où les ressources sont limitées comme au Pakistan. Les détails de la conception (certitude, calendrier et méthode d’exécution des TCM) comptent autant que le montant des paiements.
[13]Gibson DG2017Kenya,  a cluster randomised controlled trial.    Essai contrôlé randomisé par grappes : villages répartis de manière aléatoire et uniforme en quatre groupes: – gr témoin, – gr SMS seul, + 75 Kenya Shilling (KES) incitation – gr SMS + 75 Shilling Kenyan incitation, et – gr SMS + 200 KES Les participants des groupes d’intervention ont reçu des rappels par SMS avant les visites programmées de vaccination contre le pentavalent et la rougeole. Les participants des groupes d’incitation recevaient en outre de l’argent si leur enfant était vacciné à temps (vaccination dans les deux semaines suivant la date prévue). Soignants et enquêteurs n’étaient pas mis en aveugle.  Les enfants du groupe SMS plus 200 KES étaient significativement plus susceptibles d’être complètement vaccinés à l’âge de 12 mois (risque relatif 1-09, IC 95% 1-02-1-16, p=0-014) que les enfants du groupe témoin. Dans un contexte où les niveaux de couverture vaccinale de base étaient élevés, les rappels par SMS associés à des incitations ont amélioré de manière significative la couverture vaccinale et la rapidité de la vaccination. La proportion d’enfants complètement vaccinés (recevant le BCG, trois doses de vaccin antipoliomyélitique, trois doses de vaccin pentavalent et le vaccin anti-rougeoleux) à l’âge de 12 mois était le résultat principal et a été analysée à l’aide d’une régression log-binomiale et d’équations d’estimation générales pour tenir compte de la corrélation au sein des groupes.
[14]Nguyen NT2017VietnamPopulation d’étude: enfants nés dans la province de Ben Tre en septembre et octobre 2013, 2014 et 2015, Avant-intervention, Après-intervention et 1 an Après-intervention. Enquête rapide menée pour comprendre la volonté des parents d’enfants à vaccinés de payer pour recevoir des messages de rappel par SMS sur le calendrier de vaccination.Vietnam National Expanded Program on Immunization (NEPI) a piloté la mise en place d’un registre de vaccination numérique ImmReg, (digital immunization registry) Les données exportées d’ImmReg ont été utilisées pour comparer le taux d’immunisation, le taux d’abandon et la rapidité de la vaccination Avant et Après l’intervention.Un registre de vaccination numérique comprenant des rappels par SMS peut améliorer la couverture vaccinale et la rapidité de la vaccination, renforçant ainsi la qualité et l’efficacité des programmes de vaccination. L’intégration de ce système dans le système national d’information sur la santé et sa mise à profit pour d’autres programmes de santé, tels que la santé et la nutrition maternelles et infantiles, ainsi que la lutte contre les maladies infectieuses, peuvent apporter davantage d’avantages au système de santé vietnamien.
[15]Kazi AM2018PakistanRandomized controlled trial, essai randomisé contrôléPopulation d’étude : Nourrissons âgés de moins de 2 semaines et dont au moins un membre de la famille disposait d’un téléphone portable et était à l’aise pour recevoir et lire des SMS. Les participants ont été répartis de manière aléatoire entre : -le groupe d’intervention (soins standard + rappel par SMS à sens unique) et le -groupe témoin (soins standard).  Résultat attendu : comparer la proportion d’enfants vaccinés à jour à l’âge de 18 semaines. Les vaccins administrés à 6, 10 et 14 semaines comprennent le vaccin DPT-Hep-B-Hib (c’est-à-dire diphtérie, coqueluche, et le tétanos ; l’hépatite B ; et l’Haemophilus influenza type b) et le vaccin oral contre le poliovirus (OPV). Résultat : taux de couverture vaccinale de routine plus élevée dans le groupe d’intervention selon les analyses en ITT lors de la visite prévue à 6 semaines (76,0 % contre 71,3 %, p=.36). Des rappels par SMS automatisés, simples et à sens unique, en langues locales, pourraient permettre d’améliorer la couverture vaccinale de routine. L’amélioration de la couverture et de la ponctualité de l’IR doit être évaluée par des études plus puissantes et en comparant différents types et contenus de SMS dans les pays à faible et moyen revenus.
[16]Seth R2018Inde, milieu ruralEssai contrôlé randomisé/Randomized control trial .    Population d’étude: enfants≥24mois assignés au hasard à un groupe témoin ou à l’un des deux groupes expérimentaux. Envoi de rappels automatisés par téléphone mobile avec ou sans incitations, liées à l’observance pour les groupes expérimentaux. La couverture vaccinale a été analysée en utilisant une régression de Poisson multivariable. Une plateforme biométrique en nuage(cloud) a été utilisée pour l’identification positive, la tenue de dossiers pour tous les groupes et l’envoi de rappels automatisés par téléphone mobile, avec ou sans incitations liées à la conformité.La couverture vaccinale médiane à l’inscription était de 33 % dans tous les groupes et a augmenté: à 41,7 % (intervalle interquartile [IQR] : 23,1 %-69,2 %), 40,1 % (IQR : 30,8 %-69,2 %) et 50,0 % (IQR : 30,8 %-76,9 %) à la fin de l’étude dans le groupe témoin, le groupe avec rappels par téléphone mobile et le groupe avec incitations liées à l’observance, respectivement. Les incitations liées à l’observance sont une intervention importante pour améliorer la couverture et la rapidité des vaccinations chez les jeunes enfants dans des contextes où les ressources sont limitées.
[17]Oladeji O2019South Sudan  Etude interventionnelle communautaireSensibilisation des communautés à la nutrition et à la vaccination ; Intégration des services de vaccination dans les services de nutrition  L’étude avait montré que la couverture vaccinale s’était effectivement améliorée avec l’intégration dans les services de nutrition. Les enfants vaccinés en centres de nutrition étaient moins nombreux à manquer de Rendez-Vous=MOV (OR=0,27 ;IC95% :0,20 à 0,35 avec p<0,05)
[18]Domek GJ2019GuatemalaA randomized clinical trialParticipants éligibles : les nourrissons âgés de six semaines à 6 mois se présentant à la 1ère  visite de la série de primovaccination répartis de manière aléatoire et égale entre un groupe d’intervention et un groupe de soins habituels. Les participants à l’intervention ont reçu 03 rappels par SMS avant les 2ème  et 3ème  visites de vaccination. Principal résultat= ponctualité des 2ème et 3ème  visites de la série de primo vaccination. Sur 871 familles éligibles, 720 (82,7 %) ont participé; seules 54 familles ne possédaient pas de téléphone portable. L’achèvement des visites était indicateur de la couverture vaccinale globale.Les soignants de l’intervention étaient beaucoup plus susceptibles de vouloir recevoir des rappels par SMS pour les vaccins et autres rendez-vous et étaient plus disposés à payer pour ces rappels. Les soignants qui ont reçu des rappels par SMS dans les zones urbaines et rurales du Guatemala étaient moins en retard pour les visites de vaccination de leur enfant et se sont déclarés très satisfaits des utilisateurs. Les rappels par SMS peuvent être un outil efficace pour augmenter la couverture vaccinale des nourrissons dans les milieux à faibles revenus en rappelant aux parents de se faire vacciner. Dans l’analyse en intention de traiter, les
[19]Abhijit Banerjee2019IndeTwo Randomized Controlled Trials Using Gossips to Spread Information= Utiliser les commérages pour diffuser l’informationDans 521 villages de l’Haryana, les auteurs avaient fourni des informations sur les campagnes de vaccination mensuelles à des personnes choisies au hasard (dans certains villages) ou à des individus désignés par les villageois comme étant des personnes aptes à transmettre l’information (dans d’autres villages) sous forme de commérages.Les auteurs ont constaté que le nombre d’enfants vaccinés chaque mois est  de 22% plus élevé dans les villages où les nominés ont reçu l’information. La connaissance qu’ont les gens des individus hautement centraux et des bonnes semences peut être expliquée par un modèle dans lequel les membres de la communauté suivent simplement la fréquence à laquelle ils entendent des ragots sur les autres. Dans un 3ème  ensemble de données, les semences désignées sont centralisées et ne sont pas seulement celles qui ont beaucoup d’amis ou qui occupent des postes puissants.
[20]Johri M2020IndeCluster-randomized pilot trial3 stratégies : – santé mobile mHealth (capsule audio éducatives divertissant) – rappel vocal de vaccination via tél mobile – en présentiel (face à face) (3 rencontres en petits groupes) – groupe témoin : reçoit les services de santé habituels)Les interactions face à face restent nécessaires  pour atteindre l’équité et à la portée 7,4% pour mHealth et la communication pour le changement de comportement via les tél portables s’est avéré viable, et a contribué à la normalisation et à l’évolutivité  
[21]Pérez MC2020IndeA mixed methods evaluation of a pilot cluster randomized controlled trial(essai pilote randomisé, contrôlé en grappes).Tika Vaani intervention : 2 stratégies: a) mHealth (utilise des téléphones mobiles pour envoyer des rappels de vaccination et des messages audio) et b) la mobilisation communautaire (réunions en face à face) dans les villages indiens ruraux.Bien que l’intervention était évaluée dans le contexte d’un essai randomisé qui pourrait expliquer le haut niveau de fidélité obtenu, cette évaluation fournit des preuves confirmant que les résultats de l’étude reflètent la théorie sous-jacente. La plateforme mobile couplée à la mobilisation communautaire était bien accueillie par les participants et pourrait être un moyen utile d’améliorer les connaissances en santé et de modifier les comportements.
[22]Jusril H2020IndonesiaA large-scale effectiveness evaluation:L’évaluation à grande échelle fournit les moyens et les méthodes pour construire systématiquement les informations que les adoptants de programmes fondés sur des preuves recherchent lorsqu’ils décident quel programme fonctionnera pour eux, dans leur situation, et qui peut répondre spécifiquement à leurs besoins.Une plateforme numérique de santé introduite pour le suivi en temps réel d’une campagne nationale de vaccination en Indonésie était réalisable, bien appréciée et associée à une amélioration de la résolution des problèmes et des performances du programme, en particulier dans les districts touchés par l’hésitation à se faire vacciner.  
[23]Oyo-Ita A2021Cross River State, Nigeria  A cluster-randomised control trial LGA (Local Government Areas)=unite d’étude Une intervention à composantes multiples  Quatre LGA urbains et quatre LGA ruraux ont été randomisés dans les bras d’intervention et de témoin de l’étude. Les enquêtes de base, intermédiaire et finale ont permis de recueillir des informations sur les enfants âgés de 0 à 23 mois. Une intervention à plusieurs composantes impliquant la formation des chefs traditionnels et religieux a été mise en œuvre dans les quatre zones d’intervention.Une formation informelle visant à améliorer les connaissances des chefs traditionnels et religieux en matière de vaccination et leur rôle de leader peut leur permettre d’exercer une bonne influence sur la vaccination des enfants. Ils constituent des ressources inexploitées dans la communauté pour stimuler la vaccination de routine.
[24]Levine G2021Northern Ghana  A 3-armed cluster randomized controlled trial/ essai randomisé en grappe à 3 bras  Essai randomisé en grappes ouvert 1:1:1 avec trois bras dans 15 communautés randomisées Bras 1 : une intervention de rappel d’appel vocal= » rappel par appel vocal  » Bras 2 : une intervention de volontaires en santé communautaire (VSC) avec des récompenses incitatives = volet incitatif Bras 3 : témoin Dans le groupe  » rappel par appel vocal « , un membre du personnel de l’étude a appelé les mères, peu après la naissance pour les encourager à se faire vacciner et leur fournir des informations personnalisées sur les services de vaccination disponibles. Dans le volet incitatif (bras 2), les VSC ont encouragé la vaccination des nourrissons et informé les femmes ayant accouché récemment des possibilités de vaccination disponibles.Une enquête basée sur la population a comparé la couverture vaccinale entre les bras dans les périodes de pré-intervention et d’intervention. Dans l’analyse ajustée en intention de traiter, les rappels par appel vocal ont été associés à une augmentation de 10,5% (IC 95 % : 4,0, 17,1) de la couverture vaccinale dans les délais, tandis que les incitations par téléphone mobile ont été associées à une augmentation de 49,5% (IC 95 % : 26,4, 72,5) de la couverture vaccinale. Les interventions communautaires utilisant le téléphonie mobile peuvent améliorer la couverture vaccinale précoce en temps voulu. Une approche VSC avec des incitations pour les travailleurs communautaires et les soignants était une stratégie plus efficace que les rappels par appel vocal. L’impact des  » coups de pouce  » à la vaccination par le biais d’appels vocaux peut être limité dans les contextes où la couverture réseau et la possession de téléphones sont limitées.  
[25]Mekonnen ZA2021Northwest EthiopiaSuperiority Randomized Controlled TrialEssai contrôlé randomisé de supériorité à deux bras, en parallèle, mené dans 9 établissements de santé du nord-ouest d’Ethiopie. Randomisation appliquée dans les établissements de santé sélectionnés lors de l’inscription, avec un ratio d’allocation 1:1 en utilisant des enveloppes scellées et opaques. Le groupe d’intervention a reçu des rappels par SMS un jour avant les visites de vaccination prévues. Une approche d’analyse en intention de traiter était appliquée et un test unilatéral rapporté, compte tenu de la conception de supériorité de l’essai.Sur les 852 SMS envoyés automatiquement par téléphone mobile, 764 (89,7 %) ont été remis avec succès aux participants. Les rappels par SMS ont amélioré de manière significative la réception complète et en temps voulu de tous les vaccins recommandés. En outre, ils ont eu un effet significatif sur la réception en temps voulu de vaccins spécifiques. Ainsi, les rappels par SMS peuvent être utilisés pour compléter le programme de vaccination systématique dans des contextes où les ressources sont limitées. Compte tenu des différents contextes, il est recommandé de mener des études sur les difficultés de mise en œuvre des interventions de santé mobiles.
[26]Sebastian J2021Inde sudEtude interventionnelle prospective (2ans: 2016 à 2018) de type Avant- Après  Population d’étude: Professionnels de la santé invités à répondre à la 1ère section du questionnaire au début de l’étude et à nouveau trois semaines après l’intervention éducative. Aux mêmes moments, clinique de vaccination et zone de stockage des vaccins étaient observées afin d’évaluer les pratiques des professionnels de santé à l’aide de la 2ème  section du questionnaire. Parents venus (un parent par établissement de santé sélectionné) faire vacciner leurs enfants = recrutés après un consentement éclairé écrit, et la 3ème  section du questionnaire était utilisée pour évaluer la communication entre les professionnels de santé et les parents.L’éducation et la motivation continues, peuvent entraîner des changements de comportement positifs sur les meilleures pratiques de vaccination parmi les professionnels de la santé impliqués dans la vaccination, ce qui peut contribuer à améliorer et à maintenir la sécurité et la qualité de l’utilisation des vaccins dans les centres de vaccination, quel que soit le type d’établissement.
[27]Idris IO2021South Sudan  Retrospective intervention studyNous avons extrait les données relatives à la prise du vaccin pentavalent (1ère, 2ème  et 3ème  dose) administré aux enfants âgés de 6 semaines à 23 mois à partir des registres de vaccination de janvier à juin 2019 avant l’intégration des services de vaccination et de juillet à décembre 2019 après l’intégration des services de vaccination du site Web du système d’information sanitaire de district 2 afin d’estimer les ratios de prise vaccinale et les taux d’abandon.L’intégration de la prestation de services de vaccination dans les sites de nutrition et les services de consultations externes pour enfants a permis d’améliorer la couverture vaccinale et de réduire les taux d’abandon dans les comtés de Rumbek Est et Rumbek Centre au Sud-Soudan. Cette preuve d’impact positif devrait encourager les parties prenantes du Programme élargi de vaccination à se concentrer sur la durabilité et l’extension de cette intervention à d’autres comtés du Sud-Soudan, dans la mesure où cela est possible sur le plan logistique.
[28]Oladepo O2021Nigeria  Quasi-experimental design/ essai communautaire3500 mères de nourrissons réparties entre les groupes d’intervention et témoin. Des SMS de rappel ont été envoyés aux mères du groupe d’intervention pendant 10 mois. Le respect des dates de rendez-vous pour les vaccinations de routine et la réalisation de toutes les vaccinations étaient plus élevés dans le groupe d’intervention comparé au groupe témoin.Une association significative entre le respect des dates de rendez-vous et l’achèvement de la vaccination de routine était trouvée. Le groupe d’intervention avait un taux d’achèvement significativement plus élevé pour les vaccins contre la rougeole et la fièvre jaune par rapport au groupe de contrôle. Les interventions utilisant les SMS de rappel ont amélioré l’administration de la vaccination des nourrissons; nous recommandons de les étendre et de les intégrer au système de santé pour augmenter la couverture vaccinale nationale.
[29]Kagucia E2021KenyaEssai contrôlé randomisé individuel  Population d’étude: soignants; parents de nourrissons éligibles âgés de 6 à 8 mois ont été recrutés. Essai contrôlé randomisé individuel à 03 bras parallèles: bras 1= groupe témoin (sans intervention) bras 2 : 3 SMS de rappel envoyés 3 jours avant et 1 SMS avant la date du calendrier bras 3 : 2SMS + 150 shillings Kenyen incitatifs envoyés 3jours avant le calendrier de vaccination prévu. Visite à domicile de l’équipe de recherche quand l’enfant a 12 mois  pour vérifier et confirmer l’état de vaccinationLa couverture opportune du “Measles Containing Vaccin 1”(MCV1) était de 68% chez les nourrissons du groupe témoin, contre 78% dans chaque groupe d’intervention. Pas de différence significativement élevée, entre groupe témoin et bras 1 du RCT mais une augmentation statistiquement significative dans le groupe SMS + 150 KES (1,16; IC à 95 % de 1,01 à 1,32; p=0,035 ; 10,6 % ; IC à 95 % de 0,8 à 20,3 % ; p=0,034). Ces résultats suggèrent que l’effet des rappels par SMS couplés à une petite incitation monétaire inconditionnelle sur la prise du MCV1 est comparable à celui des rappels par SMS seuls sans incitation monétaire, ce qui limite leur utilité.

III-RÉSULTATS

La recherche systématique a identifié 468 articles parmi lesquels 23 étaint inclus dans la presente revue dont 09 études étaient menées en Afrique; 05 en Inde; 03 au Pakistan; 01 au Nepal; 01 Indonésie; 01 Guatemala; 01 Vietnam; 01 Bangladesh; 01 République démocratique populaire du Laos.

Parmi les 9 études de la région  Afrique, deux étaient menées au Soudan par Oladeji O et al; 2019[19]; et Idris IO et al., en 2021[27]; trois au Nigéria: par Brown VB et al., en 2016[9]; par Oyo-Ita A et al., en 2021[23] et par Oladepo O et al. en 2021[28]. Une étude était realisée au Nord du Ghana par Levine G et al., 2021[24]; deux études étaient menées au Kenya, en 2017 par Gibson DG et al.[13], et en 2021 par Kagucia[29], et la neuvième étude était menée en Ethiopie en 2021 par Makonnen ZA  et al.[25].

Cinq études étaient réalisées en Inde: par Shet A et al., en 2018[16]; parAbhijit Banerjee et al., en 2019 ; par Johri M et al., 2020; Pérez MC et al., en 2020; Sebastian J et al.,en 2021. Les trois études de Pakistan étaient de Chandir S  et al. , 2017, de Habib MA et al., 2017; et de Kazi AM et al., en 2018.

Les six études restantes étaient menées au Bangladesh par Uddin MJ   et al., 2016; au Nepal (Wallace AS et al., 2017); au Vietnam (Nguyen NT et al., 2017); au Guatemala (Domek GJ et al., 2019); et en Indonésie (Jusril H et al., 2020) 

Design d’étude: En somme, 07 études étaient des essai contrôlé randomisé en grappe (cluster randomized controlled trial) ; 07 autres étaient des essais contrôlés randomisés (Randomized trial) ; 04 études quasi experimentales=community trial; 03 Interventions AVANT-APRES ; 01 matched analytical study ; 01 large-scale effectiveness evaluation(évaluation de l’efficacité à grande échelle).

Les études décrivaient des interventions visant à augmenter l’utilisation, le taux d couverture vaccinale; et deux études visaient à améliorer à la fois la disponibilité et l’utilisation des services. Toutes les études ont fait état d’un changement positif dans leur indicateur de résultat primaire. Les études varient en ce qui concerne le type d’intervention évaluée, la conception de l’étude et la durée de l’évaluation de l’intervention.

Les interventions qui ont été expérimentées dans cette revue  étaient multiples.

– L’intégration des services de vaccination dans les services de nutrition (Oladeji O et al. au Sud-Soudan; [) ou dans les sites de consultations externes pour enfants (Idris IO, Sud-Soudan 2021;)[27] a eu des résultats positifs dans l’augmentation du taux de vaccination.

– Le renforcement des services de vaccination de routine (SVR) par des activités de vaccination supplémentaires (AVS) était positivement rapporté par l’étude de Wallace AS, au Nepal en 2017. Différents types d’interventions, de rappel des patients et des combinaisons de certains types d’interventions ont été notés.

Stratégies misant sur l’utilisation de téléphones portables pour les rappels de rendez-vous conforme au calendrier de vaccination prévu.

Treize publications sur 22(61,9% des articles) décrivaient l’impact des rappels de vaccination via tél mobile par SMS ou par message vocal (Uddin MJ, Bangladesh, 2016[7]; Brown VB, Nigeria 2016 ;[9];  Xeuatvongsa A, au Laos, 2016 [8]; Johri M, Inde 2020 [20]; Pérez MC, Inde 2020[21]; Mekonnen ZA, Ethiopie,2021[25]; Domek GJ, Guatemala 2019[18]; Levine, Ghana, 2021[24]; Gibson DG, Kenya, 2017 [13]; Chandir, Pakistan 2017[12]; Xeuatvongsa A, au Laos, 2016 [8]; Kazi AM, Pakistan, 2018[15] ; Oladepo O, Nigeria en 2021)[28].

Les interventions visant le changement de communication sociale (formation des chefs traditionnels et religieux en matière de vaccination;  (Oyo-Ita A 2021;Cross River State, Nigeria)[23]; L’éducation et la motivation peuvent entraîner des changements de comportement positifs (Sebastian J, Inde 2021) (Abhijit Banerjee (Gossip=commérages).[26];[19].

Interventions misant sur la formation  et l’engagement communautaire

  • l’engagement communautaire et l’intégration des campagnes d’immunisation à des campagnes de santé (interventions supplémentaires avec des actions de proximité et une mobilisation de la communauté /participation communautaire en utilisant un paquet de communication amélioré et en fournissant des services de santé maternelle et infantile préventifs à court terme) (Habib MA ; 2017 au Pakistan[ ; Abhijit Banerjee (Gossip)[19] ; Perez MC.[21], Inde(plateforme numérique couplé à la mobilisation communautaire) ; Oyo-Ita,  Nigeria [23] ; Levine G, Ghana[24];  (intervention volontaire avec incitation (récompence).

Diverses formes d’incitations:

  • Petits transferts monétaires conditionnels mobiles de montants, d’horaires et de conception différents (Chandir S, Pakistan 2017[12] ; Gibson DG, Kenya [13]; Kagucia E, Kenya [29]; Levine G ; Ghana(intervention de volontaires communautaires avec incitation monétaire)et rappel si réseau internet fonctionne [24].
  • Offre de téléphone mobile et de crédits aux agents de santé et volontaires qui s’occupent de vaccination (Xeuatvongsa A, au Laos, 2016)[8].

Disposer d’un plateforme numérique, registre numérique des vaccinations comprenant des rappels par SMS (Nguyen NT, Vietnam 2017)[14] ; Johri M, Inde(mHealth)[22] ; Seth R et al., Inde(plateforme biométrique)[16] ; Perez MC, Inde (mHealth=Tika) [21]; Idris IO, Soudan [27] (site web d’information sanitaire: intégration des services de vaccination dans les sites web de services de nutrition ou sites des services de consultation externes.

  • Plateforme numérique pour le suivi en temps réel d’une campagne nationale de vaccination (en Indonésie, Jusril H, 2020)[22] ou pour rappeler les dates de vaccination (Uddin MJ, Bangladesh 2017)[7]
  • Rappels par téléphone mobile + incitations (Gibson DG, Kenya [13]; Levine G, Northern Ghana. 2021 [24])

IV-DISCUSSION

Beaucoup de stratégies ont été expérimentées pour augmenter la couverture vaccinale mais la plupart des expériences ont été menées dans les pays industrialisés à revenu élevé. La présente revue systématique de littérature avait pour objectif principal de recenser toutes les stratégies testées dans le pays à faible et moyen revenus et qui ont fait preuve d’une certaine efficacité prouvée par des essais contrôlés ou par des essais communautaires. D’après les résultats, la stratégie la plus rapportée était basée sur les rappels utilisant pour la plupart le message téléphonique sous forme de texte ou vocal et appuyées ou non par des incitations financières. Ces stratégies ont déjà fait leur preuve d’efficacité dans les pays à revenu élevé. En effet, les rappels et les incitations par SMS (short message service) sont deux interventions qui se sont avérées efficaces pour diminuer les barrières de l’oubli, le manque de connaissances et les frais de transport. Les incitations financières quoique n’ayant pas eu la l’unanimité dans la présente revue, constituent une intervention importante pour améliorer la couverture et la rapidité des vaccinations chez les jeunes enfants dans des contextes où les ressources sont limitées.

L’application de ces interventions aux vaccinations pédiatriques de routine pourrait améliorer la couverture vaccinale et la rapidité d’exécution. Mais, la plupart des recherches disponibles s’appuient sur des données provenant de pays à revenu élevé. Jacobson Vann JC et al., ont mené une revue systématique de littérature ayant pour objectif, d’évaluer l’efficacité des systèmes des rappels des patients pour améliorer les taux d’immunisation, et comparer les effets de divers types de rappels dans différents contextes ou populations de patients. Les résultats ont en effet montré que tous les types de rappels ont été efficaces (cartes postales, lettres, appels téléphoniques ou appels automatiques), mais le téléphone étant le plus efficace mais aussi le plus coûteux. Les auteurs ont conclu que les systèmes de rappel et le rappel des patients dans les établissements de soins primaires sont efficaces pour améliorer les taux de vaccination dans les pays développés.[30] Dans les pays à revenu faible, le nombre de mères ou de familles possédant un téléphone portable peut être moins nombreux que dans les pays à revenu élevé. Et, dans ces pays, le réseau internet ne fonctionne pas toujours aussi bien qu’ailleurs surtout en milieu rural. Mais cette revue a toutefois démontré que lorsqu’on utilise ces moyens téléphoniques même dans les pays à faible revenu son efficacité est prouvée. En outre,

si on veut des résultats positifs, enlever toutes barrières à l’accès aux vaccins est la voie principale. La faible disponibilité et l’accès limité aux services d’immunisation constituent en effet une de ces barrières pour les pays à faible revenu.

-L’hésitation des mères à faire vacciner les enfants révèle d’un besoin de communication plus simple mais plus claire et rassurante sur les bienfaits des vaccins. Les mères ont besoin d’être informées. Dans la présente revue, l’impact positif de la participation communautaire est rapporté. Et cela rejoint la définition de la mobilisation sociale ou “social mobilization” de Ofosu-Amaah S et al., comme étant  une action collective pour atteindre le résultat souhaité [31]. Ainsi, furent suggérées comme mesures de communication à adopter de:

-renforcer la voix du personnel de santé dans la présentation du vaccin comme norme sociale.

– faire comprendre que la vaccination concerne tout le monde d’où les études insistant sur l’importance de la participation communautaire pour exhorter la mobilisation sociale autour de la vaccination.

Selon Cataldi JR et al., les stratégies visant à augmenter les taux de vaccination comprennent des interventions ayant un impact direct sur le comportement des médecins, les processus cliniques et de santé publique, les comportements des patients et les politiques. [32]. Dans cette revue fut également rapporté, par certains pays à revenus faible et intermédiaire, et expérimenté avec des résultats positifs, l’utilisation de moyen plus moderne de gestion des donnés mais également de rappels automatisés.

Selon Mouser A., les recherches futures devraient donner la priorité à la compréhension de ce qui fonctionne pour améliorer les taux de vaccination dans différents pays et pourquoi, en se concentrant sur l’amélioration de la base de données probantes pour les pays à revenu faible et intermédiaire [33].

Les limites de cette revue systématiques étaient de n’être intéressé que par les articles publiés en français ou en anglais et elle risque ainsi de perdre des données provenant des autres langues de publication et souffrir de biais d’information.

CONCLUSION :

Plusieurs stratégies ont été recensées dans cette revue de littérature et tester une stratégie unique ne sera pas suffisant pour augmenter le taux de couverture vaccinale, une combinaison de stratégies nous semble plus judicieuse pour de meilleurs choix.

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